Détenu à la prison centrale de Libreville pour attentat à la pudeur, le franco-gabonais Eric Woronko, Responsable de Gestim, attend depuis trop longtemps d’être jugé : 20 mois. Une durée de la détention préventive que son avocat critique aujourd’hui. Y aurait-il un acharnement de la part de la justice gabonaise ?
Une année et huit mois. Telle est la durée de la détention préventive dont continue de faire l’objet le ressortissant franco-gabonais Eric Woronko. Trop long, juge son avocat dont la demande de liberté provisoire, introduite auprès des autorités judiciaires de Libreville, a été jugée irrecevable par la Cour. L’affaire, aussi banale qu’incompréhensible, débute en 2011 alors qu’une femme dénonce le prévenu pour «attentat à la pudeur», un délit mineur sur le fond, mais dont la véritable signification est encore loin d’être réellement définie. Si bien que d’aucuns n’y voient qu’un concept flou : «un délit fourre-tout», indique l’hebdomadaire La Loupe du 20 août 2013, qui relaie ce qui est en passe de devenir «l’affaire Eric Woronko», tant cette dernière alimente ragots et commérages.
En bref. Séparé d’une compatriote gabonaise depuis vingt-six ans dont il avait refusé d’adopter l’enfant, Eric Woronko avait, quelques années après accepté d’assurer la garde d’une jeune fille de huit ans que lui avait confiée une Française sur le chemin du retour. Au regard de l’«injuste» traitement en sa défaveur, l’ancienne concubine aurait juré la perte du patron de Gestim. Quelques années après, comme par enchantement, celle-ci se rend dans un commissariat de la place dans le but de dénoncer l’homme. Comment ? Pourquoi ? Et avec quelles preuves ? Seul un procès pourrait le déterminer.
Ainsi, sous fond d’une dénonciation pour un présumé délit encore mal défini à ce jour dans le monde juridique, Eric Woronko purge, dans la geôle Librevilloise une détention dite préventive de plus d’un an, au cas où l’idée de quitter le territoire national, pour ainsi se soustraire à la justice, lui passerait par la tête. Mais si toute détention préventive peut se justifier sur cette seule raison, évoquée par la Cour de cassation, rien ne justifie le fait que la justice gabonaise ait voulu délibérément prolonger celle-ci de plusieurs mois, en dépit de l’absence de véritables indices de culpabilité. De plus, si l’on s’en tient aux quelques informations recueillies dans le milieu, les critères conduisant à une détention préventive tiennent du fait que la liberté de l’accusé risque, d’une part d’altérer la sécurité publique, et d’autre part de fausser le bon déroulement de la justice, ceci, par sa fuite, la destruction des preuves l’incriminant ou la pression sur les témoins ou les victimes. Or, en plus du défaut de crédibilité de la femme l’ayant accusé, la cause de la prolongation de la détention de Woronko a bien du mal à passer.
En effet, relève le journal La Loupe, «le délai de vingt mois de détention préventive subi par le franco-gabonais, déborde largement celui prévu par le législateur en matière délictuelle. D’abord de six mois, puis de douze, et dans le cas d’extrême sévérité, de dix-huit mois.» Alors, «Qu’est-ce qui coince ?», serait-on tenté de s’interroger.
Pour Me Jean-Paul Moubembé, l’avocat d’Eric Woronko, son client subi injustement une détention dont la raison ne relève plus de rien. A cet effet, excédé par une telle «injustice» mais surtout par la trop longue attente d’un procès, et dans l’objectif de sortir son client de ce mauvais pas, il avait introduit auprès de la Cour de cassation une demande de liberté provisoire, hélas, jugée «irrecevable».