Les périodes précédant les élections, quelque soit leur nature, au Gabon, se suivent et se ressemblent. Si sur le plan politique les leaders des partis se battent pour résoudre les mêmes problèmes (apurement de la liste électorale, tactiques de fraude et lutte contre celle-ci), du côté du peuple la tension grimpe avec les crimes dits rituels. L’année électorale 2013 n’y échappe pas selon le président de l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR), Jean Elvis Ebang Ondo, s’exprimant le 7 novembre 2013 lors une conférence de presse à Libreville.
A l’approche des locales fixées en dernier lieu au 14 décembre 2013, l’on s’active du côté de ceux qui misent sur les pratiques occultes et fétichistes. Ceux-là, peut-on s’imaginer, sont notamment les politiques qui aspirent à gravir le plus rapidement possible les strates sociales, administratives ou politiques, ou de gagner absolument l’élection malgré des adversaires en pole position. Dans ce contexte, certains recourent à des rituels assortis de sacrifices humains. Et malgré le tapage médiatique et les marches de dénonciation, le phénomène serait en résurgence, notamment à l’approche des prochaines élections locales et communales.
«C’est une période de douleurs et de pleurs … C’est le redémarrage de la période des crimes rituels», a déclaré le président de l’Association de lutte contre les crimes rituels (ALCR) lors d’une conférence de presse tenue à Libreville pour dénoncer l’accélération et l’aggravement de ces crimes à la veille des élections et des nominations dans l’administration publique.
La sortie de Jean Elvis Ebang Ondo faisait suite au meurtre d’une fillette de 4 ans, il y a deux semaines, à Nkoltang, à une trentaine de kilomètres de Libreville. Le corps de l’enfant avait été retrouvé avec le cou tranché tel celui d’un animal destiné à la consommation. La mère de la victime prenait d’ailleurs part à cette conférence de presse et y a brandi deux «horribles et choquantes photos» présentant le cou tranché et la tête pendante de sa fille.
La famille de la petite Catherine Ekovone, assassinée et mutilée à Nkoltang, a procédé à une déclaration relatant, par le menu, le meurtre. «Nous avons saisi des ONG pour la question telle que l’ALCR (Association de Lutte contre les Crimes Rituels) et interpelons la presse, les confessions religieuses, les représentations diplomatiques, les organismes internationaux, l’opinion nationale et internationale à dénoncer les massacres des êtres humains particulièrement les enfants, avec toute la rigueur ce phénomène des crimes rituels qui ternit l’image du Gabon et dont les commanditaires ne sont toujours pas inquiétés par la justice. Nous exigeons également, la cessation immédiate des crimes rituels abominables qui consacrent la banalisation de la vie, la violation délibérée de l’intégrité de la personne humaine», a conclu Yvon Serge Nguema Ntoutoume, le porte-parole de la famille de la disparue, qui a lu la déclaration.
Dans le même ordre d’idée, durant la dernière semaine du mois dernier, un jeune homme de 22 ans, a été assassiné au fusil puis vidé de sang dans une forêt près de Malinga, le chef-lieu du département de la Louetsi-Bibaka. Sur les lieux du crime, des traces d’une cérémonie rituelle ont été notées.
Si la sortie de Jean Elvis Ebang Ondo n’a pas été étayée de données prouvant la recrudescence des crimes dits rituels, elle ne sonne pas moins comme une manière de tirer la sonnette d’alarme à travers ces signes avant-coureurs récemment enregistrés.