Alors que les carottes semblent cuites pour Jean-François Ntoutoume Emane, et que ses chances de reprendre la gestion de l’Hôtel de ville au compte du Parti démocratique gabonais (PDG) s’amenuisent à mesure qu’on s’achemine vers les élections locales, Hugues-Alexandre Barro Chambrier apparaît comme le prochain candidat adoubé par le parti présidentiel en vu de doucher les espoirs Jean Eyeghe Ndong. Mais pour qui roule le fils de Chambrier ?
Si l’on s’en tient à la norme, officieuse, établie par l’ancien président, feu Omar Bongo, après la gestion de la mairie centrale de Libreville par un Fang de l’Estuaire, le tour revient sans conteste à un Myènè. Vu de cette façon, Jean Eyeghe Ndong, avec le soutien ou non du chef de l’Etat, devrait revoir sa copie et laisser la place à son ancien «camarade», Barro Chambrier, du moins s’il advenait que le PDG investisse le dernier cité pour le représenter aux élections locales de novembre prochain. Rien n’est donc encore assuré pour le Myènè à qui devrait revenir le poste tant convoité.
Rien. Surtout que «la norme», si tant est qu’elle semblait parfaitement établie et quasiment inusable sous le règne du père, à l’ère du fils, bien malin qui oserait jurer de l’investiture de Barro Chambrier et de sa victoire par la suite. Qu’à cela ne tienne, l’homme que l’on dit «bien élevé et qui ne dit jamais un mot plus haut que l’autre» (La Loupe, n°145), fait son petit bonhomme de chemin depuis un certain temps et, quelques fois, s’est volontiers vu «contraint» par éthique et respect pour les riverains de la capitale, de revenir sur la gestion non moins scabreuse et quasiment «irresponsable» de la citée par son camarade Ntoutoume Emane, mettant en exergue l’insalubrité de la ville.
Si Alexandre Barro Chambrier est le député du 1er siège du 4e arrondissement de Libreville et qu’il a déclaré ne pas être intéressé par la mairie de Libreville, on se souviendra aussi de ce que Richard Auguste Onouviet, déjà député, avait figuré sur une liste pour les municipales à Lambaréné, il y a deux mandatures. Mais surtout, on se souvient de l’attaque à peine voilée de Barro Chambrier, le 7 août dernier, contre la maire sortant de Libreville : «Il est temps pour les uns et les autres de tirer les conséquences quant à leurs actions passées. Moi, je suis député pour cinq ans. Je suis donc pas candidat au poste de maire de Libreville. Mais une chose est sure, Ntoutoume Emane doit se retirer après avoir obtenu tout ce qu’il a obtenu. Il doit libérer le poste pour permettre au Président Ali Bongo Ondimba de choisir un jeune compétent qui fera de notre ville, une ville belle et prospère. Je lui conseillerais donc de se retirer au lieu de chercher à s’accrocher à tout prix.»
Ainsi, cinq ans après, il faut que les choses changent et que la nouvelle garde, plus vive, plus au fait des réalités vécues par les riverains, prenne la place des hommes jugés trop «vieux» et quelque peu lents à la détente. Pour ce faire, il convient que Barro Chambrier, s’il le souhaite, soit officiellement investi par le PDG pour briguer le poste de maire de Libreville. Un des postes, somme toute, parmi les plus attrayants sur la capitale. Pour quelles raisons ? Seuls les candidats le diront.
Ainsi, Hugues Barro Chambrier investi par le PDG, il est fort à parier que le combat sera parmi les plus mémorables. D’autant plus que l’homme, contrairement à de nombreux hommes politiques du pays voire des six arrondissements de la capitale, bénéficie du respect des populations de tous bords grâce, dit-on, à «son comportement et ses manières posés» qui lui seront d’un grand apport au cas où il recevait la bénédiction du Parti, et donc du Président de la République.
L’alternance Mpongwè/Fang à la mairie de Libreville est cependant un fantasme et elle n’a jamais vraiment été respectée en tant que tel, puisque, sous les années Omar Bongo, on a successivement eut Léon Mébiame (Fang, 1968-1975), Samuel Minko (Fang, avril à décembre 1975), Lubin Martial Ntoutoume Aubame (Fang, 1976-1983), Jean Avéno Davin (Mpongwè, 1983-1989), Claude Damas Ozimo (Mpongwè, 1989-1997), Paul Mba Abessole (Fang, 1997-2003), André Dieudonné Berre (Mpongwè, 2003-2007), Alexandre Ayo Barro (Mpongwè, intérim de 8 mois, mai 2007-janvier 2008), Lambert Noël Matha (Ndumu, président de délégation spéciale durant 5 mois, janvier à mai 2008) et Jean-François Ntoutoume Emane depuis le 19 mai 2008. Deux Fangs peuvent donc se succéder, tout comme deux Mpongwè (Myènè), ainsi qu’on peut le constater dans cette rétrospective.
Vraisemblablement, Hugues-Alexandre Barro Chambrier va tout simplement en guerre contre Ntoutoume-Emane. Mais alors, pour qui roule-t-il ? Si tant est qu’un député peut se porter figurer sur une liste pour les municipales, la réponse pourrait se trouver parmi les hiérarques du PDG qui étaient présents à sa causerie politique du 30 août 2013 au quartier Akébé-Djogou : l’ancien ministre Aurelien Ntoutoume, les députés Gabriel Malonga Mouel, et Vincent de Paul Gondjout, le sénateur Claude Damas Ozimo, le général à la retraite Séraphin Omanda. Mais les deux derniers sont «vieux», comme Ntoutoume Emane. Alors ?