Sidonie Flore Ouwé, procureur de la République près le tribunal de Libreville, avait annoncé, le 19 juillet 2013, l’amorce du démantèlement d’un réseau transnational de proxénètes ayant pignon sur rue à Libreville et l’un de ses grands acteurs, un certain Alex Eckembe, fut présenté ce jour-là à la presse. Quatre mois après ce remue-ménage, qu’en est-il exactement ?
Sidonie Flore Ouwé, procureur de la République près le tribunal de Libreville, a révélé, le 19 juillet dernier, qu’un homme d’une quarantaine d’années, haut cadre de l’administration gabonaise (anciennement directeur de cabinet dans un ministère), avait été arrêté et mis sous mandat de dépôt. Il était reproché à cet homme, nommé Alex Eckembe Ntsiantou, d’entretenir alors un réseau de proxénètes ayant des ramifications au-delà du seul Gabon. Selon le procureur, l’homme recrutait des jeunes filles d’horizons divers à travers un réseau ayant des ramifications en Afrique du sud et au Cameroun notamment et vendait leurs charmes.
Depuis le placement d’Alex Eckembe sous mandat de dépôt, le rideau est tombé sur ce qui ressemblait bien à un show médiatique et plus rien n’a filtré de l’affaire. Or, vu le mode de publicité alors utilisé, le commun des Gabonais s’attendait à ce que les résultats des enquêtes soient divulgués avec le même tintamarre. Un black-out assourdissant jusqu’à ce que, le 26 août 2013, le journal Echos du Nord n’y revienne sous le titre «Alex Eckembé menace». L’hebdomadaire révèle en effet que depuis «Sans-Famille», le pénitencier de Libreville, où il est en détention Alex Eckembé avait lancé des signaux clairs à ses «geôliers», leur faisant alors savoir qu’il risquait de demander «l’assistance» de Téodorin Nguema Obiang Mangue, deuxième vice-président de la République de Guinée équatoriale, et de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Comme quoi, le présumé proxénète disposait d’un carnet d’adresses bien garni.
Echos du Nord est revenu, le lundi 28 octobre 2013, ce dossier en indiquant : «Alex Eckembé bientôt Libre». Le journal révèle que «l’ordre de le relaxer est venu de très haut». Et de se demander s’il s’agit d’une mesure humanitaire, dans la mesure où le présumé coupable de proxénétisme est dans «un état de santé critique depuis la semaine dernière» ou encore est-ce parce l’homme a menacé de faire des révélations pouvant «faire sauter vingt fois la République».
Quelles révélations fracassantes pourrait donc faire Alex Eckembé ? L’ordre de le libérer venant de très haut, ainsi qu’indiqué par Echos du Nord, cela ne signifie-t-il pas que cette affaire de meurs concernerait de très hautes personnalités gabonaises ? Si oui, lesquelles ? Alex Eckembe ayant la quarantaine, ses deux soutiens internationaux cités ayant également la petite quarantaine, qui donc ayant cette tranche d’âge dans les hautes sphères du Gabon pourrait être éclaboussé par les révélations brandies ? Comment expliquer qu’un fonctionnaire jusque-là anonyme et arrivé au ministère des Affaires étrangères il y a quatre ans seulement ait pu accéder aux personnalités étrangères citées ? Autant de questions qui n’auront sans doute jamais de réponses, peut-on être assuré, mais qui continueront à trottiner dans la tête des gens et à alimenter autant de suspicions que d’extrapolations. Si le concerné venait à être libéré, Sidonie Flore Ouwé gagnerait à organiser le même battage médiatique pour couper court aux rumeurs qui circulent, aussi farfelues les unes que les autres.
Ce qui reste certain c’est que si les informations d’Echos du Nord sont confirmées et que sieur Eckembe est par la suite relaxé sans autre forme de procès, on comprendra comme l’indiquait un observateur de la société gabonaise que «quelqu’un avait certainement voulu noyer un poisson». Affaire à suivre !