On en parle depuis quelques mois : les Gabonais sont devenus hostiles voire agressifs. Et pour cause : la libre circulation des personnes en zone Cemac. Rejetée par une importante partie de la société, l’idée devrait pourtant se matérialiser en janvier prochain, à en croire les hautes autorités des différents Etats concernés. Même les Forces de police nationale (FPN) en ont peur.
Alors qu’Alain Claude Billie By Nzé, le porte-parole de la Présidence de la République gabonaise, lançait haut et fort à qui voulait l’entendre, il y a quelques mois encore, que le Gabon, ouvert au monde et notamment à l’intégration sous-régionale, ne reviendra pas sur la question de la libre circulation des biens et des personnes au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), de nombreux individus craignaient déjà le pire.
Le Gabonais lamba, non content de se complaire dans sa légendaire paresse, avait lancé : «Ils (les voisins) viendront nous envahir et prendre notre argent ici.» D’aucuns auraient eu des sueurs froides. C’est dire ! Pourtant, fermes et déterminés, le porte-parole et celui dont il porte la voix, ont juré par tous les dieux de mettre en pratique la décision prise à Libreville, le 14 juin 2013 par tous les Chefs d’Etat de la zone. Généraliser la mesure portant libre circulation dans tous les pays de la sous-région dès le 1er janvier 2014, est désormais l’une des nombreuses missions du gouvernement gabonais et particulièrement une de plus qui intègre parfaitement l’objectif du pays de viser l’émergence d’ici à 2025 au plus tard.
Mais, quelque peu désarçonnés, voire pris de court par une telle décision, les hommes d’armes et les agents des forces gabonaises de l’ordre se sont demandé quel serait leur apport et leur rôle dans ce nouveau paradigme. Faudra-t-il laisser circuler tout le monde sans qu’aucun contrôle ne soit fait ? Et leur importance, alors ? Ne serait-elle pas reléguée au moindre ? Face à autant d’interrogations mêlées d’incertitude, il a semblé nécessaire, selon le commandement en chef des Forces nationales de police (FNP) d’organiser une réunion, mieux, une campagne dite de vulgarisation afin de renseigner les agents des forces de l’ordre sur les nouvelles dispositions relatives à l’exercice de leur noble fonction qui s’avèrera plus importante et plus utile qu’on ne l’imaginait.
De nombreuses personnes ont déblatéré sur les avantages que constitue la libre circulation des personnes en zone Cemac oubliant volontairement les risques encourus quant d’autres, plus pessimistes ou «trop patriotes», c’est selon, se spécialisés dans l’analyse des conséquences de la décision, la peur au ventre et la sueur perlant sur le front.
Bref, les FNP pour leur part, sous l’impulsion du général Léon Mistoul, ont invité, vendredi 25 octobre dernier, le colonel Célestin Embinga à rassurer les agents sur l’avenir. En effet, à un peu plus de trois mois de la mise en pratique de la libre circulation des personnes tant redoutée, l’intervenant a déclaré d’entrée de jeu : «Libre circulation des personnes ne signifie pas installation.» Un peu limite pour tenter de rassurer les policiers, mais c’est mieux que rien, indique-t-on dans l’assistance où le colonel a décelé, dès l’entame, une certaine frilosité lorsqu’il évoquait la question relative à la suppression du visa pour les ressortissants de la Cemac. Suppression du visa, trafic de pièces d’identité, difficulté d’obtention de passeports dans la plupart des pays de la zone (si ce n’est tous), il est évident que les agents des FNP qui craignent déjà le pire, auront fort à faire à partir du 1er janvier 2014. Chaud devant !