La marche contre les crimes rituels aura bel et bien lieu demain samedi en présence de la Première dame du Gabon, de plusieurs leaders religieux et des familles des victimes. L’événement suscite un enthousiasme sans précédent, et beaucoup en attendent un engagement ferme du pouvoir politique pour que les commanditaires et les exécuteurs soient rattrapés et punis.
L’association de Lutte contre les Crimes Rituels et tous les regroupements d’hommes et de femmes mobilisés sur les médias et les réseaux sociaux depuis deux mois, sont sur le point de remporter une grande victoire dans le combat qu’ils mènent contre le phénomène des crimes dits rituels, c’est-à-dire des crimes à caractère fétichiste qui font la une des journaux de façon régulière et traumatisante depuis plusieurs années, avec une accentuation inquiétante au fil des années.
La marche qui débutera à 8h30 partira du Rond Point de la Démocratie pour atteindre la Présidence de la République. Les manifestants pacifiques vont traverser le Boulevard Triomphal, passer devant l’Assemblée Nationale comme pour interpeller les élus du peuple, longer le ministère des Affaires étrangères, parcourir le Boulevard du Bord de mer, virer par le feux de la Présidence, passer par la Grande mosquée Hassan II comme pour rappeler aux leaders religieux leur devoir de dénonciation.
A la Présidence, Jean-Elvis Ebang Ondo, Mgr Basile Mvé Engone, Sylvia Bongo Ondimba et tous les autres protestataires auront certainement en face d’eux Ali Bongo Ondimba qui a, par deux fois et en moins d’un an, instruit la justice et les forces de l’ordre et de sécurité à la vigilance et à la pratique pure et simple du droit. Ali Bongo Ondimba, il faut s’en souvenir, avait dénoncé avec vigueur le phénomène au cours du colloque de l’UNESCO qui s’était tenu à Libreville en juillet 2005 sur « les crimes rituels », il était alors ministre de la défense nationale. Aujourd’hui, Chef de l’Etat, il est attendu dans la lutte contre un phénomène qui a le malheur de présenter le Gabon à l’extérieur comme une nation où « les sorciers, ces perfides trompeurs » ne sont pas châtiés et chassés comme le réclame l’hymne national la Concorde.
La sensibilisation a atteint toutes les classes sociales et tous les milieux ces derniers temps. Mgr Basile Mvé Engone, archevêque de Libreville, a invité les chrétiens à cette marche dans une lettre datée du 8 mai dernier. Il devrait lui-même marcher aux côtés de Sylvia Bongo Ondimba qui a d’ailleurs expliqué les raisons de sa participation dans un libre-propos paru dans le quotidien L’Union de ce vendredi.
La Première Dame indique que « en tant qu’être humain, je ne peux rester insensible à ces atrocités, à la douleur qu’elles engendrent, au désarroi des familles, à ce sentiment d’impuissance et d’injustice qui les habite et laisse des traces indélébiles. Ces actes sont humainement inacceptables et nous interpellent tous. Il est de notre devoir de préserver la dignité humaine », puis que « Notre combat contre ce fléau, nous le menons pour les générations futures, sans considération politique, ni ethnique. En luttant aujourd’hui contre les crimes rituels et d’autres maux qui touchent notre société, nous nous assurons de léguer à nos enfants une société plus juste, plus solidaire et plus responsable ».
Il faut rppeler que le ministre de l’intérieur, soutenu par le Premier ministre quelques jours plus tard, avait refusé une première autorisation pour ue marche pacfique sous-prétexte que la loi ne reconnaissait pas le crime rituel. Une explication reprise par le Commandant en chef de la police devant la presse quelques jours plus tard. Et c’est au lendemain de la rencontre entre Sylvia Bongo Ondimba et l’ALCR que le ministère de l’intérieur avait accepté que la marche ait bien lieu. Il faut croire que cette présence de Sylvia Bongo Ondimba peut également influencer la position de l’exécutif et du législatif dans la nécessité de reconnaître dans le code pénal la terminologie de « crime rituel », puisque déjà celles d’anthropohagie ou encore de « reste humain » y sont conidérées.