Après quasiment un mois de jeûne religieux, les musulmans du monde entier sont sur le point d’achever leur ramadan, dont l’épilogue reste suspendu à l’apparition de la lune en ces dernières heures. C’est la fameuse «nuit du doute», à l’issue de laquelle les interprétations diverses fusent d’une région à une autre imposant ainsi des célébrations différées sur l’ensemble du globe terrestre.
Pendant que les musulmans de France, d’Egypte et de bien d’autres cieux à travers le monde célèbrent depuis le 8 août dernier, la fin du ramadan de l’an 1433 de l’hégire, avec la fête de l’Aïd-el-Fitr, ceux du Gabon devront attendre que le Conseil supérieur des affaires islamiques du pays se prononce sur le jour exact qui, pour nombreux d’entre eux, ne pourra être autre que le 9 août.
Ces nuits de suspens et de pronostics deviennent plus qu’embarrassantes pour plusieurs adeptes de la réligion du prophète Mahomet qui pensent qu’il faut rompre avec cette manière de déterminer la fin de la période du jeûne restée attachée à l’observation du ciel, qui ne s’avère plus évidente avec les changements climatiques et autres nouveaux phénomènes atmosphériques. En France par exemple, une importante instance représentative des divers courants de l’islam avait récemment décidé de se baser sur le «calcul astronomique» et non plus sur l’observation empirique, consistant à scruter le ciel lors de la «nuit du doute».
Face au désarroi des fidèles, certains du Gabon s’interrogent sur la possibilité de faire simplement recours au calcul par jours à l’exemple du calendrier grégorien, mais également à la méthode consistant à arrêter une date pour certaines fêtes comme, à l’instar du 25 décembre chez les chrétiens. Cela dispensera les responsables religieux de se rassembler pour observer à l’œil nu l’évolution de l’astre lunaire, comme le veut la tradition.
Interrogé sur la date effective de l’Aïd-el-Fitr, Ibrahim jeune épicier au quartier Cité-Mébiame dans le 2e arrondissement de Libreville répond : «actuellement on n’a aucune idée, car tout dépendra de la forme de la lune et ce sont les autorités musulmanes du Gabon qui doivent nous fixer sur la date. Mais la fête est entre le jeudi 8 et le vendredi 9 août. Ces choses-là sont compliquées pour nous, nous on exécute tout simplement ce que disent les sages car, les choses de Dieu relèvent du mystère».
Yacouba, autre musulman indique, pour sa part : «logiquement ont devait fêter aujourd’hui [8 août 2013 – ndlr] comme en Egypte mais comme le président Ali Bongo Ondimba, président du conseil supérieur des affaires islamiques s’est déplacé pour aller prier à La Mecque, nous sommes obligés d’attendre son retour pour couper le jeune ensemble, pourtant la tradition demande de suivre la lune et pas la présence d’une personnalité pour rompre le ramadan».
La fin du mois sacré du Ramadan est un moment de célébration pour tous les musulmans à travers le globe. Après 29 ou 30 jours de jeûne, l’Aïd El Fitr appelé parfois Aïd es-Seghir, la petite fête, par opposition à l’Aïd al-Kebir (fête du mouton), est célébrée le premier jour du mois de chawwâl (le dixième mois du calendrier musulman). La journée est consacrée au tout début à la grande prière de l’Aïd, (qu’on trouve sous différentes transcriptions : eïd, aïd, `id) et à la Zakat El Fitr que, grands comme petits se doivent de distribuer le matin même ou la veille au soir après l’annonce de l’Aïd El Fitr. C’est aussi l’occasion pour les familles de se rassembler, de se pardonner et de s’entraider.
Le Ramadan est le 9e mois du calendrier musulman et marque, pour ses adeptes, le début de la révélation du Coran faite à Mahomet. Durant ce mois, il est demandé aux pratiquants d’observer un jeûne religieux, c’est-à-dire de s’abstenir de manger, de boire, de fumer ou d’avoir des rapports sexuels du lever au coucher du soleil.