À qui profite l’assassinat du musicien gabonais, auteur-compositeur, Serge Egniga tué dans la nuit du 13 au 14 septembre 2003 et retrouvé sur les rails du Transgabonais, broyé par un train mais portant les marques de coups de poignard ? Voici la lourde question à laquelle tenteront de répondre les magistrats du tribunal de première instance de Libreville dans quelques semaines.
Loin d’être bouclé, l’affaire Egniga, classée sans même avoir connu un épilogue, sera rouverte dans les prochains jours afin de permettre à la famille de la victime d’obtenir les réponses à des questions restées sans réponses depuis bientôt dix ans, du simple fait que la justice gabonaise semble avoir du mal à jouer son rôle dans cette affaire marquée par des entourloupettes.
En effet, selon une source judiciaire citée par l’hebdomadaire Échos du Nord sous le couvert de l’anonymat, une enquête sera ouverte pour démasquer les auteurs de ce crime odieux, ainsi que les commanditaires. Cette procédure, selon la source, ferait suite à la requête introduite auprès du parquet de Libreville par la famille du défunt dans le souci de voir éclater la vérité sur cette affaire mais également pouvoir faire définitivement le deuil de l’artiste.
Selon la source relayée par Échos du nord, «la mort de Serge Egniga aurait été commanditée par le parrain d’une nébuleuse qui perpétrait des crimes rituels dans la province du Moyen-Ogooué précisément à Lambaréné dont était originaire l’artiste. Il aurait contacté ce dernier pour une opération louche en échange d’une somme de deux millions de Francs CFA. Mais Egniga aurait rejeté la proposition à commettre la basse besogne. Et pour se venger de ce qu’il considérait comme une trahison et un mépris, le chef de l’association criminelle aurait mis à contribution au moins cinq jeunes pour régler le compte à l’artiste qui aurait été appâté dans la zone de Barracuda dans la zone d’Owendo».
Actuellement en guerre contre les auteurs de détournements des fonds des fêtes de l’indépendance tournantes, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, Sidonie Flore Ouwé, et son équipe seront-ils à même de conduire cette affaire en toute indépendance sans qu’elle n’enregistre une énième suspension comme ce fut le cas la première fois ? Car selon d’autres sources, «lors de la procédure initiale, le dossier a été retiré des mains des gendarmes qui procédaient à l’enquête pour le remettre à la police judiciaire, les personnes arrêtées par les gendarmes lors de l’enquête préliminaire furent libérées et les gendarmes enquêteurs furent mutés à l’intérieur du pays. Quant au dossier, ordre fut donné par on ne sait qui de la classer, en dépit des éléments à charge».
Une belle occasion s’offre là à la justice gabonaise de prouver qu’elle est indépendante, impartiale, équitable et qu’elle est rendue au nom du peuple pour le peuple.