Au regard de la lenteur de l’enquête sur les crimes commis sur des centaines de femmes congolaise entre 1993 et 2003, il est maintenant question de la création d’un Tribunal pénal international en République démocratique du Congo (RDC). L’idée, soulevée en début du mois en cours par 52 personnalités féminines parmi lesquelles les anciennes ministres françaises, Roselyne Bachelot et Rama Yade, commence à faire son chemin.
Afin que soient jugés dans les plus brefs délais les crimes commis sur des centaines de femmes entre 1993 et 2003 dans l’Est de la RDC et répertoriés dans le «Rapport Mapping» de l’Organisation des Nations unis (ONU), paru en 2010, une cinquantaine de personnalités féminines ont signé une déclaration visant à tirer la sonnette d’alarme sur la condition de ces femmes vivant dans la région des Grands Lacs. Il est question d’ouvrir, à terme, une juridiction pénale pour condamner les individus qui se sont rendus coupables de viols, de torture et d’assassinat lors des guerres ayant secoué le pays, depuis 20 ans.
Pour les signataires de ladite déclaration, «ne pas ouvrir de Tribunal pénal international pour la RDC serait une discrimination à l’égard de la femme congolaise, un déni de justice internationale ainsi qu’un encouragement à commettre le génocide ou ‘’fémicide‘’. Car en effet, après publication du «Rapport Mapping» et la multitude de rapports sur la situation de ces femmes, nul n’est plus fondé à prétendre n’avoir rien vu, rien su, ni rien entendu.»
Ainsi, pour les 52 personnalités féminines dont la franco-colombienne Ingrid Betancourt qui ont apporté leur soutien à l’initiative de l’avocat congolais Hamuly Rély, les organisations internationales en charge du respect de la dignité humaine et de la justice, devraient penser à l’ouverture d’un TPI spécial en RDC. La mise en place de ce Tribunal «doit être faite pour faire connaître et dénoncer ces abominations, ces crimes monstrueux perpétrés contre les femmes en RDC», a indiqué à l’AFP, Françoise Héritier, professeure d’anthropologie émérite au Collège de France. En effet, la déclaration qui a été adressée au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, aux présidents français, François Hollande, et américain, Barack Obama, et à la présidente de la commission de l’Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, apparaît «nécessaire pour mettre fin aux crises récurrentes dans l’est de la RDC.»
Aussi, note Angélique Kipu, présidente de la Ligue pour le droit de la femme congolaise, «Il faudrait que tous les partis politiques, la société civile et les communautés locales s’engagent, que tout le monde s’investisse avec l’accompagnement de la communauté internationale, sinon je crains que tout ne soit bâclé. […] Or un tel tribunal pourrait vraiment décourager ceux qui veulent faire du mal.» A cet effet, renchéri l’avocat congolais Hamuly Rety au micro de RFI : «Le TPI a changé la donne au Rwanda, il a changé la donne en ex-Yougoslavie, il n’y a pas de raison qu’il ne change pas la donne au Congo.»