La Police Judiciaire d’Oyem a procédé, dans la nuit du 8 août, à l’arrestation de 4 trafiquants d’ivoire à Minvoul, parmi lesquels une autorité religieuse : l’imam, d’origine camerounaise, de la ville. Ils risquent des peines de prison ferme et des amendes.
La fin du ramadan n’aura pas été festive pour l’imam de Minvoul. En compagnie de trois autres trafiquants d’ivoire, il a été pris en flagrant délit de vente d’ivoire dans un hôtel de cette ville du Woleu-Ntem.
L’opération, organisée dans nuit du jeudi 8 août à Minvoul par la Police Judiciaire d’Oyem avec l’appui de Conservation Justice et de WWF, a permis de mettre la main sur huit défenses d’ivoire. D’origine camerounaise, l’autorité religieuse entretient certainement une organisation qui permet l’évacuation de l’ivoire vers l’étranger. «Minvoul étant à la frontière camerounaise, les réseaux internationaux qui s’y développent facilitent l’évacuation de l’ivoire vers le Cameroun, et créent une insécurité tout comme des actes de corruption et de complicité locales. Dans ce cas précis, on constate une nouvelle fois l’efficacité de la Police Judiciaire d’Oyem qui a déjà opéré de nombreuses arrestations de trafiquants depuis une année», lit-on dans un communiqué de l’ONG Conservation Justice, daté du 9 août 2013.
«L’ivoire est destiné au marché extérieur et principalement asiatique en passant par plusieurs pays de transit. Ainsi, le réseau international EAGLE (Eco Activists for Governance and Law Enforcement) dont fait partie Conservation Justice opère également au Cameroun, Congo, RCA, Guinée et au Togo. Dans ce dernier pays, EAGLE a d’ailleurs collaboré avec les autorités togolaises mercredi dernier pour la saisie de plus de 700 kg d’ivoire. Sachant qu’il ne reste que 60 éléphants au Togo, on comprend aisément que l’ivoire saisi au Togo provient très généralement d’autres pays, en particulier d’Afrique centrale et donc du Gabon», explique Conservation Justice à travers son communiqué.
Le trafic d’ivoire, mais aussi la chasse, la capture, la détention, le transport et la commercialisation des espèces intégralement protégées sont interdits par la loi, notamment le Code forestier gabonais, et sont punis par des peines de prison 3 à 6 mois et des amendes allant de 100 000 à 10 millions de francs CFA. Mais, il ne s’agit là que d’une répression peu dissuasive, en comparaison avec le Congo voisin où l’emprisonnement peut aller jusqu’à cinq ans, ou encore le Cameroun qui prévoit jusqu’à 3 ans de prison. Le Gabon, dont le président est monté au front dans la lutte contre le trafic d’ivoire en détruisant, le 28 juin 2012, cinq tonnes d’ivoire issues des activités de chasse illégales, se doit de renforcer la coercition contre le trafic d’ivoire et pour la protection des espèces listées comme tel.
Conservation Justice qui se réjouit de l’efficacité de la Police judicaire d’Oyem, indique que l’imam de Minvoul et ses complices «devront rendre compte de leurs actes devant le Tribunal d’Oyem et risquent des peines de prison ferme et des amendes. Les Eaux et Forêts pourront également renforcer la procédure de la Police Judiciaire et se porter partie civile en réclamant des dommages et intérêts pour le dommage reçu.»