Vraisemblablement, les anciens ouvriers d’Areva supposés avoir été contaminés par la radioactivité vont bénéficier, dans les semaines à venir, d’une nouvelle séance de visites concernant leur état de santé. Ce qui pourrait déboucher sur une prise en charge et une indemnisation.
Mis en place le 19 octobre 2010 pour apaiser les inquiétudes des anciens ouvriers du groupe nucléaire français Areva, l’Observatoire de santé de Mounana (OSM), semblait, depuis lors, avoir accouché d’une souris. En effet, le silence qui avait suivi la création de l’OSM donnait quasiment raison aux anciens employés et riverains qui ne croyaient pas en cette initiative menée conjointement par l’Etat gabonais et un groupe d’anciens travailleurs des mines d’uranium du Gabon. Pourtant, lors de la dernière rencontre des responsables et experts du centre de recherche, le bureau directeur avait annoncé la possibilité de prendre en charge les anciens travailleurs de la Compagnie des mines d’uranium de Franceville (Comuf). Mais trois années après, ni la société ni l’Observatoire n’avaient plus officiellement communiqué sur l’avancement des études.
Mardi 10 septembre dernier, à la surprise des anciens ouvriers, de nouvelles consultations ont démarré à Libreville pour déterminer leur contamination ou non, suite à leur activité dans les mines d’uranium, minerais «naturellement radioactif», ainsi que le rappellait Radio France internationale (RFI). Ainsi, fini les mauvais souvenirs et surtout le sentiment de méconnaissance dont semblaient faire preuve la société minière et le gouvernement. Même que l’Observatoire, dès l’annonce de sa création, avait suscité la suspicion des habitants de Mounana, petite ville au Sud-est du Gabon, qui ne demandaient qu’à être respectés dans leurs droits.
Mais, comble de la moquerie, un an après les premiers prélèvements sanguins et une batterie de radios pulmonaires, aucun patient n’avait reçu les résultats de ses examens médicaux. Si bien que ces derniers avaient fini par soupçonner le médecin chargé des entretiens d’avoir reçu des consignes lui indiquant d’abandonner au regard des fameux résultats. Surtout que le Dr Angélique Kombila qui avait commencé ce travail a été renvoyée sans raisons officielles, il y a quelques années. Curieux !
Aujourd’hui, indique-t-on, l’analyse de sang et la radiographie du thorax sont les principaux examens de laboratoires qui seraient pratiqués sur chaque patient : un examen qui ne prendrait qu’une heure à effectuer. Une initiative louable mais bien trop tard pour Gaston Mauvais Atangatier Ipouli, ancien ouvrier d’uranium qui, au micro des confrères de RFI a déclaré : « Ce sont des dispositions qui auraient pu être mises en place pendant que la société fonctionnait parce qu’on a perdu beaucoup de collègues qui sont morts de la radioactivité sans traitement.» De 1980 à 1982, l’homme raconte être descendu au fond de la mine en qualité d’aide géologue. Trente ans après son départ, c’est bien la première fois qu’il bénéficie d’une telle consultation, a-t-il déploré.
En trois ans, note-t-on, l’Observatoire de santé de Mounana a pratiqué 750 consultations sur un total de 1 500 ouvriers. Aucun patient cependant n’a été déclaré malade suite à ses activités dans la mine. Pour le Dr Catherine Ondo Eyene, principal médecin consultant, «quand il y a quelque chose de suspect, les dossiers passent en comité médical. Ce n’est pas tout de trouver quelque chose d’anormal, il faut trouver quelque chose qui soit en lien avec le travail que la personne a fait dans la mine». Aussi, les experts ont indiqué que dans quelques semaines, le comité scientifique se réunira à Libreville pour décider de reconnaître ou non les premiers cas des victimes de l’uranium. Une reconnaissance qui découlera notamment sur une prise en charge médicale et une indemnisation des victimes. Mais la décision sera classée secret médical, préviennent-ils. Mystère !