spot_imgspot_img

Luc Bengone Nsi: Discours de rentrée politique du MORENA

Luc Bengone NsiGabonaises, Gabonais, Mes chers Compatriotes,

Il m’est agréable de m’adresser à vous ce jour 10 octobre 2013, à l’occasion de la rentrée politique du Mouvement de Redressement National (MORENA). La dernière communication que j’avais eue avec vous remonte au mois de juin dernier, lorsque j’avais fustigé le comportement du gouvernement et d’une partie de la classe politique gabonaise, opposition comprise, face à la recrudescence des crimes rituels.

Le MORENA par ma voix, profite à nouveau de la présente occasion pour témoigner aux familles des victimes, sa totale compassion et sa solidarité.

Je voudrais saisir cette circonstance pour vous informer de ce que le bureau du Procureur de la Cour Pénale Internationale(CPI) – par une correspondance datée du 11 septembre 2013, a confirmé la réception de la communication envoyée par le MORENA avec les documents annexes.
Par cette information, le tout premier parti politique de notre pays à s’opposer au système de parti unique a toujours dénoncé toutes formes de crimes : politique, économique et rituel. L’impunité a toujours été la grande force de ces assassins et de leurs commanditaires. Les intérêts de la justice et le respect de la vie humaine n’ont jamais été sauvegardés dans ce pays qui reste pourtant le notre.

Toute chose qui conduit aujourd’hui le MORENA, excédé par toutes ces violations des droits de l’homme nous a conduit à saisir la Communauté internationale et particulièrement la Cour Pénale Internationale.

Il est important ici de rappeler à la Communauté internationale que les crimes rituels se poursuivent au Gabon et devraient être considérés, au regard du Droit Pénal International, comme des crimes contre l’humanité, parce que réduisant l’homme au stade d’un animal qu’on chasse, tue, mange et dont on vend des parties ou morceaux comme « des pièces détachées » d’une voiture.
Comment comprendre que dans une ville comme Libreville, émaillée de caméras de surveillance au laser, capables même de violer l’intimité des paisibles citoyens, détentrice d’un record de présence policière plus élevée qu’aux Etats-Unis d’Amérique ( ) en France ( ) l’on ne parvienne pas à identifier rapidement les auteurs et les commanditaires de ces crimes d’une autre époque ?
Lorsque dans l’Etat dit de droit, l’appareil judiciaire est aux ordres du pouvoir pour protéger, blanchir et libérer les acteurs des associations politico-criminelles au motif inavoué de leur appartenance politique ;
Lorsque les hauts cadres de l’administration comme du privé parfois pour bénéficier d’une quelconque promotion n’ont plus besoin de compétence, utilisent comme passe-droit les « pièces détachées » sans être inquiété, du fait d’être membre de certains cercles ésotériques.

Le pays devient une jungle où le plus fort fait la loi et la justice ne protège plus le faible. Mais, il y a un temps pour tout. Quelque soit ce temps, justice doit être rendue aux victimes et à leurs familles.

Mes chers compatriotes,

Une rentrée politique offre toujours l’opportunité à un parti de donner sa lecture de la situation politique du pays, et au besoin, de présenter à la société son agenda pour la nouvelle année.
Le MORENA constate, une fois de plus que cette rentrée est marquée dans tous les secteurs administratifs et de la vie quotidienne par le scepticisme, l’inquiétude.

La plus grande majorité des gabonais rencontrent d’énormes difficultés et des tracasseries de tous ordres dans la gestion de leur quotidien. On peut citer pèle mêle :
– inscription des enfants faute de moyens et d’aides sociales de l’Etat
– Confusion pour les fonctionnaires confrontés à des situations administratives incertaines et confuses malgré de multiples recensements organisés par la tutelle
– Non attribution des parts de marchés publics aux promoteurs nationaux et non règlement de leurs quelques rares prestations.

– Délestage permanents et intempestifs en eau et électricité pour les uns et absence totale de réseaux de distribution dans la plupart des quartiers ;
– Environnement pollué à causes de nombreuses poubelles à ciel ouvert, source de propagation de germes de multiples maladies.

– Absence totale d’infrastructure de transport et surtout de planification urbaine rendant difficile la mobilité urbaine ayant pour conséquences les difficultés des élèves et des employés à se rendre à leur lieu d’activité, malgré les éternels travaux.
La crise que le pouvoir émergent continue à nier, n’a jamais été aussi évidente. Il conviendrait de s’appesantir sur quelques secteurs pour mieux démontrer son existence et même sa gravité. Citons quelques cas :

Dans le secteur de la communication, des dizaines d’agents de l’Etat, pères et mères de familles, sont sans salaires depuis quelques années déjà. Au bout de patience, ils observent une grève de la faim devant le portail du Premier ministre pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur leur sort.

Dans le secteur de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, l’on n’observe pas la motivation des élèves, des enseignants et des parents facteur essentiel de réussite, malgré l’annonce de l’ouverture de la nouvelle rentrée scolaire par le gouvernement. Les causes sont multiples, mais on peut citer :
– les problèmes financiers des parents dû au chômage et à la modicité des salaires et des allocations familiales par rapport au coût réel des dépenses par enfant à chaque rentrée scolaire et dans la vie quotidienne entre le loyer, l’alimentation, la santé et les transports,

– les promesses non tenues de l’émergence de construire à la rentrée de septembre quatre cents salles, limitant ainsi injustement l’accueil des jeunes gabonais dans les structures scolaires en compromettant leur avenir.

Quant aux enseignants, ils observent des journées de grève pour réclamer des rappels de solde, des primes notamment la PIFE et la PIR et la régularisation de leurs situations administratives. Le blocage des avantages salariaux aux Gabonais et les lenteurs du gouvernement en matière de rappel de solde, logement, transport et de divers droits légitimes des agents de l’Etat, visent en réalité à faire croire au Fonds Monétaire International (FMI) que la masse salariale est maitrisée, qu’elle n’évolue pas, alors que dans le même temps, ce même pouvoir organise à coup de centaines de milliards de F CFA études, carnaval, courses nautiques, matchs de football, voyages, faisaient cruellement subir des milliers de gabonais, les conséquences de leur mauvaise gestion.

Au plan social, la vie devient de plus en plus chère. Le prix du kilogramme de poisson atteint 5000 F CFA dans certaines places de Libreville. L’augmentation des boissons par la SOBRAGA sous le regard complice du gouvernement ; le manque d’eau permanant dans les quartiers populaires de Libreville dû à la défectuosité des installations de pompage d’eau depuis plus de quinze ans. On s’interroge pourquoi le gouvernement et la SEEG se complaisent à dribler la population avec des explications d’un autre âge.

Les délestages sont-ils une solution responsable pour un gouvernement qui se préoccupe réellement du bien être de sa population ? Par ailleurs, l’on se demande s’il existe encore vraiment un Etat au Gabon quand on constate amèrement à quel point les populations souffrent pour accéder aux hôpitaux publics comme l’hôpital général ou l’hôpital militaire, parce que tout simplement ces structures se sont transformées en cliniques privées utilisant le matériel et les équipements achetés par l’argent du contribuable.

En matière de politique générale de l’Etat, je voudrais brièvement m’appesantir sur deux sujets brulants du moment : l’ouverture prochaine des frontières CEMAC et la biométrie.

Sur l’ouverture des frontières dans l’espace CEMAC, plusieurs gabonais s’interrogent sur l’avenir du Gabon après l’ouverture des frontières au sein de l’espace CEMAC dès le premier janvier 2014 comme le préconise M. Ali Bongo. Il s’agit d’une sérieuse inquiétude qui ne doit pas être évacuée comme le pouvoir a cru bon de le faire en catimini avec quelques partis politiques sans associé le Peuple gabonais lui-même.

Il est évident que dans le monde entier, de nombreux regroupements s’opèrent soit pour des raisons de sécurité, soit pour des raisons économiques par l’élargissement des marchés, soit pour des raisons culturelles ou religieuses. Le Gabon, notre pays ne saurait déroger à ce vaste mouvement qui permet le rapprochement des peuples pour un élan de solidarité et le souci de mieux se connaître pour mieux se comprendre. Le marché étant élargi, la production augmenterait et faciliterait la consommation au sein de la communauté et la prospérité qui en découlerait serait à l’avantage des pays membres et des populations.
Mais au préalable, le Gabon devrait réunir un certain nombre de conditions pour rendre cette ouverture effective et surtout profitable au Gabon dans le cadre de la CEMAC, déjà confronté à la misère des peuples, au terrorisme, aux instabilités politiques, ethniques et religieuses.

Dans la situation actuelle, ce sont les étrangers qui représenteraient aujourd’hui près de 40% de la population détiennent près de 90% de l’économie nationale au détriment des autochtones.

Ils sont présents dans nos villages et nos villes et risquent de devenir la première force démographique et donc politique, en plus de leur prédominance économique actuelle. Le plus curieux est que cette situation ne préoccupe nullement la classe politique gabonaise, que soit du PDG ou de l’opposition. Une classe politique ne saurait se mouvoir que lorsqu’il est question d’argent ou des élections pour faire croire qu’ils seraient des démocrates, sans se soucier des vrais problèmes de fonds des gabonais et de la souveraineté du pays. Que devient l’identité gabonaise ?

Une ouverture des frontières sans garantie de la sécurité, de la souveraineté et de l’identité nationale renforcerait dangereusement cette tendance. A terme, c’est la disparition du Gabon qui est ainsi programmée. Cela rappelle, à juste titre, les propos du défunt président Omar Bongo qui disait qu’après lui, l’on montrera sur la carte du monde que c’était ici qu’il y avait le Gabon. Le Gabon, Chers compatriotes, ce n’est pas seulement l’espace ou le territoire, mais aussi ses vrais habitants, même si Ali Bongo, devant les députés et les sénateurs a cru convaincre les Gabonais en avançant qu’aucun gabonais n’est autochtone et que tous, au même titre que lui et sa légion étrangère, nous sommes des immigrés.

Le dessein de l’émergence serait-il, à terme, de faire disparaitre les populations autochtones pour la remplacer par les légions étrangères qui le voteraient ad vitam aeternam, lorsqu’on sait tous, que les populations autochtones ne se reconnaissent ni dans sa personne, ni son style ?

Le MORENA demande l’organisation d’un référendum national pour que les Gabonais eux-mêmes puissent trancher ce problème. Comme cela s’est passé sous d’autres cieux, à l’exemple en Europe pour l’ouverture des frontières, il faut associer les peuples de la CEMAC, pour éviter que les opinions publiques des pays et même les observateurs internationaux, ne pensent que c’est un club de chefs d’Etat.

Sur l’introduction de la biométrie dans le processus électoral gabonais, je voudrai d’abord souligner que nous devons au défunt Président Pierre Mamboundou – paix à son âme – l’idée de l’introduction de la biométrie dans le processus électoral gabonais dans les Accords d’Arambo de 2006. A l’origine, le principe d’une biométrie consensuelle avait été retenu, à savoir : l’interconnexion et l’authentification des électeurs. A l’époque, les élections locales de 2008 à Libreville devaient servir de test à l’introduction de la biométrie avant de l’étendre à l’ensemble du territoire national pour toutes les élections politiques. Avec l’avènement du pouvoir émergent, la biométrie a été réduite seulement à l’enrôlement des électeurs.

C’est pour cette raison que l’opposition avait demandé de préciser la filiation sur la liste et les cartes d’électeurs. A quoi assistons-nous aujourd’hui ?

Ali Bongo a rejeté l’organisation des audiences foraines pour permettre non seulement la confection du fichier électoral et la liste électorale, mais également l’établissement du fichier civil national. De plus, il a donné la compétence au Ministre de l’intérieur d’établir les listes électorales, en lieu et place des maires et des préfets qui tiennent pourtant localement les registres des naissances et des populations relativement fiables et qui ont l’obligation de mettre à jour les données d’état civil.
Etant du début jusqu’à la fin du processus d’enrôlement, des réseaux auraient été mis en place pour distribuer aux étrangers les certificats de nationalité leur conférant le droit de voter.

Plusieurs leaders politiques ont loué des bus, des camions, des wagons de train pour transporter dans leurs sièges les habitants de Libreville, gabonais ou étrangers, qu’ils faisaient enrôler pour s’assurer de leur victoire. D’autres leaders proches du pouvoir auraient reçu des appareils d’enrôlement pour enregistrer massivement des certaines personnes et les étrangers à leur domicile ou chez leur maitresse. GEMALTO et le Ministère de l’Intérieur peuvent-ils aujourd’hui dire au Peuple gabonais, le nombre d’appareils mis à contribution pour l’enrôlement, leurs références, les personnes qui ont été habiletés centre par centre à enrôler les électeurs ?

Enfin, peut-on confirmer au Peuple gabonais que tous les appareils qui ont servi à l’enrôlement aient-été tous récupérés pour leur exploitation, car il semblerait, de manière invraisemblable, que l’enrôlement se poursuit clandestinement au profit des éléments du pouvoir ? Peut-on dans ces conditions parler de la démocratie que la fraude est ainsi organisée pour contourner la volonté du Peuple gabonais ?

Ces informations sont d’une importance capitale si nous tenons à ce que les élections au Gabon soient crédibles. En plus de cela, le MORENA demande la liste électorale soit mise sur internet de façon que tout le monde sache le nombre de bureau de vote dans ce pays, les électeurs par bureau de vote et la population représentée par un sénateur. En plus de cela, une partie de la population s’inquièterait sur le fait que cet enrôlement soit synonyme de vote, car il n’est pas certain que ceux qui ont fait le déplacement de Libreville pour l’intérieur puissent à nouveau quitter Libreville pour aller voter.

Gabonaises, Gabonais, mes Chers Compatriotes,

Les élections locales devraient donner aux populations l’opportunité de former des projets de proximité pour développer leurs territoires en termes d’équipements collectifs, d’appui social, de mise en valeur touristique et économique et d’élire ceux qu’ils pensent capables de prendre en compte leurs préoccupations quotidiennes. Mais, on a plus l’impression que pour le système PDG, c’est une occasion, après la présidentielle et les législatives, de confirmer ses réseaux clientélistes et d’assurer la main mise sur les budgets alloués aux villes et aux départements du pays.

Au regard de la préparation générale de la fraude avec une biométrie à minima qui n’intègre ni l’interconnexion des centres de votes, ni l’authentification des électeurs et validant des votes avant même la tenue effective du scrutin, le Mouvement de Redressement National a décidé de ne pas prendre part à cette fourberie car, une élection est l’occasion qui permet au Peuple de s’exprimer librement en choisissant ces dirigeants.

Le MORENA pense que depuis l’indépendance, le Gabon n’a été dirigé que par des personnes qui étaient seulement animées par leur intérêt égoïste et qui, semblent-il, n’aiment pas ce pays.

Je voudrais conclure ma communication en vous rappelant que notre hymne national, la Concorde, dit « Eveille-toi Gabon »…
Vive le MORENA, fer de lance pour une démocratie véritable,
Vive le Gabon dans sa quête d’indépendance.

Je vous remercie.
Le Président du MORENA

Luc BENGONO NSI
Membre Fondateur

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES