Malgré la croissance économique élevée dont le taux pourrait atteindre les 7% en 2013, selon le Fonds monétaire international (FMI), et la richesse de son sol concernant l’agriculture, le Gabon souffre toujours de l’insécurité alimentaire. Une des raisons de cette situation qui semble ne pas gêner les politiques serait la faiblesse à déterminer les priorités pour la population.
Après quarante cinq ans de politique qui, jusqu’ici n’a pas beaucoup aidé le Gabon dans sa voie vers le développement, il paraît nécessaire de s’arrêter un moment pour comprendre ce qui ne va pas. Le président Ali Bongo Ondimba l’avait déjà reconnu lors de son adresse devant les deux chambres du parlement réunies en congrès il y a près d’un an, en ces termes : «Nous avons passé beaucoup trop de temps à ne faire que de la politique, au détriment du développement économique et social de notre pays et du bien-être de ses populations. Ces mêmes populations ont été transformées en spectatrices impuissantes de leur destin, alors que les hommes politiques allaient et venaient, de négociations en arrangements, souvent guidés par des appétits personnels».
Cette harangue ne semble pas avoir changé grande chose dans le choix des décisions et des actions prioritaires. Car, depuis plusieurs semaines déjà les préoccupations des dirigeants ou simplement de la classe politique gabonaise tous bords confondus, ne concernent que l’introduction de la biométrie dans le processus électoral. Des campagnes de sensibilisation des électeurs, des concertations politiques et même des séances d’arbitrages animées soit par le Premier ministre, Raymond Ndong Sima, soit par le président Ali Bongo Ondimba sur des discordances autour de l’opération d’enrôlement rythment l’actualité et trustent une rhétorique y affairant. Pendant ce temps les premiers acteurs de la vie sociopolitique et économique du pays ont faim mais ne peuvent, malheureusement pas, s’offrir le «luxe» de manger à leur faim.
«Le politique, aussi bien de la majorité que de l’opposition, aujourd’hui ne parle que d’une chose, la biométrie, mais on peut tricher même avec la biométrie. Actuellement, la biométrie n’est pas la solution pour résoudre le problème des Gabonais, la solution est de répondre à la question de savoir, comment nous pouvons améliorer les conditions de vie du citoyen gabonais ?», a fait remarquer Hervé Omva Ovono de l’ONG Initiative développement, recherche conseil Africa (IDRC-Africa). Pour celui-ci, «on ne peut pas tricher avec la faim et bientôt la faim va atteindre un sommet au Gabon, où les politiques ne pourront plus tricher, aussi bien de la majorité que de l’opposition».
Pendant que la politique, ses pratiques et ses artifices permettent d’enrichir certains petits roitelets aussi bien de la majorité que de l’opposition, le problème de l’agriculture et de la faim est relégué dans le casier de l’accessoire, malgré qu’il fasse perdre au Gabon chaque année plus de 300 milliards de francs CFA, du fait de sa dépendance, à 80%, de l’extérieur en matière de produits alimentaires.
Pour ces autorités qui n’envisagent aucune stratégie pour voir le Gabon parvenir à nourrir tout seul sa population, la politique est la seule préoccupation tant qu’elle participe à favoriser leur bien-être au détriment des 80% de la population silencieuse qui triment dans la pauvreté.
Un avis contraire pour le membre de l’ONG IDRC-Africa, Hervé Omva Ovono, qui estime qu’ «aujourd’hui, le Gabon ne peut pas nourrir sa population. Mais si le gouvernement met les moyens qu’il faut, nous pouvons le faire. Nous avons des capacités, nous avons des terres, nous avons l’argent et des personnes-ressources capables de le faire, mais à condition qu’il y ait de la transparence dans la gestion de ces moyens et dans l’orientation, la mise en œuvre de ce processus de développement».
Une chose est certaine : les priorités du gouvernement sont et seront toujours orientées vers le futile. Qui a dit que la politique était la gestion des affaires de la cité ?