Le président Ali Bongo Ondimba s’est adressé aux milliers de participants de la marche contre les crimes rituels, arrivés au terme d’un parcours de 6 km devant le palais présidentiel.
Renforcement de la présence et des moyens de la Police, accélération du cours de la justice « notre rempart à tous », appel à une modification du Code pénal pour qu’auteurs, complices et commanditaires soient promis à la prison à perpétuité sans remise de peine : le chef de l’État dit ‘stop’, « les barbares ne gagneront pas, les barbares de l’emporteront pas ».
Le peuple du Gabon était dans la rue ce samedi pour une mobilisation sans précédent, un cri collectif de dégoût devant l’irrationnel, pour exprimer sa révolte face à aux assassinats atroces qui forment la chronique d’une terreur nationale.
Parti du rond-point de la Démocratie, le cortège extrêmement dense, tantôt recueilli, tantôt bruyant de colère, a rejoint le bord de mer pour se diriger ensuite vers le palais présidentiel où une estrade avait été dressée. Là, debout, droit, tendu par la détermination et porté par l’énergie de tous, Ali Bongo Ondimba a prononcé des mots pour l’histoire : « Votre mobilisation est un cri de colère et de douleur, en même temps qu’un formidable espoir. Espoir dans notre capacité à nous indigner et à dire ‘Non’. Espoir dans notre capacité à relever la tête et à dire ‘Stop’. Il n’y aura pour les assassins, comme pour les commanditaires, aucune forme de clémence. Nous devons bouter l’impunité hors de nos mentalités et hors de notre pays ».
La responsabilité et l’action
Organisée par l’Association de lutte contre les crimes rituels et les communautés religieuses, autorisée in fine par le ministère de l’Intérieur, la marche a mêlé les pas et les chants de tous les Gabonais unis dans un chœur triste et indigné. Trop de vies volées, de corps dépecés, d’organes humains prélevés.
Le supplice doit prendre fin : « Les barbares ne l’emporteront pas » a prévenu le président de la République. Un langage de fermeté au diapason du discours de condamnation tenu l’avant-veille par l’archevêque de Libreville « ces crimes honteux et crapuleux » et par le président du Conseil supérieur des affaires islamiques « ces pratiques relevant d’un autre âge », tous deux associés à la marche populaire comme également Sylvia Bongo Ondimba, la première dame engagée « à titre personnel, libre et sincère dans un combat pour les générations futures, pour préserver la dignité humaine ».
Lutter, mais comment ? Premier axe, la sécurité. Le président gabonais souligne que « la peur de l’uniforme doit à nouveau gagner les esprits malfaisants. La Police doit être plus présente dans les quartiers ». « Nous devons également faire évoluer notre législation. Je demande par conséquent au Parlement de mettre à la disposition du Gouvernement tout l’arsenal législatif nécessaire, et de procéder aux ajustements budgétaires qui s’imposent, pour une plus grande efficacité de nos forces de police et de gendarmerie ».
Une justice équitable
Plus que jamais attentif aux inquiétudes du corps social, à ce sentiment « que la justice est sourde à la douleur, que la justice ne frappe et ne punit que les voleurs de poules », Ali Bongo Ondimba dit haut et fort « cela ne peut plus continuer ». « Car la justice doit être notre rempart à tous », le miroir de l’égalité que l’on soit riche ou pauvre, sans géométrie variable. Et de demander au Parlement « de doter les juridictions de moyens budgétaires conséquents, et de faire en sorte que les délais d’enquête et de jugement soient raccourcis ». Pour les auteurs de crimes de sang à but fétichiste, « aucune circonstance atténuante, aucune forme de clémence ».
La perpétuité sans remise de peine
Appelant enfin ses compatriotes à s’unir pour vaincre la peur et combattre les criminels, auteurs et commanditaires, prenant la mesure de l’effroi national, le chef de l’État demande au Gouvernement et au Parlement de procéder, avant la fin de la session des lois en cours, à la modification des dispositions du code pénal. « Les auteurs des crimes de sang avec prélèvement d’organes devront encourir la condamnation à perpétuité, sans aucune possibilité de remise de peine. Ces mêmes peines seront appliquées aux complices et aux commanditaires éventuels ».