L’archevêque de Libreville, Mgr Basile Mvé Engone

Dans une lettre datée du 8 mai, l’archevêque de Libreville s’adresse aux chrétiens à la veille de la marche pacifique contre les crimes rituels qui va avoir lieu dans la capitale gabonaise le 11 mai prochain. « venez participer massivement à cette marche dans un climat de prière fervente », a-t-il écrit.
Cette lettre conforte la position de l’Eglise catholique du Gabon face au phénomène déshumanisant des crimes rituels. En décembre dernier déjà, une journée nationale de prière contre les crimes rituels avait eu lieu en la solennité des Saints Innocents, le 28 du mois, instituée par la Conférence épiscopale du Gabon. Cela faisait suite à une décision prise au cours de la réunion de la Conférence Episcopale du Gabon de Janvier 2012 au cours de laquelle les évêques avaient fait une déclaration condamnant avec  » fermeté ces pratiques contraires à toute valeur humaine et chrétienne et invitant « à plus de solidarité, à plus de vigilance pour tous et surtout pour les plus vulnérables, afin de lutter efficacement contre ces pratiques. Il est inadmissible que les auteurs et les commanditaires de ces actes crapuleux demeurent presque toujours impunis ». Les évêques lançaient « un vibrant appel à tous ceux qui de près ou de loin s’occupent de la sécurité des personnes et des biens pour qu’ils assument pleinement leur mission et que justice soit faite. La vie est un don de Dieu, elle ne doit en aucun cas être détruite pour quelque avantage que ce soit ».
Le message de Mgr Basile Mvé au moment où l’Association de Lutte contre les Crimes Rituels (ALCR) s’apprête à diriger une grande marche de protestation rappelle bien que l’Eglise est inquiète mais aussi qu’elle nourrit beaucoup d’espoir dans la justice gabonaise et dans le respect de la vie que chacun peut cultiver en soi. « Dieu nous donne à tous la mission de développer, d’entretenir et de protéger la vie, car elle est sacrée », écrit le pasteur qui ajoute plus loin que « malgré toutes les dénonciations et les prises de position variées, le phénomène ne fait que prendre de l’ampleur, en aggravant l’insécurité de tous. Des vies sont détruites avec une extrême et une cruelle violence, sous prétexte d’assurer plus de réussite et de pouvoir aux commanditaires. La gravité, la récurrence de ce triste phénomène et le non aboutissement des enquêtes ternissent l’image de notre pays. Un silence prolongé ne peut que devenir complice et coupable ».
La marche aura lieu samedi à partir de 8h30, et elle partira du Rond Point de la Démocratie à la Présidence de la République.