La Présidence de la République gabonaise, auteure de «détournements de fonds» ? L’idée semble folle et très osée. Pourtant, au regard du silence de certains agents censés contrôler officiellement l’exécution du budget, il subsiste quelques doutes à ce jour. On n’est en tout cas pas certain que les fonds cumulés du budget depuis 2011 aient véritablement servis au seul développement du pays.
Les budgets de 2011 à 2013 auraient servi à d’autres fins, à en croire certaines indiscrétions prêtant à la Présidence de la République d’avoir «détourné» pour d’autres besoins, notamment personnels, les deniers de la nation. Le journal Echos du Nord (n°195 du 2 septembre 2013) qui, comme de nombreux confrères, s’est intéressé à cette affaire pour le moins curieuse, s’est interrogé sur la réelle destination des budgets des années 2011, 2012, et 2013 en République gabonaise. Si les trois années ont été marquées par une multiplication incessante des projets à travers le pays, aussi bien dans le domaine du transport, de la santé, de l’alimentation tous azimuts que du sport, il n’en demeure pas moins que le silence des agents chargés du contrôle de l’exécution effective du budget laisse place à de nombreuses interrogations de la part des hommes des médias ou des scientifiques qui entreprendraient des recherches.
Selon Echos du Nord, l’omerta tirerait sa source de la peur de ces agents, mais surtout de leur méconnaissance des limites à donner au concept de «Projets transversaux» qui aurait englouti une bonne partie des exercices budgétaires cumulés de 2011 à 2013, soit 1 235 milliards de francs CFA, comptabilisés dans un chapitre qui ferait polémique. En effet, selon l’hebdomadaire, le véritable montant cumulé des trois années d’exercice s’élèverait à 1 590 milliards de francs CFA. Or, officiellement, il est indiqué par les autorités que cette somme s’élèverait à 355 milliards de francs CFA. Une véritable caserne d’Ali Baba dont seules des autorités de la Présidence détiendraient la clé.
À en croire les journalistes qui ont regretté l’omerta dans les différentes administrations dans lesquelles ils se sont rendus pour recueillir davantage d’informations et lever le mystère autour de cette affaire, «le trésor de la Présidence de la République détiendrait le détail sur l’usage des fonds incriminés.» Que serait donc devenue la décision d’instituer en un unique groupement les différentes caisses de l’Etat ? Seuls les intéressés y répondront. Ce que s’est finalement résolu à faire un député du parti présidentiel (PDG), approché par Echos du Nord.
Pour cet élu, aucune fraude, même de la part du Président de la République n’est envisageable. «Le chef de l’Etat, en ayant l’œil directement sur les projets transversaux, va éviter les trop nombreuses évaporations des ressources financières affectées aux projets, comme le Gabon avait l’habitude.» L’institution des «projets transversaux» dans les différentes lignes budgétaires seraient de ce fait, l’une des meilleures idées que le Président de la République ait eu. Gageons que cela atteigne l’objectif escompté.