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Trop de visas tue l’économie, selon la BAD

VisaLors d’une réunion en fin mai à Marrakech, au Maroc, des experts de la Banque africaine de développement (BAD) se sont penchés sur une question qui, pour la plupart d’Africains, semblerait moins importante que les questions de sécurité ou de démocratie sur le continent, mais qui ne mérite pas moins une attention particulière : le visa. Les experts ont ainsi traité de la question de ce précieux sésame, le calvaire subit avant son obtention et son effet pervers sur l’économie du continent.

La BAD estime que la question du visa a des effets pervers sur la croissance économique du continent. Si l’obtention par un Africain d’un visa pour l’Occident s’avère de plus en plus difficile ces dernières années, il n’est pas plus aisé pour ce même Africain de se rendre dans un autre pays du continent sans faire face à un nombre conséquent de contraintes, souvent plus inutiles et plus farfelues les unes que les autres.

Face à ces nombreuses difficultés, les experts de la BAD ont de ce fait tenté de porter à la connaissance des Etats africains le risque que ce document, pour le moins important -qu’on ne s’y méprenne pas-, fait peser sur le développement du continent. En effet, les difficultés occasionnées par l’attente et les contraintes imposées avant l’obtention d’un visa quel qu’il soit, à en croire les experts de l’institution financière panafricaine relayés par le site Slate Afrique, ont des conséquences socioéconomiques souvent insoupçonnées ayant de manière directe un effet sur la croissance économique de l’Afrique. La cause ? «Le temps perdu en démarches administratives et les frais que cela implique», ce qui n’encourage pas les échanges commerciaux selon les économistes.

Ainsi, la question, soulevée lors d’une réunion de la BAD le mois dernier à Marrakec, a été l’occasion de faire constater aux différents pays africains les effets inverse de l’accumulation des demandes de visas dans les ambassades africaines, aussi bien celles basées en Europe que sur le continent. En effet, selon le site spécialisé How me made it in Africa, qui cite Mthuli Ncube, le vice-président de la BAD, «l’Afrique est l’une des régions du monde avec le plus fort taux de demandes de visas». Or, explique Mthuli Ncube, ceci a des conséquences fâcheuses sur l’économie et ralentit fortement le secteur des services, le tourisme et l’éducation. L’Afrique serait-elle à ce point contre son propre développement ? Au regard de la longue attente et de la somme des contraintes à remplir pour l’obtention du sésame sur le continent et vers celui-ci, tout porte à le croire.

Pour un des experts, relayé par Slate Afrique : «Le mouvement des talents et des personnes est au cœur de l’intégration régionale. 25% du commerce en Afrique est informel, notamment en Afrique de l’Ouest. Or, s’il n’y avait pas d’obligation de visa, le secteur connaîtrait une croissance beaucoup plus forte». Un constat et une vision soutenus par des experts de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO), pour qui «80% des demandes de visa effectuées par les Africains se font en réalité pour pouvoir voyager dans les pays africains, et beaucoup moins vers l’Europe ou l’Amérique du Nord». Enfin, la suppression ou la réduction des procédures inutiles sont perçues comme autant de solutions envisageables d’après les économistes qui citent en exemple le Rwanda pour ses contrôles biométriques aux frontières. Ce qui a permis au pays, ajoute How we made it in Africa, d’augmenter le nombre des échanges commerciaux avec les pays africains de 50% en 2012.

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