Au regard de la psychose vécue par les populations ces derniers temps, il apparaît essentiel et même « vital » que les autorités de la République rassurent les Gabonais sur leur véritable connaissance des différents phénomènes sociaux, éducatifs et politiques qui, désormais rythment la vie du pays. Une semaine après l’intervention du Premier ministre, Raymond Ndong Sima sur les antennes de Gabon Télévision, l’hebdomadaire «La Loupe», dans son éditorial du mardi 25 juin, en appelle maintenant à l’intervention du président Ali Bongo.
Quelques mois après les correspondances de Jonas Moulenda, journaliste à L’union et par ailleurs, spécialiste des faits divers, adressées au chef du gouvernement, Raymond Ndong Sima et plus tard à Ali Bongo, de plus en plus de journalistes Gabonais, de façon personnelle ou par le biais de leur média, souhaitent entendre les autorités sur diverses questions liées à la vie du pays et notamment sur les sujets qui font l’actualité nationale.
Dans cette optique, La Loupe, en son numéro 135 du mardi 25 juin dernier a intitulé son éditorial : «Ali : pourquoi et pour qui, est-il devenu président ?», une interrogation dont le style presque poétique laisse entrevoir le souhait de l’hebdomadaire d’obtenir le sentiment du président de la République sur les différentes questions politiques, sociales et économiques qui ponctuent la vie du pays depuis un certain temps.
Dans un style anaphorique, avec des paragraphes démarrant tous par «Que celui qui… », l’éditorial de La loupe énonce que «Depuis quelques mois, les Gabonais attendent que leur chef parle». Ainsi, la volonté d’entendre le chef de l’Etat concerne de nombreux points basés pour l’essentiel sur l’analyse, le décryptage, la veille et la prise de décision en vue de mettre fin à un certain nombre d’agissements qui entachent davantage l’image du pays à l’extérieur. «Que celui qui a prêté serment le 16 octobre 2009, la main sur le cœur, devant Dieu et devant les hommes «de veiller au bien-être du peuple gabonais, analyse froidement «la température» de la Nation», demande Mboumba Carmela, éditorialiste de La Loupe, avant de poursuivre : «Que celui qui règne sans partage, en donnant tout à ses amis et rien aux Gabonais, depuis 2009 à la tête du Gabon, observe minutieusement (voir est un besoin, observer est un talent) la cohésion de l’Etat».
Indexant Ali Bongo, il est tour à tour question de ce «Que celui qui parle «d’amour de son prochain » fasse la démonstration qu’il aime également ses compatriotes» ; «Que celui qui parle de patriotisme donne les chances à chaque Gabonais, de s’approprier son pays en lui offrant un environnement où règne la justice, la liberté de parler, d’agir, d’entreprendre…» ; «Que celui qui parle en anglais, au cours de ses sorties officielles pour un président de la République d’un pays dont la langue officielle est le français, offre à son peuple la possibilité d’apprendre, à moindre coût, cette langue des affaires, indispensable aux relations internationales» ; «Que celui à qui tous les gabonais ont confié, entre ses mains, leur vie le 16 octobre 2009, n’autorise plus sa femme, Sylvia Bongo (comme si c’était un jogging matinal) de battre le bitume contre les crimes rituels en suscitant davantage le doute dans les esprits de ses compatriotes qu’Ali n’a pas véritablement, en sa possession, tous les leviers du pouvoir pour éradiquer ce fléau». Et on en passe.
Ali Bongo est donc appelé aussi bien à être «l’incarnation même de la cohésion et de l’harmonie familiale des Bongo», sa propre famille qu’à se constituer en véritable justicier au regard de la lenteur dont font preuve les autorités en charge de la sécurité et du développement de la nation. Sur ce point précis, La Loupe exhorte «celui [allusion au président de la République – ndlr] qui n’est pas satisfait des résultats du gouvernement» à le changer dans les plus brefs délais afin que «l’immobilisme observé partout et par tous dans l’administration prenne fin».
Ainsi, pour l’éditorialiste, il est temps qu’Ali Bongo parle aux Gabonais, qu’il les rassure mais surtout qu’il les «écoute» puisque parlant «d’amour pour son prochain», le chef de l’Etat est désormais tenu à son tour de «tendre la main à l’autre» en vue de le sortir de la misère et de la psychose dans laquelle il vit depuis de nombreux mois, dans la mesure où, indique l’hebdomadaire, c’est bien pour «tous les Gabonais» qu’il est devenu président.