A quelques semaines de la rentrée des classes au Gabon, le temps mérite qu’on s’attarde un peu sur les zones rurales qui de tout temps sont les laissés-pour-compte de l’éducation nationale. Au centre du débat, c’est encore la problématique du manque d’enseignants qui fait couler encre et salive.
Si l’on peut passer sur la problématique des salles de classes, l’on notera malheureusement que la situation des écoles dans les bourgades enclavées du pays entier, n’est pas exceptionnelle. La plupart des écoles en zone rurale sont confrontées au manque criard de maîtres. Trois ou quatre instituteurs pour six classes semble être devenu la norme. Pire, le personnel enseignant ne se réduit parfois qu’au directeur et à un seul vacataire, dans certaines zones. La situation a même tendance à devenir banale et n’est que plus paradoxale quand on sait que des milliers d’instituteurs sont formés chaque année.
«C’est un dossier complexe», explique un agent du ministère de l’Education nationale. «On envoie les pères et mères de familles travailler dans des zones reculées où il n’y a rien du tout. Mais le résultat ne peut qu’être la défection. Tout le monde aspire à un mieux vivre et être», lâche-t-il. L’Etat gabonais depuis quelques années met l’accent sur les infrastructures structurantes du pays. Mais cela reste terriblement insuffisant au point que des zones arriérées du pays devront encore compter des années pour se voir touchées. Entre temps, les populations qui y vivent doivent continuer avec leur quotidien, prenant ainsi un retard considérable sur la marche globale du pays.
Certaines localités n’ont même pas d’écoles primaires. Si elles en disposent, ce sont parfois des écoles qui n’offrent que le strict minimum pour la scolarisation des enfants. Pas d’électricité, pas d’eau potable, pas de latrines, ni de bibliothèque et autres commodités relatives au fonctionnement régulier d’une telle structure. De l’autre côté, il manque de routes praticables en toute saison pour accéder en ces régions. Du coup, le voyage est comparable à torture.
Ces quelques maux font que les enseignants qui y sont affectés déchantent très vite. Ils rebroussent chemin sans demander leur reste et viennent «négocier» à Libreville pour se faire affecter ailleurs il fait bon vivre. Dans ce contexte, on se retrouve alors avec un trop plein d’enseignants dans de grands centres urbains alors que les localités reculées sont délaissées.
Pour ceux qui résistent comme les directeurs d’écoles, ils se résolvent souvent à dispenser les cours dans quatre classes en plus de leur travail de coordonnateur de l’établissement. «La situation est vraiment préoccupante. Si je ne procède pas ainsi, nous ne nous en sortirons pas. Nous aurons carrément des salles de classe sans maître. Pour colmater les brèches, je regroupe tous les CM1, puis tous les CM2 pour que tous les enfants soient instruits. Mes trois autres collègues font pareil avec les autres niveaux», explique un directeur exerçant dans le sud du Gabon.
Selon certains observateurs, la gent féminine qui domine les effectifs d’enseignants dans le primaire est pour beaucoup dans le déséquilibre constaté. Elles retournent généralement dans les villes au prétexte d’un rapprochement avec leur époux. Le problème est ici à nouveau évoqué pour que les autorités de l’Education nationale le prennent à bras le corps. «La jeunesse est sacrée», disait le président Omar Bongo. De ce fait, son épanouissement actuel et futur passe par une bonne éducation et une bonne formation.