Organisée le samedi 11 mai en marge de celle initiée par la Première Dame, Sylvia Bongo Ondimba, la marche de Nzeng-Ayong en faveur de la lutte contre les crimes dits rituels a tourné court, occasionnant quelques arrestations et une sortie de l’Union nationale.
A 12 heures, un véhicule pick-up de la Police nationale s’est brusquement arrêté en milieu de chaussée au «Carrefour GP» de Nzeng-Ayong empêchant ainsi les manifestants de prendre la fuite. Selon certains riverains interrogés sur place, le petit groupe revenait du «Rond-point» de Nzeng-Ayong où il avait commencé à manifester pacifiquement, à la fois pour appeler à l’intensification de la lutte contre les crimes rituels que pour dénoncer la marche initiée, pour le même objectif, par Sylvia Bongo Ondimba cette même journée.
«Quand nous avons commencé à marcher, les policiers ont lancé des gaz lacrymogènes et dans la confusion, ils ont arrêté trois personnes», dont le porte-parole du collectif Ca suffit comme ça, Georges Mpaga, a déclaré à l’AFP Marc Ona Essangui, président de l’ONG Brainforest. Dans le feu de l’action, Yves-Laurent Ngoma, le célèbre reporter local de RFI, venu couvrir l’évènement, a été interpellé et amené avec Georges Mpaga, Blanche Simonny Abegué, Junior Tchissambo et Auguste Eyené, des membres de la société civile gabonaise. Le journaliste sera finalement relaxé alors que les alter-manifestants, conduits ensuite à la base de la Force de police d’intervention (Fopi), resteront aux arrêts jusqu’à deux heures du matin.
L’intervention de la police au «Carrefour GP» serait consécutive à un non respect des procédures administratives inhérentes à toute manifestation populaire : les organisateurs de la marche alternative n’auraient pas obtenu, du ministère de l’Intérieur, l’autorisation d’organiser leur manifestation. On note cependant que Blanche Simonny Abegué était signataire de la demande de marcher introduite par l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR) au ministère de l’Intérieur.
La commission communication de l’Union Nationale, parti politique dissous et passé à la semi-clandestinité, n’a pas manqué de publier un communiqué à la suite de l’interpellation de Georges Mpaga, Blanche Simonny Abegué, Junior Tchissambo et Auguste Eyené. Et d’indiquer que «l’Union nationale dénonce le caractère arbitraire de ces arrestations qui visent essentiellement des personnalités de la plate-forme «ça suffit comme ça» et d’autres membres de la société civile qui ont refusé d’apporter leur caution morale à la marche organisée, dans le même temps et à grand renfort de tapage médiatique, par la présidente d’honneur du mouvement des femmes du Parti Démocratique Gabonais (PDG), Sylvia Bongo. L’Union Nationale exige une explication claire des responsables de ces arrestations arbitraires.»
Revenant à l’objet de la marche, le communiqué indique que «l’Union nationale exprime sa solidarité avec toutes les familles victimes de «crimes rituels» et plus largement tous les Gabonais en lutte pour le respect du droit à la vie, contre la banalisation des pratiques fétichistes et l’impunité au Gabon.» Et de rappeler que «la marche prévue le 13 avril dernier par les organisations de la société civile fut interdite par le ministère de l’Intérieur au motif qu’elle donnerait une mauvaise image du Gabon. Elle souligne que la quasi-totalité des commanditaires supposés dont les noms ont été cités par les exécutants de ces basses œuvres sont des militants du Parti Démocratique Gabonais. Elle rappelle que certains des membres du gouvernement ou du Parlement actuels ont été cités sans que cela ne soit suivi d’effet. Elle dénonce donc la tentative d’instrumentalisation de la colère des Gabonais et de banalisation de ce phénomène d’un autre âge par le pouvoir établi.»