Alors qu’on le croyait plus proche du Maroc ou de la Turquie avec lesquels il entretient des relations particulières et dont le Roi et le Premier ministre ont séjourné officiellement au Gabon, il y a quelques mois, Ali Bongo, contre toute attente, a choisi de passer ses vacances en Grèce. Au regard des difficultés financières et économiques que connait le pays, l’on s’interroge sur les véritables raisons d’un tel choix et surtout sur son coût.
S’il y a des chefs d’Etat africains qui, au bout d’un certain temps sont lassés des voyages et rencontres officiels, des sommets ordinaires et extraordinaires aussi bien sur le continent que hors de celui-ci, il y en a dont le quotidien à domicile est rythmé par une kyrielle de revendications sociales et familiales, ces deux catégories de dirigeants, lors de la période estivale ont une volonté commune : s’évader des réalités nationales bien souvent rudes pour ces derniers. Mais où et à quel prix ? s’interroge-t-on.
Pour Ali Bongo, la question ne s’est pas posée bien longtemps. Bien que l’aspect financier inhérent au sujet n’ait pas été dévoilé par les dignitaires du Palais de marbre, la destination choisie par le Président la République, elle, est connue depuis près d’un mois déjà. Des médias nationaux tels que «La Une» du 19 juillet dernier, ont révélé que le chef de l’Etat passait ses vacances en Grèce, «un pays si lointain et plongé dans une crise financière aigue», ainsi que l’a confirmé le journal La Loupe, le mardi 6 août. En effet, comme d’autres dirigeants et hommes d’affaires à travers le monde, Ali Bongo a jeté son dévolu sur la Grèce. Mais un peu plus de deux ans après sa faillite déclarée, le pays ne présente plus le même aspect : la crise s’y est installée et le nombre de décès suite aux règlements de compte entre mafieux connaît des proportions inquiétantes.
Mais malgré ce nouveau visage peu enchanteur où tout (ou presque) coûte désormais plus cher, Ali Bongo qui, «selon certaines indiscrétions habilement distillées par son entourage […] ne claquerait pas moins de 3 milliards de francs par voyage», suppute La Loupe, se serait laissé tenté par ce pays où, même la télévision nationale avait été suspendue en juin dernier, car trop coûteuse pour l’Etat. Alors, que va y faire le Président de la République connaissant les réalités du pays ? Pour de nombreux individus, le choix de la Grèce a été motivé par sa quiétude et le besoin du chef d’Etat de s’éloigner des pressions dues à son exercice. Mais pour d’autres, la vérité est ailleurs. «Ali Bongo a préféré la Grèce, un pays sous perfusion et dont on se demande s’il ne finira pas par sortir de la zone euro, [pour] prendre de la graine», dans le but d’appliquer, à son tour au Gabon, une gestion sous le modèle de récession de ce pays en vue de rattraper le retard accusé dans la livraison des grands chantiers et de gérer de façon plus parcimonieuse les finances du pays.