Comme promis, la Première dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba, a battu l’asphalte, le samedi 11 mai 2013, pour manifester contre les crimes rituels qualifiés de fléau au Gabon.
Organisée par l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR), cette manifestation a fait couler beaucoup d’encre et de salive, notamment du fait qu’au départ, elle avait été refusée par les autorités du pays, notamment le ministre de l’Intérieur, qui a finalement procédé à un revirement de 180 degré en autorisant cette marche. Ce, sans doute parce que la Première dame du Gabon, Sylvia Bongo, avait entretemps reçu en audience le président de l’ALCR, Elvis Ebang Ondo, et a décidé de participer à cette manifestation, beaucoup plus en tant que citoyen, pour dire son refus à la barbarie de ce type de crimes.
Ainsi, ce samedi 11 mai dans la matinée, des milliers de personnes, brandissant des pancartes, des photos, des banderoles avec l’effigie du président Ali Bongo et arborant des tee-shirts sur lesquels étaient inscrits des dénonciations, des mots d’ordre ou des engagements, ont pris part à cette marche pacifique contre les crimes rituels. Selon les chiffres avancés par les médias publics, la manifestation a enregistré près de 5000 personnes. Ce qui ne saurait étonner quand on sait que le Parti démocratique gabonais a battu le rappel des troupes, notamment les danseuses des groupes dits socioculturels, de même que les églises ont rameuté leurs fidèles.
Partie du Rond-point de la Démocratie dans le deuxième arrondissement, la marche comptait en son sein les membres des familles des victimes donc celle du président de l’ALCR, mais aussi du Camerounais, Amadou Yogno, assassiné et dépecé près de Ndjolé, dans la province du Moyen-Ogooué. On notait également la présence des leaders de certains partis politiques dont ceux de l’Union des Forces du Changement (UFC) conduit par Louis Gaston Mayila, de même que les responsables des confessions religieuses.
La procession a marqué une halte au niveau de l’Assemblée nationale où, reçue par Guy Nzouba Ndama, le président de cette chambre du parlement, à qui Sylvia Bongo Ondimba a transmis un mémorandum portant sur les crimes dits rituels. Un document à travers lequel, les manifestants contre les crimes rituels au Gabon appellent les parlementaires à prendre leurs responsabilités et à s’impliquer davantage dans la recherche des voies et moyens pour éradiquer ce phénomène. Le vote de nouvelles lois contre les crimes rituels dans le pays est notamment été suggéré dans le document.
Le groupe a ensuite poursuivi sa marche passant par le ministère des Affaires Etrangères, le boulevard du bord de mer, les feux tricolores de la Présidence pour atteindre l’esplanade de la grande mosquée Hassan II. Là, le président de la République, Ali Bongo Ondimba, a reçu la longue cohorte à son tour. Il lui a également été remis un mémorandum comportant des propositions pour que les crimes rituels soient dorénavant punis avec la plus grande fermeté au Gabon. Ce qui devrait permettre aux familles des victimes de voir la justice faire son travail et punir les coupables et leurs commanditaires, dans les meilleurs délais.
L’Archevêque de Libreville, Monseigneur Basile Mve Engone, a quant à lui demandé l’implication personnelle du président de la République dans ce dossier en précisant qu’il reste ouvert à un éventuel échange avec le numéro un gabonais. De son côté, Ali Bongo Ondimba a déclaré: «mon engagement contre la barbarie n’est pas un fait nouveau. J’ai moi-même parrainé en 2005, alors que j’étais ministre de la Défense, une rencontre organisée par l’Unesco contre les crimes rituels en Afrique centrale. Les crimes qui ont été commis n’auraient jamais du être restés impunis et ils ne le resteront pas. Je veux dire haut et fort, que tous ceux qui ont enlevé la vie à autrui seront punis avec toute la rigueur de la loi». La prison à perpétuité a même évoquée par le chef de l’Etat pour ceux qui se révéleront coupables de crimes rituels.