L’inquiétude des pays du golfe de Guinée ayant suscité l’organisation en juin dernier du sommet international de Yaoundé sur la lutte contre les actes de piraterie maritime et les vols à main armée en mer, doit s’accentuer avec le dernier rapport du Bureau maritime international (BMI) qui fustige les chiffres enregistrés dans cette zone vitale, connue comme l’une des principales routes maritimes du commerce mondial.
Dans son dernier rapport de situation des six premiers mois de cette année, publié le 15 juillet 2013, le Centre d’information sur la piraterie du Bureau maritime international (BMI), basé à Londres, a enregistré une baisse du nombre d’actes de piraterie maritime dans le monde, alors qu’en revanche le nombre d’enlèvements en mer a bondi dans le golfe de Guinée.
Selon ce rapport, 138 incidents à travers le monde, contre 177 sur la même période en 2012 ont été enregistrés courant 2013. Les détournements ont chuté de 20 à 7 pour la même période, tandis que le nombre de marins pris en otage est tombé de 334 à 127. À l’inverse de ces chiffres quelque peu apaisants, dans le golfe de Guinée les actes de piraterie sont en hausse avec 31 incidents dont 22 au large des seules côtes du Nigeria. Elles se déroulent «bien au-delà des eaux territoriales des États», précise-t-il.
En 2013, 56 marins ont été pris en otage dans le Golfe de Guinée par des pirates armés qui sont également responsables des 30 enlèvements d’équipages enregistrés jusqu’ici. Une personne a été tuée et au moins cinq autres blessées, note le rapport. Les bateaux les plus visés par les attaques sont des vraquiers et des chimiquiers.
À la lecture de ce rapport, le directeur du BMI, Pottengal Mukundan, exhorte les dirigeants d’Afrique centrale et de l’Ouest récemment réunis au Cameroun sur l’égide des Nations unies pour débattre la question de la piraterie dans le Golfe de Guinée, à mettre en application les résolutions arrêtées le 25 juin 2013 à Yaoundé. Notamment la création d’un organe régional chargé de lutter contre la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée, la création d’un «centre interrégional de coordination» destiné à mettre en œuvre une stratégie de lutte contre l’insécurité maritime, la mise en place d’un mécanisme de financement basé sur les contributions, qui reste à définir.
Il s’agit également de la mise en œuvre d’un «Code de conduite transitoire en vue de faciliter l’adoption d’un accord multilatéral contraignant visant à éradiquer les activités illicites au large des côtes de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest». Les pays concernés sont notamment le Nigeria, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la Guinée Équatoriale, le Gabon et le Togo.