On dirait une comédie où chacun vient jouer son rôle pour donner du rebondissement au spectacle. Ainsi sonne l’apparition, le 24 mai 2013, du nouveau président de l’UJPDG, Vivien Pea, pour voler au secours des élèves pré-recalés du baccalauréat 2013, en grève de la faim depuis un peu plus d’une semaine.
La situation sans issue des élèves candidats des classes de terminale, pré-recalés du baccalauréat 2013, à la suite d’une sanction du ministre de l’Education nationale, Séraphin Moudounga, visant à assainir les examens et concours dans le cycle secondaire, est vraisemblablement l’occasion pour certains acteurs de tracer tirer des plans sur la comète. Après le passage, pour soutien, du membre de l’Union du peuple gabonais (UPG), Bruno Ben Moubamba aux côtés des jeunes grévistes de la faim, le tour est revenu, le 24 mai 2013, au président de l’Union des jeunes du Parti démocratique gabonais (UJPDG), Vivien Pea.
Sincérité ou fourberie politique, l’avenir le dira car il a fallu que ces jeunes entreprennent, eux-mêmes, une démarche vers le PDG pour qu’un hiérarque de ce parti puisse bouger. Toutefois, celui qui s’est présenté comme la voix de ces jeunes, n’a pas manqué d’afficher sa consternation vis-à-vis de ses frères. «J’ai écouté l’ensemble de ces élèves, j’ai pris connaissance de certains cas particuliers. Il ne m’appartient pas naturellement de prendre une décision, mais plutôt en ma qualité de responsable des jeunes du parti démocratique gabonais, de transmettre ces informations à qui de droit», a déclaré le président de l’UJPDG, Vivien Pea.
Stratégie marketing, réelle compassion ou simple réponse à la requête de ces élèves ? En tous cas le médiateur autoproclamé de ces jeunes reconnaît, d’entrée de jeu, ses limites à ramener le ministre et camarade sur sa décision. «On ne peut pas promettre à ces jeunes de rétablir les situations, mais plutôt qu’on tentera peut-être d’intercéder auprès du ministre de tutelle pour voir dans quelle mesure, on pourra procéder à un accompagnement vers la réussite parce que ce sont eux aussi des jeunes et qui sont très inquiets par rapport à leur avenir», a indiqué sans assurance Vivien Péa.
A la suite de ce junior du parti au pouvoir, la section gabonaise de la Croix rouge est également arrivée sur les lieux en vue d’atténuer la situation sanitaire des grévistes de la faim. Selon la chaine de télévision locale TV+, ce mouvement humanitaire international a été appelé sur les lieux par le président de l’UJDPG.
Toutes ces compassions à l’allure folklorique vont-elles faire fléchir Séraphin Moundounga, le patron de l’Education nationale ? Celui-ci s’est déjà prononcé sur la suite des évènements : «Je ne reviendrai pas sur ma décision, elle est prise et va être appliquée. Donc ceux qui sont rétrogradés passeront le baccalauréat en classe de première et ceux qui sont exclus, sont exclus et ils ne reviendront à l’école qu’à la rentrée scolaire prochaine et en classe de première», a-t-il assuré il y a quelques temps.
Comment interpréter la descente de Vivien Péa à Sainte-Marie où campent ces élèves ? N’existe-t-il pas une solidarité du parti à l’exemple de la solidarité gouvernementale ? Le président Ali Bongo, indiqué par le leader des jeunes du PDG à travers l’expression «à qui de droit», pourra-t-il en arriver à désavouer son ministre ? On ne saurait le penser si l’on tient compte de ce que, lors de sa prestation du serment présidentiel le 16 octobre 2009, le président du Gabon avait clamé : «Je veux un Gabon exempt de la corruption et de l’injustice. Je veux un Gabon où les élites circulent et se renouvellent, je veux un Gabon où la justice est au service de tous. Je veux un Gabon où les plus méritants sont récompensés et où la sanction juste est infligée à ceux qui commettent des fautes.» Vraisemblablement, la messe a été dite il y a bien longtemps.