Nicaise Moulombi, président de l’Observatoire de promotion du développement durable des produits et services des industries du Gabon (Oddig), invite les autorités gabonaises à l’associer, du moins à écouter son point de vue quant l’affaire qui oppose Addax Petroleum, filiale du groupe chinois Sinopec, à l’Etat gabonais. Le leader associatif a alourdi, le 15 juin dernier, les charges contre la junior pétrolière.
A la faveur d’une conférence de presse, le 15 juin 2013 à Libreville, le président de l’Observatoire de promotion du développement durable des produits et services des industries du Gabon (Oddig), Nicaise Moulombi et les siens ont invité le président de la République, Ali Bongo Ondimba, à accepter le soutien de la société civile qui devrait accompagner l’Etat devant la Cour arbitrale de la Chambre de commerce internationale à Paris pour discuter de l’affaire qui oppose la compagnie Addax Petroleum à l’Etat gabonais.
En effet, Addax Petroleum, filiale de Sinopec, a procédé à une saisine, le 5 juin 2013, du tribunal arbitral de la Chambre de commerce international de Paris (CCI), en vue de contester la décision de Libreville de ne pas renouveler sa concession sur le permis Obangué. L’Etat gabonais, lui, reproche à cette compagnie de n’avoir pas respecté certaines obligations contractuelles. Ce que réfute totalement la compagnie pétrolière qui assure n’avoir jamais n’a jamais été condamnée pour des manquements à ses obligations fiscales, techniques ou environnementales, s’en être toujours tenu à la déontologie et avoir toujours rempli ses obligations d’employeur.
C’est donc dans cette affaire que les membres de l’Oddig souhaitent être invités, estimant également que la filiale gabonaise du groupe chinois ayant été privée du champ d’Obangué pour de «violations graves, flagrantes et répétées des dispositions réglementaires nationales et internationales», sa plainte ne saurait avoir d’effets puisqu’elle peut se retourner contre le plaignant. Nicaise Moulombi indique qu’Addax qui réclame 170 milliards de francs CFA à l’Etat gabonais devrait plutôt payer cinq à six fois plus au Gabon au regard des nombreuses fraudes fiscales et surtout de la pollution écologique à grande échelle qui a longtemps accompagné les activités de cette société. «La société a royalement pollué tous ses sites», a déclaré Nicaise Moulombi devant la presse, tenant par ailleurs à rappeler qu’Addax doit commencer par reverser au moins 52 milliards de francs CFA à l’Etat gabonais. Et de souligner que cette fraude fiscale qui aurait longtemps caractérisé la société dès sa reprise par les Chinois, s’est faite avec le concours de nombreux hauts fonctionnaires. Ces derniers, selon le leader associatif, devraient être interpellés pour répondre de leur complicité avec Addax aux dépens de l’Etat gabonais.
Les responsables de l’Oddig considèrent également que le passif écologique de la compagnie pétrolière est lourd. Pour eux, les conséquences des nombreuses pollutions, notamment marines, consécutives aux activités d’exploitation sont suffisamment graves pour que l’Etat gabonais soit dédommagé. Ce qui fait affirmer à l’Oddig qu’il y a une possibilité de retourner ce procès en faveur du Gabon. D‘où l’invite au chef de l’Etat de leur permettre de prendre part aux discussions devant la Cour arbitrale de la Chambre de commerce et de présenter les éléments à leur disposition pour briser les velléités chinoises.
Emettant des réserves sur le juge choisi pour cette affaire, au regard de ses origines suisses, Nicaise Moulombi a promis à la presse de l’amener sur le terrain pour voir l’état de la pollution causée par Addax.
A noter que récemment le ministre a menacé Addax de lui retirer un deuxième permis sur le champ de Tsiengui (sud-ouest), «exploité dans les même conditions que le champ d’Obangue». «Si dans 15 mois ils ne font pas d’efforts nous serons obligés de leur retirer ce permis», a déjà indiqué Etienne Ngoubou, le ministre gabonais du Pétrole.