On ne sait sur quels critères les électeurs du 1er arrondissement de la ville de Makokou (Province de l’Ogooué Ivindo) vont faire leur choix, au soir du 14 décembre prochain, entre Emmanuel Issozè Ngondet dit Breitner, tête de liste PDG (Parti Démocratique Gabonais, au pouvoir) et Pépin Mongockodji, alias Le Bref, tête de liste (RDP-CLR) deux partis de la majorité au pouvoir.
Le premier est ministre en fonction en charge des Affaires Etrangères, accessoirement député titulaire du 1er siège de la commune de Makokou.
Le second est un ancien ministre d’Omar Bongo Ondimba, entré en politique à la fin des années 80, il a été aussi député mais au 2ème siège du département de l’Ivindo.
Les deux ont à leur compte une carrière diplomatique. Emmanuel est crédité d’une longue et brillante carrière et Pépin, lui a été ambassadeur du Gabon au Cameroun.
Même si la carrière politique du ministre en fonction ne s’est pas faite au pays, il n’en demeure pas moins que, son parcours se signale par son ambition d’être une personnalité forte de la province.
En créant le CIL « Cercle d’Initiatives Locales », Emmanuel Issozè Ngondet entendait fédérer autour de lui un certain nombre de cadres, à l’époque où, Pépin lui était aux affaires.
Lorsque pour la première fois son adversaire rentre au pays, c’est pour occuper sous Omar Bongo Ondimba le poste de ministre délégué aux Mines.
Ce bref passage au gouvernement, lui aura certainement enseigné les méandres de la politique locale, lui qui ne connaissait que les salons feutrés des ambassades.
Pépin lui à ce moment précis, était au CNC et achevait son dernier mandat en qualité de Conseiller membre de l’institution de régulation de la communication. 10 ans passés au CNC semblaient être pour lui un calvaire.
Lorsque Pierre Emboni abandonne la politique pour se « consacrer à Dieu », le RDP parti légué par feu Alexandre Sambat, se retrouve sans président. Le choix se porte donc sur Pépin plus proche de Pierre Emboni dont il est le cousin germain.
Le parti qui connait une crise, est en fait scindé en deux tendances. Celle dirigée par Raymond Iboutha Walla, qui se dispute le leadership à Pierre Emboni.
De vaines conciliations ont eu lieu et finalement, c’est le statu quo malgré un congrès organisé l’an dernier et qui consacrait Pépin Mongockodji comme président.
Non reconnu par l’aile Iboutha, Pépin va néanmoins pouvoir réunir autour de lui des militants qui vont l’accompagner lors de ces élections locales.
De son côté, Emmanuel Issozè Ngondet soupçonné par les partisans de Pépin d’avoir joué un rôle dans la crise du RDP, a avec lui le PDG, parti au pouvoir.
Les deux hommes sont donc pratiquement sur le même pied d’égalité et pourront s’affronter. Seulement, la popularité, autre critère déterminant pourrait pencher du côté de Pépin.
Il se dit à Makokou que le ministre pourrait faire face à un mécontentement de militants qui, avaient l’ambition de figurer en bonne place sur la liste et se retrouvent soit écartés soit dans les profondeurs de la liste.
D’autre part, il avait dit-on été prévenu par des camarades qui l’ont soutenu lors des législatives contre, Alain Claude Billie-By-Nze. Ces derniers auraient exigé au ministre de ne pas s’entêter à être tête de liste lors des locales.
Mais finalement, le parti a choisi pour avoir plus de chances, de positionner un ministre en fonction. Une décision qui pourrait bien poser problème à la liste PDG.
Par ailleurs, en ce qui concerne Pépin, en s’alliant au CLR, il ouvre une porte envers la communauté Kwélé, qui compte une forte présence à Zoatab, quartier populaire du 1er arrondissement.
Les Kwélé qui, dit-on à Makokou, ont toujours joué les seconds rôles, entendent bien profiter de cette élection, pour crier leur frustration aux yeux de tous.
Une situation qui est à l’avantage de Pépin Mongockodji, qui pourra également s’appuyer sur les Kota de Mbolo et d’Epassendjé où se trouve sa résidence et… village de naissance du ministre.
Les eaux du fleuve Ivindo seront bouillonnantes dès l’ouverture de la campagne.
Par La Griffe