L’apprentissage des langues nationales est désormais soutenu par une nouvelle initiative privée, celle d’une maison d’édition de livres éducatifs, Unik Africa, qui a choisi de croire en la richesse de ce patrimoine culturel que sont les langues gabonaises et de les valoriser, en les faisant passer de la simple expression orale à la nécessaire expression écrite, susceptible de prolonger la vie de ces langues qui font vivre des cultures de peuples entiers.tl_files/_images/Articles Image/unik 2.jpg
« Le dictionnaire des Mwanas » a fait sa sortie officielle vendredi dernier à l’école publique d’Okala, un cadre tout à fait particulier pour rappeler que cet ouvrage est d’abord destiné aux enfants qui apprennent dans la langue française et qui pourraient apprendre aussi les langues de leurs ancêtres.
L’œuvre, saluée par la critique depuis plusieurs mois, a fait sa première apparition au Salon International du Livre et des Arts de Libreville (SILAL) en avril dernier avant de réapparaître au New-York Forum Africa qui s’est tenu à Libreville au mois de juin. Il fallait tout de même procéder à un lancement beaucoup plus officiel pour expliquer surtout à tous les partenaires de l’éducation, à tous les protecteurs des langues locales et à tous les potentiels usagers de ce dictionnaire comment le projet a vu le jour et pourquoi il constitue une référence.tl_files/_images/Articles Image/unik 2 – 2.jpg
« Nous sommes très fiers de ce produit car quand nous avons commencé, c’était dans des conditions difficiles », a rappelé, soulagée et nostalgique, Angèle Yéno Traoret, PDG de Unik Africa. Mais le projet avait besoin de ces sacrifices car « nous avons réalisé à quel point nos langues nationales ont besoin d’exister », a précisé Angèle Yéno Traoret.
Il y a donc, au-delà d’une recherche de bénéfices légitime pour une PME qui a besoin d’être viable, une envie de contribuer à la lutte contre la disparition à long terme des cultures spécifiques aux peuples du Gabon et notamment des langues.
« Le dictionnaire des Mwanas contribuera à réintégrer la langue vernaculaire dans la cellule familiale », s’efforce d’expliquer Unik Africa.
Une telle initiative ne pouvait ne pas avoir le soutien des partenaires de la culture et de l’éducation. En témoigne la contribution de l’UNESCO, du LUTO DC et de l’IPN, tous présents autour de la table vendredi dernier à l’école publique d’Okala. « L’apport de LUTO était indispensable, l’IPN nous accueillis à bras ouverts et l’UNESCO était charmé par e projet et nous a proposé un contrat de partenariat et des contacts nécessaires », a ajouté Angèle Yéno Traoret.
Pour le LUTO DC, célèbre laboratoire universitaire de tradition orale, « le Dictionnaire des mwanas est une référence lexicographique destiné aux petits enfants », a tenu à préciser Paul Achille Mavoungou, maître de conférence à l’UOB, qui a ajouté que « l’engagement de Unik Africa nous rappelle à tous qu’il nous faut nous mobiliser pour sauver nos langues ».tl_files/_images/Articles Image/unik 1 – 1.jpg
Pour l’UNESCO, l’initiative rappelle à quel point le Gabon tient à sauver des dizaines de langues qui comptent pour certains jusqu’à moins de cent locuteurs, le cas de l’éviya, par des efforts scientifiques et académiques importants. « Il existe, dans ce sens, une école linguistique gabonaise », a soutenu le représentant multi pays de l’UNESCO pour le Gabon, la Guinée-Equatoriale et Sao Tomé et Príncipe.
Théophile Maganga, Directeur de l’Institut Pédagogique National (IPN), a recommandé, une nouvelle fois, l’édition et la publication de cet ouvrage au bénéfice du système scolaire gabonais tout en privilégiant l’aspect communication et sensibilisation. « L’IPN soutient toutes les initiatives qui vont dans le sens de préserver nos langues ».
« Le dictionnaire des Mwanas » a été édité pour cinq langues. L’Omyènè, le Fang, le Yipunu, le Nzébi et le Lembaama. Le choix répond à des critères établis au départ et qui sont ceux de l’importance de locuteurs et des travaux scientifiques déjà effectués.
Le LUTO a encouragé Unik Africa à travailler sur d’autres langues. Mais cela devrait se faire, pour le représentant de l’UNESCO, dans le cadre d’un partenariat public-privé entre le ministère de l’éducation nationale et la maison d’édition Unik Africa.
Près de 2000 exemplaires ont déjà été vendus, un vrai best seller qui révèle l’attachement des Gabonais à leur culture. De nombreuses écoles privées ainsi que l’Ecole Nationale Enfants Déficients Auditifs (ENEDA) ont fait d’importantes commandes à Unik Africa qui en attend bien d’autres.
Pour cette PME qui avait déjà fait ses preuves dans la conception de stratégies de marketing et des campagnes publicitaires des administrations publiques et privées, le défi de l’édition était nécessaire.
« Le dictionnaire des Mwanas » de niveau 1 est disponible dans plusieurs grandes surfaces et librairies. En attendant le niveau 2, les enfants et les plus grands peuvent apprendre ou réapprendre avec Papito et Jolica à compter et à lire dans leurs langues.tl_files/_images/Articles Image/unik 3 – 3.jpg