Dans un monde où l’audiovisuel et les nouvelles technologies de la communication prennent de plus en plus le dessus sur les livres, la lecture elle-même trouvant de moins en moins d’adeptes, Honorine Ngou, enseignante à l’Université Omar Bongo (UOB), écrivaine et libraire gabonaise, a initié, en fin de semaine écoulée, des journées culturelles dans le but de familiariser le public à la lecture et au livre.
Initiée par l’enseignante et écrivaine Honorine Ngou, en collaboration avec la «Librairie du savoir» gérée par son époux, le poète, Albert Ngou Ovono, la première édition des «Journées culturelles et du savoir» s’est déroulée du vendredi 7 au dimanche 9 juin 2013 au Rond-point de Nzeng-Ayong à Libreville. Au cours de ces trois journées, l’organisatrice à souhaité susciter de la part des habitants de ce quartier du 6ème arrondissement et des nombreux autres visiteurs un certain intérêt «pour la chose culturelle» et surtout leur faire découvrir le plaisir de la lecture et les différentes publications gabonaises dont dispose la librairie dont elle est la promotrice. Des jeux question-réponse avec de nombreux prix à l’appui, l’invitation des plus jeunes à prendre part aux séances de lecture et des contes d’origines diverses ont meublé ces trois journées.
Pour, l’organisatrice, ces journées culturelles sont le fait d’un «cri de cœur». En effet, enseignante et mère, Mme Ngou a fait un constat pour le moins étonnant : «Au Gabon la chose culturelle, pour paraphraser Descartes, n’est pas la chose la mieux partagée. Les gens évoluent dans une filiation de l’écrit et où l’on pense que la compétence, l’excellence et la compétitivité sont des mots-clés mais où, à contrario, la plupart des individus ne font rien pour se perfectionner ni même pour apprendre afin de répondre à ces exigences du millénaire. C’est donc ce constat de vacuité et de vide culturel qui m’a amené à rendre le livre visible et accessible au plus grand nombre». Un constat confirmé et conforté par le peu d’affluence à ces «Journées de la culture et du savoir» bien que l’exposition organisée par la pédagogue et son époux avait pour particularité de «brader des œuvres littéraires et scientifiques qui, en dehors de ce cadre exceptionnel sont quelque peu inaccessibles pour bien d’étudiants ou de simples curieux afin que ceux qui disposent de moyens modestes puissent accéder à la lecture donc à la culture».
Aussi, les journées qui se sont achevées, dimanche 9 juin par une conférence-débat ou «une causerie» selon le terme de l’intervenante, Mme Ngou, ont été l’occasion d’entretenir les quelques participants sur l’importance de la lecture qu’elle perçoit comme un moyen d’apprentissage, d’autonomisation et de découverte du monde : «un outil et une pratique noble qui fait acquérir des connaissances et des savoirs». Mais face au manque d’intérêt exprimé aussi bien par les étudiants que par les badauds qui pour la plupart «ne venaient que pour acheter les sacs, les articles ménagers et les gadgets exposés pour susciter l’engouement des visiteurs éventuels», l’initiatrice des «Journées de la culture et du savoir» a dit ne pas vouloir baisser les bras et promet de revenir à la charge l’an prochain. «J’ai la conviction profonde qu’un jour les Gabonais, même s’ils sont dans un environnement où le matériel, le festif, le ludique sont encouragés et valorisés, vont se rendre compte qu’il va falloir se mettre à s’intéresser à la culture et à la lecture, mais j’ai l’impression que ça va être très long», espère l’auteur de Mariage et violence dans la société traditionnelle fang au Gabon.