Dès 2007, des voix s’étaient élevées contre des magouilles et des détournements de fonds relatifs à l’organisation des fêtes de l’indépendance tournantes. Sept ans après, le Parquet de Libreville s’étant saisi de l’affaire, des têtes commencent à tomber et certains gérants des portefeuilles relatifs à ces fêtes nationales sont, un à un, mis aux arrêts.
Initiées par le défunt Chef de l’Etat, Omar Bongo en 2007 dans l’objectif de permettre un développement plus ou moins équitable entre les différentes provinces du pays, les fêtes tournantes, en plus de célébrer l’indépendance du Gabon, constituaient une nouvelle politique de gestion et de partage des ressources, du moins en théorie.
Or, avec un budget de 50 milliards de francs CFA chaque année pour deux provinces, hormis l’Estuaire qui avait bénéficié de 50 milliards à elle toute seule, de nombreuses personnalités de tous bords politiques avaient vu en ces fêtes de l’indépendance une aubaine et s’en étaient mis plein les poches. L’absence de contrôle et de suivi les aidant à assouvir leurs instincts véreux.
Mais, la saisie du dossier par le Parquet de Libreville, en juillet dernier avait suscité une énorme peur chez les hommes et femmes chargés de gérer le portefeuille de certains projets. Ce qui a poussé certains à quitter précipitamment le pays. Histoire de laisser les choses s’apaiser. C’était sans compter avec la détermination du Procureur de la République, Sylvie Flore Ouwé qui avait déclaré, le 19 juillet 2013, qu’elle partait en croisade contre les crimes économiques, annonçant par la même occasion l’ouverture d’une enquête relative aux supposés détournements de fonds lors des fêtes tournantes. «Ce n’est pas un bluff ! Je puis vous assurer que ce n’est pas un bluff. Et avec votre aide, avec votre ténacité [celle des journalistes – ndlr], avec l’aide de Dieu, nous parviendrons à quelque chose de consistant», avait alors indiqué Mme Ouwé.
Le Procureur de la République soulignait alors : «Il y a des gens qui sont déjà en prison. Et pas des petites personnes. Je veux dire, pas des petits opérateurs économiques : des multimilliardaires.» Aujourd’hui, l’on rapporte qu’une nouvelle personnalité aurait fait les frais de l’enquête. Benjamin Guendetsouga, ancien secrétaire général du ministère des Travaux publics, aurait été placé en garde à vue, le 8 novembre à la Police judiciaire (PJ), selon une source judiciaire rapportée par le journal Echos du Nord (n°205). Le prévenu aurait été complice d’un détournement de fonds alloués aux fêtes tournantes, il y a quelques années. 14 milliards de francs CFA volatilisés, indique-t-on.
Pour la même affaire, Hachem Lemami, un entrepreneur libanais avait été mis en détention préventive. Motif : il n’aurait pas honoré le contrat pour lequel il avait bénéficié de plusieurs milliards de francs CFA. Un contrat à travers lequel il s’engageait à construire le complexe commercial de Franceville, l’internat du lycée Henry Sylvoz de Moanda (2 milliards de francs), le marché de Ndendé et le complexe commercial de Port-Gentil (plus d’un milliard de francs pour chaque projet). L’exemple du haut fonctionnaire de l’Etat, montre une réelle volonté du parquet de Libreville à tordre le cou aux idées reçues. Gageons que les choses continuent dans ce sens, avec le plus de rapidité possible.