La marche interdite d’une association contre les crimes rituels au Gabon organisée au quartier Nzeng-Ayong dans le 6ème arrondissement de la commune de Libreville, a tourné à l’affrontement entre policiers et manifestants.
Alors qu’une marche pacifique publique regroupant plusieurs association et Ong, dont la Fondation Sylvia Bongo Ondimba aux cotés de l’Association de Lutte contre les Crimes Rituels (ALCR) et des communautés religieuses du Gabon, autorisée par le ministère de l’Intérieur pour ce samedi, une autre association se réclamant d’être à l’initiative de ce rassemblement a préféré mené sa lutte seule au quartier Nzeng-Ayong, ce matin.
« On nous a suggéré de nous joindre à l’autre marche qui va du Rond-Point de la Cité de la Démocratie à l’esplanade de la Présidence de la République, ce que nous avons refusé. C’est nous qui avons initié la marche en contactant l’ALCR afin qu’elle nous accompagne dans notre mouvement du fait qu’elle soit une association reconnue », a expliqué Annie Léa, l’une des responsables de la marche interdite.
« Pourquoi on autorise l’autre marche et pas la notre? » s’est -t-elle interrogée en assimilant cela à une politique de « deux poids, deux mesures », alors que le but visé est le même.
Rassemblée au Rond Point de Nzeng-Ayong, avant de lancer la marche, les leaders de cette association, après de longues négociations avec les forces de l’ordre, ont décidé de braver l’autorité policière en organisant une marche avec à sa tête trois activistes de la société dont le plus célèbre est Marc Ona, prix Goldman pour l’environnement
Aussitôt lancée, la marche a été stoppée nette par la police qui veillait à l’ordre public. Il a fallu donc à la police de recourir à la force en utilisant des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Outrés et frustrés, quelques uns de ces manifestants ont réagi par des actes de violences sur la voie publique, fortement perturbée au niveau du Rond-Point de Nzeng-Ayong.
Joint au téléphone depuis Tchibanga (chef lieu de la province de la Nyanga), le Ministre de l’Intérieur qui a condamné ces actes a déclaré que : « Cette marche sollicitée par une association non reconnue a été interdite. Nous ne pouvons pas accordé plusieurs marches pour un seul but, c’est pourquoi nous avons conseillé à toutes les associations ayant manifesté le désir de marcher de se joindre à la marche dite officielle ».
Pour le Ministre de l’Intérieur, Jean François Ndongou, la marche illicite vise simplement à semer le trouble et boycotter la marche officielle conduite par l’ALCR.
Il faut rappeler que le but visé par l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR) en organisant la marche contre les crimes rituels, véritable fléau au Gabon, était de remettre un mémorandum au Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba en souvenir de toutes les victimes des crimes à caractère fétichiste Gabon.
La marche qui était initialement prévue le mois dernier et interdite par le ministère de l’Intérieur, a finalement eu lieu ce samedi. Elle a enregistré la participation de la première Dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba qui a justifié sa présence dans un libre-propos paru dans L’Union de vendredi 10 mai.
Au Gabon, la pratique des crimes rituels plonge la société gabonaise dans un climat de peur et d’insécurité. Plusieurs personnes sont régulièrement retrouvées mortes et mutilées. Les auteurs des ces crimes prélèvent la langue, les organes génitaux, la main ou même les yeux. Les organes prélevés sont désignés sous le nom de code « pièces détachées » servant à fabriquer des amulettes censées procurer un pouvoir pour accéder à des hautes fonctions de l’Etat où s’y maintenir.