L’affaire, qui remonte à mars dernier, a longtemps alimenté le «kongossa» dans les rues de Libreville. C’est la triste histoire de Danielle, Gabonaise, passée à tabac à l’ambassade du Togo. Retour sur ce qui aurait pu être un conflit diplomatique.
Pourquoi revenir maintenant sur cet incident, alors qu’il date de deux mois ? Il ne s’agit pas ici de raviver les braises de ce drame mais d’éclairer l’opinion sur les dessous de cette affaire, restée sans suite à ce jour. D’autant plus que la victime s’est confiée à gabonedito.com, en réaction aux rumeurs selon lesquelles son silence aurait été acheté pour camoufler cette affaire qui pourrait mettre à mal les relations diplomatiques entre le Togo et le Gabon.
Selon gabonedito.com, la victime explique qu’en allant déposer son enfant à l’école, elle a aperçu une jeune togolaise en détresse, résidant dans le même quartier qu’elle, à Melen. Atteinte du VIH, elle a sollicité l’aide de Daniella et était sur le point d’être expulsée de son habitation par son bailleur, faute de moyens financiers. Daniella a décidé de l’emmener à l’ambassade du Togo, après avoir déposé son enfant à l’école. Elles ont été reçues par l’ambassadeur qui, après s’être informé de l’état de santé de la Togolaise, a tenté de joindre les parents de celle-ci par téléphone, en vain. Après moult tractations, l’ambassadeur s’est résolu à renvoyer Daniella et la ressortissante togolaise, invoquant que son institution n’est pas habilitée à prendre ce genre de cas en charge. Et Daniella de rétorquer que la Togolaise était mise dehors par son bailleur. «Qu’on la mette dehors, elle cherchera ses parents», aurait répondu le diplomate.
Au quartier, Daniella a constaté que la Togolaise venait passer la nuit à sa terrasse, et que son état de santé se dégradait considérablement. La jeune Gabonaise, dans un élan humaniste et solidariste, a pris la Togolaise pour l’amener à l’hôpital. Mais, du Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL) à l’hôpital de Nkembo en passant par celui de Melen, la voisine de Daniella n’a jamais été acceptée, faute de places, leur a-t-on dit. Et alors que l’état de santé de la malade se dégradait, Daniella a pris l’initiative de la reconduire à l’ambassade du Togo. En cours de route, la ressortissante est malheureusement décédée. Qu’à cela ne tienne, la bonne samaritaine est allée au bout de son initiative. Une fois à l’entrée de l’ambassade, les agents ont pris le corps et bloqué Daniella et le voisin du quartier qui les avait accompagnées. Si ce dernier a pu s’échapper, la femme au bon cœur, elle, a été trainée et battue. Les agents ont voulu poursuivre le voisin de Daniella, mais l’ambassadeur a lancé : «laissez cet homme partir, c’est cette pétasse (en parlant de Daniella) qui s’est d’abord présentée ici avec cette malade la semaine passée». La jeune Gabonaise affirme avoir reçu des coups de la part du diplomate togolais.
Sa fille relâchée, la mère de Daniella a décidé de porter plainte à l’ambassadeur du Togo au Gabon. Or, la police judiciaire (PJ), qui s’est dit incompétente sur cette affaire, a orienté la plaignante vers le ministère gabonais des Affaires Etrangères. Une plainte a été déposée, mais jusqu’à ce jour, Daniella n’a jamais été convoquée pour s’expliquer. On imagine bien que la sensibilité d’une telle affaire nécessite un traitement particulier. A moins que le dossier n’ait été simplement et purement classé sans suite.