Il y deux semaines, un collectif d’étudiants annonçait une grève illimitée au sein ce l’Université Omar Bongo (UOB). Ayant été mise en pratique de manière pacifique, ce mouvement d’humeur n’avait pas entravé le fonctionnement de l’université, mais avec l’exclusion de plusieurs grévistes par les autorités universitaires, la tension semble être montée d’un cran et les grévistes parlent désormais de «nettoyer l’université».
C’est une des traditions les plus indéracinables du pays. Cette année encore la rentrée académique ne s’est pas faite sans grève, notamment à l’Université Omar Bongo (UOB). Entre les nombreuses revendications des enseignants et le traditionnel désaccord opposant les étudiants et l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG), rien ne semble pouvoir changer ces mésintelligences qui, chaque année, ouvrent les cours à l’UOB. Rien, si ce n’est de se conformer à cette donne. Depuis deux semaines, des étudiants mènent une grève qui à ses débuts était présentée comme une revendication pacifique par un ensemble d’étudiants dont la bourse d’étude avait été «injustement» suspendue par l’ANBG pour des raisons que ces apprenants ne s’expliquent pas jusque-là, malgré une lecture assidue des dispositions fixées par l’Agence. Toute chose qui aurait donc eu pour conséquence de mécontenter les étudiants.
Ainsi, le 28 août dernier, un collectif d’étudiants de l’UOB avait publié, sur son journal en ligne, un plaidoyer relatif à la divergence apparue dans l’application des articles 19, 24 et 40 du nouveau décret 0404 pris le 26 septembre 2012 par l’ANBG. Pour les étudiants grévistes, les responsables de cette agence, en tête desquels son président Etienne Massard, semblent ne pas être en adéquation avec leurs propres principes. A cet effet, estiment les étudiants, la disposition fixant les nouvelles conditions d’attribution, de suspension et de non-attribution des bourses aux étudiants en situation de réussite en République gabonaise aurait tout simplement été mise de côté pour laisser place à un traitement subjectif des dossiers par les autorités de l’ANBG. Et comme pour ne rien arranger à la situation, la grève entamée il y a deux semaines par certains étudiants dont la bourse avait été suspendue ou non-accordée, les autorités universitaires auraient eu recours à de nombreuses exclusions, histoire de doucher certaines ambitions négatives. Ce qui, en revanche a, semble-t-il engendré l’effet inverse. Plus déterminés que jamais, les grévistes ont annoncé la couleur.
Le 20 septembre dernier, sur sa page Facebook, le collectif des étudiants a publié un bref message dont la concision disait tout de sa détermination : «Toute l’équipe est priée de se tenir prête. Nous devons nettoyer l’Université, ce sera la seule façon de se faire respecter. Le monde entier sera témoin en cas de…» Un appel qui donnerait presque froid dans le dos si l’on n’était pas sûr que les forces de Police nationale ou de la Gendarmerie nationale ne soient envoyées en faction à l’UOB, pour le bien de tous, diront certains. Qu’à cela ne tienne, joint par Gabonreview, l’un des représentants des grévistes a indiqué que les raisons de la tension viennent du déni des autorités universitaires qui semblent «encourager» les responsables de l’ANBG. Pour preuve, a-t-il relevé, l’étudiant en Licence au Département de Droit, Bibang Bi Mve, aurait été définitivement exclu de l’UOB ; le président de la mutuelle de la Faculté de Droit et des sciences économiques (FDSE) aurait quant à lui été exclu pour six mois, en compagnie d’autres étudiants.
De là sont donc nés plusieurs messages haineux et tout aussi extrémistes qui ne justifient pas toujours la revendication des grévistes. Parmi l’ensemble des réactions démesurées puisées dans le journal du collectif, on peut lire : «Le lieutenant Tubercule appelle au rassemblement de toutes les troupes à la mort comme à la mort. Mort comme vif, nous vaincrons l’ennemi. Hasta la victoria, siempre !», publié le 21 septembre 2013 en réponse à l’appel du 20 septembre, et notamment à la décision de l’ANBG et de l’UOB. Mais assure, l’un des intéressés, «les réactions qui apparaissent sur notre page en ligne ne sont pas forcément les propos et les intensions des principaux représentants du collectif. Nous attendons une prochaine rencontre avec les autorités de l’ANBG et celles de l’UOB pour prendre une décision finale. Mais une assemblée générale (AG) est prévue pour ce lundi 23 septembre qui déterminera quelle attitude adopter après les nombreuses exclusions de nos compagnons. Il semble que la revendication est désormais interdite à l’UOB, de nos jours. C’est dramatique ! »