une vue des responsables du ministère de l’économie, de l’emploi et du développement durable
Luc Oyoubi, ministre gabonais de l’économie, de l’emploi et du développement durable, est revenu sur les inquiétudes suscitées autour de la question des prix des carburants avec la suggestion qu’ont faite les institutions financières internationales de suspendre les subventions des produits raffinés, la question de la cherté de la vie et aussi celle de l’environnement actuel des affaires. De cet exercice, il ressort que le gouvernement reste fixé sur l’amélioration des conditions de vie et d’existence des populations gabonaises.
Sur les questions des subventions des produits raffinés, Luc Oyoubi est revenu sur les propositions faites par le Fonds Monétaire International de reformer les subventions énergétiques. Dans un document publié par l’institution en janvier 2013, il est dit que « la récente flambée des prix énergétiques internationaux, conjuguée à sa répercussion incomplète sur les prix intérieurs, a suscité des appels à l’élimination progressive des subventions à l’énergie. Les prix internationaux de l’énergie ont nettement augmenté au cours des trois dernières années, à l’exception du gaz naturel. Pourtant, nombre d’économies à faible revenu et à revenu intermédiaire ont été réticentes à ajuster leurs prix énergétiques intérieurs pour refléter ces augmentations». Le FMI ajoute que « Les subventions à l’énergie ont des conséquences économiques très variées. Les subventions aux dépenses aggravent les déséquilibres budgétaires et évincent les dépenses publiques prioritaires ainsi que les investissements privés, notamment dans le secteur énergétique ». Il semble donc que si les prix internationaux continuent d’augmenter, les risques budgétaires seront plus accrus pour les économies africaines notamment. Face à cette situation le Gabon entend tout de même faire le choix le plus profitable pour la population. Car la réforme s’est souvent révélée difficile au point de déclencher de graves crises sociales, souligne le FMI. En témoigne notamment l’expérience nigériane. Il n’est donc pas encore question de suspendre ces subventions, de nombreuses concertations et analyses devant être conduites.
Sans hésitation aucune, le ministre de l’économie a affirmé que l’environnement des affaires au Gabon est bien plus propice à l’investissement que ne tentent de le faire croire certaines agences internationales. Selon lui, les opérateurs économiques ne se plaindraient pas des conditions que leur imposent l’Etat. Seule la question de l’emploi occasionnerait quelques discussions avec le gouvernement, vu que celui-ci a des objectifs dans ce domaine.
A propos de la vie chère, Luc Oyoubi a rappelé que le Gabon a enregistré un taux d’inflation de 2,6 %, imputable au premier semestre 2012. Un taux qui devrait donc être revu à la baisse cette année alors que les pays de la sous-région CEMAC sont en moyenne à 3,5 % et que l’Afrique dans sa globalité est à 8,2%. Il y a donc un effort selon le ministre de l’économie. Mais un effort qui ne touche pas réellement les populations puisque la baisse des prix est appliquée dans certains magasins et seulement dans certaines localités. La Direction générale de la Concurrence étant très peu outillée pour faire appliquer les prix homologués à travers le territoire, ce sont les Gabonais qui continuent de voir leurs assiettes se vider. Il faut ajouter à cela l’inflation qui touche les produits locaux. Selon le ministre, il y a une obligation de soutenir les agriculteurs et autres éleveurs nationaux et en même temps un besoin de maintenir à des prix acceptables ces produits. Pour l’instant, en attendant l’aboutissement d’une réflexion engagée depuis quelques temps, les prix du manioc, du tarot ou de la banane continuent de grimper.
La subvention qui a permis de ramener à des prix plus bas certains produits de première nécessité a coûté 11 milliards à l’Etat en 2012. La subvention a été maintenue cette année mais il est bien évident que le gouvernement va devoir mettre un terme à cette politique. Il suggère donc de mettre en place d’autres mécanismes qui devront permettre de maintenir l’équilibre souhaité.
Des explications claires donc de la part du ministre de l’économie, de l’emploi et du développement durable, qui a regretté par ailleurs qu’une enquête programmée sur l’emploi, après celle de 2010, n’ait pas pu avoir lieu, faute de financement.