A quelques mois des élections locales, le paysage politique gabonais est parsemé de conflits divers, les uns plus improbables que les autres. Dans la course aux municipales, mêmes des personnalités dites «frères» se tirent désormais dessus : le conflit opposant Alexandre Barro Chambrier et Jean-François Ntoutoume Emane a bien du mal à passer inaperçu.
Rien ne semble plus aller dans la grande famille du Parti démocratique gabonais (PDG), du moins entre certains «frères», jadis très soudés. La scission rapportée par Le Scribouillard, et Le Nganga, deux hebdomadaires gabonais, met en scène deux dignitaires du parti au pouvoir avec pour point de discorde l’Hôtel de ville. A un peu plus de trois mois de la prochaine joute électorale, l’heure est au bilan et, sans doute, à la rotation qui veut que chacun bénéficie à son tour des avantages offerts par le poste de maire de la commune de Libreville.
Le journal satirique Le Scribouillard a relayé à cet effet, le mercredi 7 août, que lors du compte rendu des travaux de l’Assemblée nationale auquel tous les députés se soumettent dans leurs circonscriptions électorales respectives, durant l’intersession parlementaire, Alexandre Barro Chambrier, député du 1er siège du 4e arrondissement de Libreville, a tiré, de manière peu voilée sur le maire de la capitale. Ainsi, l’homme aurait lancé à l’endroit de ses «camarades» qu’«Il est temps pour les uns et les autres de tirer les conséquences quant à leurs actions passées. Moi, je suis député pour cinq ans. Je suis donc pas candidat au poste de maire de Libreville. Mais une chose est sure, Ntoutoume Emane doit se retirer après avoir obtenu tout ce qu’il a obtenu. Il doit libérer le poste pour permettre au Président Ali Bongo Ondimba de choisir un jeune compétent qui fera de notre ville, une ville belle et prospère. Je lui conseillerais donc de se retirer au lieu de chercher à s’accrocher à tout prix.»
A 74 ans, le bien nommé «Jacky», appellation affective de Jean-François Ntoutoume Emane, maire de Libreville, serait-il trop vieux pour occuper sa fonction ou mériterait-il ce dur propos au regard de l’image non moins écœurante que présente la capitale depuis quelques temps ? Qu’à cela ne tienne, l’occupant de l’Hôtel de ville paraît de plus en plus décrié, à mesure que les jours passent et que la dégradation de l’aspect de la ville se poursuit.
En effet, si les élections du 23 novembre prochain laissent peu songeur l’équipe du maire sortant, tout se résume à son bilan que Barro Chambrier aurait jugé négatif en tous points, y compris le «fameux» projet de construction du futur marché de Libreville dont aime à s’enorgueillir Ntoutoume Emane. Ledit projet, «grandiose», étant encore sous forme de maquette, le «camarade» député du 1er siège du 4e arrondissement de Libreville aurait notamment proposé de jeter un regard sur les réalités, sur ce qui est fait. «Il suffit de faire un tour dans la ville pour constater que Libreville croule sous des tas d’immondices alors que tous les jours, des agents municipaux opèrent de jour comme de nuit pour lever des taxes.» Ce qui amène inéluctablement à une question somme toute importante : «Où va donc l’argent des taxes que ces agents collectent ?»
Ainsi, le natif d’Ozoungué, comme tout Gabonais conscient que la valeur accordée à un pays passe par l’image reflétée par sa capitale, suggère une sorte d’alternance dont le maire central ne veut en entendre parler. D’autant plus que, selon les propos de ce dernier, il bénéficie du soutien indéfectible du chef de l’Etat et même du président de l’Assemblée nationale qui comptent bien le porter à la tête de l’Hôtel de ville s’il vient à être réélu dans sa circonscription. Ce dont semblent ne pas douter ses détracteurs.
