Parce qu’il doit passer devant le juge d’instruction ce lundi 10 juin, l’ex-sénateur du Komo-Kango, Gabriel Eyéghé Ekomié, a été placé, vendredi, en détention préventive à «Sans famille», la prison centrale de Libreville. L’un de ses avocats, Me Gisèle Eyue Békalé, s’élève contre ce qu’elle qualifie de «mépris des lois de la République».
Cité le 8 mai 2012 devant la Cour Criminelle de Libreville, par Aristide Pambou Moussounda, condamné à perpétuité pour l’assassinat d’une fille de 12 ans, le sénateur Gabriel Eyéghé Ekomié a été placé sous mandat de dépôt, le vendredi 7 juin, à la prison centrale de Libreville, communément appelée «Sans famille».
Il s’agirait d’une mesure à tire conservatoire qui ne signifie pas que la culpabilité du sénateur du département du Komo-Kango a été établie, a indiqué Me Moumbebé, expliquant que c’est une manière pour Mme le procureur de la République d’avoir un œil sur le présumé coupable qui sera en face du juge d’instruction ce lundi 10 juin. Des sources concordantes avaient indiqué qu’appelé précédemment devant le juge d’instruction, l’ex-sénateur s’était porté absent.
L’avocat du sénateur, Me Gisèle Eyue Békalé, s’élève contre la mise en détention préventive de son client. «Il est inadmissible que dans une démocratie comme le Gabon, qu’une personne présumée innocente soit jeté en prison aux mépris des lois de la République», clame-t-elle avant de restituer sa version des faits : «Monsieur Eyéghé Ekomie a été convoqué par le juge d’instruction le 31 mai 2013 à 9h30 sans que ses avocats aient été convoqués 48 heures avant comme l’exige l’article 102 du code de procédure pénale. Les avocats de Monsieur Eyéghé ont attiré l’attention du juge sur l’irrégularité de la procédure de convocation et de comparution.» L’avocat soutien donc que Gabriel Eyéghé Ekomié n’avait pas fui mais qu’à sa demande, et du fait d’un «mépris des règles élémentaires de comparution», il était resté chez lui.
Ainsi, poursuit Me Gisèle Eyue Békalé, «le 6 juin 2013, Monsieur Eyéghé a fait l’objet d’un mandat d’amener alors même que toutes les convocations étaient nulles. Il est aujourd’hui placé sous mandat de dépôt sous le prétexte qu’il n’a pas voulu se présenter. Monsieur Eyéghé a été trouvé chez lui, il n’était donc pas en fuite.» De ce fait, l’avocat s’insurge «avec la plus grande force contre ces méthodes judiciaires qui font de l’avocat un parent pauvre de la Justice gabonaise». Et de rappeler que «les magistrats et les avocats sont des professionnels du droit à égalité et qui sont tous soumis à l’autorité de la loi, la seule qui compte. Les magistrats ne rendent pas des services, ils rendent des décisions de justice.»
À travers une déclaration à la télévision nationale, le procureur général près la Cour d’appel de Libreville, Mme Mireille Odjani, a fait état, le 16 mai dernier, de fortes présomptions pesant sur le sénateur dont l’immunité a été levée pour les besoins de l’instruction.
Pour rappel, un détenu, jugé en mai 2012 devant la Cour criminelle spéciale de Libreville, avait cité le sénateur dans l’assassinat, le 28 février 2009, de Beverly Bilemba Mouanguela, une écolière de 12 ans. Le criminel avait affirmé à la barre qu’il avait agit à la demande du Sénateur qui lui avait promis 20 millions de francs s’il lui rapportait les organes génitaux d’une jeune fille. Gabriel Eyéghé Ekomié doit passer, ce lundi 10 juin, devant le juge d’instruction. L’audience s’annonce fort agitée, les avocats de la défense ayant de nombreuses exceptions à lever.