Rappeur d’origine haïtienne même s’il est né Guadeloupe, le rappeur Kery James, a créé le buzz et suscité une vive polémique auprès de certains acteurs politiques français, pour avoir interprété, le 7 septembre lors de la cérémonie d’ouverture des jeux de la francophonie qui se jouent actuellement à Nice, une chanson titrée «Banlieusards». Drôle de francophonie !
Interprétée par Kery James, en présence du président Français, la chanson «Banlieusard» pourrait avoir créé la première grande polémique des 7èmes jeux de la francophonie. Elle n’est, en effet, pas passé inaperçu. Le député maire de Nice est en colère contre l’artiste.
Hué par une partie du public, le rap de Kery James, autoproclamé «conscient», qui se nourrit du quotidien des banlieues et pourfend «les inégalités dans la France d’aujourd’hui», a provoqué l’ire immédiate d’Eric Ciotti, le député et président du conseil général des Alpes-Maritimes, et de Christian Estrosi, député maire de Nice. «Cette chanson qui appelle à la révolution dans les banlieues n’avait pas sa place ce soir. Au delà de tout, quelle image donne-t-elle au monde francophone de notre pays?!»
Quelques minutes après la fin de la cérémonie, Eric Ciotti, avait twitté : «Hollande et Benguigui imposent une chanson scandaleuse et inappropriée sur la révolution des banlieues aux Jeux de la Francophonie». Et d’ajouter : «Affirmer qu’il y a deux France, alors que la France est l’hôte de 55 nations et devait montrer son unité, est une faute morale».
Ce rap pur et dur a été filmé intégralement et posté sur Youtube dans la matinée de dimanche 8 septembre. «Banlieusards et fier de l’être. On n’est pas condamné à l’échec !», scandait le rappeur lors de sa prestation sans accroc, hormis quelques sifflets mêlés aux applaudissements à la fin de son morceau.
Elus de l’UMP, Eric Ciotti et Christian Estrosi ont regretté un «drôle de choix», imposé selon eux par le président de la République, François Hollande, et la ministre de la Francophonie, Yamina Benguigui. Nadine Morano, ancienne ministre et présidente du groupe UMP au Conseil régional de Lorraine, leur a emboité le pas, le dimanche 8 septembre, sur Twitter. «Cette chanson n’avait pas sa place aux jeux de la Francophonie», a-t-elle écrit.
«Les choix artistiques» de cette soirée d’ouverture qui mêlait notamment Isabelle Boulay, Grand Corps Malade et Magic System, ont «été menés d’un commun accord avec le CNJF» et n’ont «pas du tout été imposés», a cependant assuré Yamina Benguigui, ministre déléguée chargée de la Francophonie et représentante personnelle du président de la République pour la Francophonie, qui, par la suite sur France 2, a cité les paroles incriminées : «Ce que la France ne nous donne pas, on va lui prendre, je ne veux pas brûler des voitures mais en construire et en vendre.» Et d’en conclure : «On a coupé cette phrase en deux, c’est dommage».
«Banlieusards», la chanson incriminée, «est une œuvre citoyenne, elle met en avant des valeurs comme l’éducation, le travail, l’autonomisation» et «quand il parle de révolution, c’est de révolution civique», un «message qui va au-delà de la France […], qui parle à Dakar […], à la jeunesse de Bamako, de Tunis», à «une Francophonie qui souffre actuellement», expliqué Yamina Benguigui. Et de souligner qu’à l’issue de la cérémonie à laquelle il assistait, le président sénégalais Macky Sall avait invité Kery James et sa chorale à participer à la cérémonie d’ouverture du prochain sommet des chefs d’État francophones qui aura lieu à Dakar en 2014. Si tant est que l’on célèbre véritablement les valeurs de l’espace francophonie dans un pays qui prône la liberté et l’égalité des droits, on se demande réellement les mobiles de ce gène de certains gouvernants de France. Bravo l’artiste !