Visité par le président de la République le samedi 18 mai dernier, le pont sur le Komo n’a pas encore fini de causer des difficultés aux voyageurs. Toujours impraticable, le pont réfectionné par des ingénieurs italiens est aujourd’hui sujet à de multiples supputations de la part des habitants de Kango qui entretiennent à son sujet des histoires aussi cocasses qu’incroyables. «Les esprits du fleuve Komo ne veulent pas».
En effet, si le pont endommagé en février dernier a suscité aux premières heures un certain nombre de rumeurs aussi invraisemblables qu’irrationnelles, c’est que la plupart des habitants de Kango et même quelques «hommes avertis» voient d’un mauvais œil les travaux engagés sur le pont et le déni des autorités à prendre conscience des différentes «étapes à respecter avant d’entreprendre de telles initiatives». Bertrand O., homme d’un certain âge rencontré lors de la traversée du Komo sur le bac, prétend que «des vieux du village savent pourquoi le pont n’est toujours pas livré malgré l’arrivé du président».
Pour cet homme, l’échec de la livraison du pont qui aurait dû se faire la semaine dernière aurait des causes «mystiques» que de «simples humains» ne sauraient comprendre. «On nous raconte qu’il y a eu un petit incident après le passage d’Ali Bongo, mais c’est faux ! On ne nous dit pas tout», a-t-il lancé avant d’ajouter : «Ce sont les esprits de ce fleuve qui ne veulent pas. Ils demandent quelque chose». En effet, interrogeant un ouvrier sur le site, il est apparu qu’un «léger incident» se serait produit après le départ du président de la République des lieux : un chalutier aurait touché le pont en dessous, ce qui aurait dissuadé les responsables des travaux à admettre le passage des véhicules sur le pont comme prévu. Quoique la plupart des ouvriers assurent que le pont sera effectivement praticable dès la fin du mois en cours.
Qu’à cela ne tienne, l’attente de la livraison effective du pont se fait dans une atmosphère plutôt chaleureuse malgré les nombreuses difficultés liées à la perte de temps pour les voyageurs contraints de supporter davantage les files de véhicules avant l’embarcation dans les deux bacs, «Rénovation» et «Mitzic», affrétés par le gouvernement pour la traversée du Komo ; la surenchère des produits vendus par les commerçants à la sauvette ayant investi les deux bords du fleuve ou encore les difficultés liées aux actes d’incivisme de certains voyageurs dont l’un, un député de la République, aurait été giflé pour avoir voulu violer des règles imposées par les agents de la sécurité routière de la BCR en forçant le passage dans la longue file de véhicules qui attendaient leur embarcation. Entre rumeurs, commerce, profit et croyances mystiques, le pont de Kango n’a semble-t-il pas fini de faire parler de lui.