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Les statistiques : l’un des péchés du Gabon «Emergent»

statistiquesLa bonne gouvernance, c’est inéluctable, passe nécessairement par la capacité à évaluer, de façon fiable et actualisée, les différents programmes et projets entrepris par le gouvernement. L’outil statistique qui est l’un des meilleurs moyens pour le suivi des actions de l’Etat et leur planification dans le temps, apparaît donc comme le miroir de celui-ci : toute chose que le Gabon ne semble pas avoir compris.

Pour de nombreux experts, la statistique est un outil incontournable pour le développement d’une nation. Il apparaît donc évident que sans cet outil, il serait quasiment impossible de mesurer les progrès accomplis ou même d’élaborer de manière probante des programmes et des projets initiés par un gouvernement, quel qu’il soit. La statistique demeure, de ce fait, un élément essentiel dans la gestion axée sur les résultats de développement. Conscient de ce que le pays ne dispose, à ce jour, d’aucun outil statistique fiable, Désiré Guédon, le ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, de l’Emploi et du Développement durable du Gabon, avait soumis à l’appréciation des parlementaires le projet de loi portant système statistique national.

Ce projet de loi, présenté aux députés le mercredi 29 mai 2013, portait institution et organisation d’un meilleur système d’évaluation statistique en République gabonaise, dans l’objectif de «renseigner les acteurs participant au développement du pays sur les politiques économiques et sociales».

Si l’on convient donc qu’à ce jour, le Gabon ne bénéficie pas d’un outil d’évaluation statistique qui lui est propre, la raison viendrait du fait que les seules évaluations faites jusqu’alors n’ont été possibles que grâce aux institutions étrangères qui, tant bien que mal, ont tenté d’adapter leurs études au contexte national. De ce fait, le projet de loi du gouvernement, présenté au mois de mai dernier à l’Assemblée nationale, proposait, selon le ministre délégué, 7 chapitres issus d’une confrontation de l’actuel système d’évaluation statistique qui, semble-t-il aurait été élaboré il y a de nombreuses années : celui-ci ne serait donc plus adapté au contexte actuel, dans lequel le pays aspire à l’«émergence» d’ici à 2025.

En attendant, le pays semble donc naviguer à vue, bien que de multiple chiffres fusent ci et là, sans jamais être la meilleure photographie d’une situation ou apporter une véritable étude des perspectives sur les différents projets engagés par l’Etat. Pour ce faire, le gouvernement gabonais s’était donc référé aux organismes internationaux tels que l’observatoire économique et statistique d’Afrique subsaharienne (Afrisat), le Fonds monétaire international (FMI), le Programme des Nations unis pour le développement (PNUD) et la Banque mondiale (BM).

Ainsi, pour que la politique du gouvernement prenne véritablement effet, il apparaît nécessaire que le Gabon se dote d’un système d’évaluation fiable et crédible dans le but de mieux planifier l’action de son gouvernement. A cet effet, note l’hebdomadaire gabonais L’Objectif en son numéro 10 du 17 juillet 2013 : «La planification du développement, le suivi-évaluation des programmes ne peuvent assumer efficacement leur vocation que si elles reposent sur des données fiables et actualisées. En absence de celles-ci, ou en cas de simples approximations, le risque est grand que les orientations et la vision stratégique s’en trouvent faussées». Aujourd’hui, bien malin qui répondra aux questions sur le taux de chômage au Gabon, le nombre d’internautes dans ville de Port-Gentil, la quantité de manioc ou d’arachide produite chaque année dans la province du Moyen-Ogooué ou en même de la fréquence du trafic routier sur la capitale.

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