La capitale gabonaise croupit de plus en plus sous le joug des ordures et autres déchets qui pourraient générer de nombreuses pathologies et, pourquoi pas, une épidémie de type choléra. Du fait de l’inaction de la principale entreprise de collecte et de ramassage d’ordures de la ville, la population a entamé la destruction de ces déchets par le feu. Des feux de poubelle parsèment donc Libreville depuis un moment.
Du fait de l’incapacité de la Société de valorisation des ordures du Gabon (Sovog) de procéder au ramassage des ordures dans la cité et face au désespoir qui les gagne, les habitants des quartiers de Libreville où les tas d’immondices dans les rues ont pris d’énormes proportions, ont décidé de passer à l’action.
Par peur d’être des victimes de maladies dues à l’insalubrité en commençant par le choléra ou le paludisme dont le moustique vecteur trouve dans ces amas d’ordures des lieux de ponte, la population met dorénavant le feu à ces monticules de déchets.
Au PK 9, derrière le stade de Sibang, les jeunes, ne sachant plus quoi faire au regard de l’amoncellement des ordures qui a atteint le milieu de la chaussée, ont entrepris d’y mettre le feu, entrainant la destruction de la chaussée et une presqu’interruption de la circulation sur cet axe de contournement.
Près du dispensaire de Nzeng-Ayong, ce sont de grandes personnes qui ont mis le feu aux déchets. Pour eux, ces ramas entassés depuis des mois si près d’un hôpital recevant en permanence des nourrissons et enfants à bas âge pourraient être à l’origine d’autres maux. Il fallait donc les détruire au regard de la pourriture et des odeurs nauséabondes qui s’y dégageaient.
«On n’a plus le choix. Regardez-vous-mêmes : il y a un hôpital à dix mètres. Si on continue de laisser ces ordures ici, c’est l’hôpital qui va maintenant donner des maladies aux gens. On respire la pourriture de ces déchets jusque dans cet hôpital. Ce n’est pas normal. La Sovog ne fait plus son travail. Il fallait que quelqu’un fasse quelque chose», a déclaré un mécanicien exerçant dans le voisinage de ce dispensaire.
Dans la cité de ce même quartier, tout comme devant la mairie du 6e arrondissement et dans d’autres quartiers de la capitale, des jeunes ont également mis le feu aux résidus. Dans ce contexte, des bacs à ordures en plastique ont été emportés par de violentes flammes jaillies d’aérosols vides ayant explosé et autres débris inflammables parfois très dangereux. Des fumées noires sont donc souvent diffusées par ces feux de poubelles, de même que des explosions y ont souvent lieu, parfois au passage des piétons ou des automobilistes. Dans ces cas, on enregistre régulièrement des scènes de paniques. Le danger de cette pratique c’est la libération dans la nature de différents gaz toxiques, notamment du dioxyde de carbone, très dangereux sinon toxique à mort.
Pour le Gabon qui se veut pionnier dans la protection de la nature en Afrique, ces feux produisent l’effet inverse. «On se demande si le gouvernement sait même ce qui se passe dans les quartiers. On voit le porte-parole de la présidence faire des promesses tous les jours sur cette affaire d’ordures, mais on ne voit rien venir et la population continue à subir. Il faut que ça change», a lancé un habitant du PK 8.
Cette situation traduit au final les difficultés de la Société de valorisation des ordures ménagères du Gabon (Sovog), devenue Clean Africa, à assurer ses missions, mais surtout l’indifférence du gouvernement sur cette question. Cependant, depuis la cession de la collecte d’ordures à la Sovog et la pression démographique galopante à Libreville, cette société éprouve des difficultés à remplir convenablement son contrat. Plusieurs facteurs expliquent cela, notamment l’incivisme des populations qui ne respectent pas les heures de ramassage des ordures, le mauvais état du réseau routier, le manque de matériel roulant, de même que le plein de la décharge de Mindoubé.
