Dans le contexte actuel de crise dans le secteur éducation, la grève de la Conasysed, récemment rejointe par le sena, il est important de revenir sur la situation des enseignants expatriés. Le secrétaire général du Syndicat des Enseignants Contractuels de l’Etat gabonais (Seceg), Clément KINZO H. s’est invité au devant de la presse à l’issue d’une assemblée générale de son syndicat le samedi 2 novembre 2013 pour revendiquer en faveur des membres l’application des textes en vigueur.
Clément KINZO H. tirera ainsi exemple de l’article 37 de la loi 3/88 du 31 juillet 1988 fixant les conditions générales d’emploi des agents contractuels de l’Etat qui disposerait que, « lorsque les agents contractuels ne sont pas logés par l’Etat, ils bénéficient d’une indemnité de logement conformément à la réglementation applicable aux fonctionnaires ». Puis il fera observer que certains de ses collègues de catégorie A perçoivent cette indemnité de logement à moins de 150 000 fcfa qu’il réclame l’harmonisation.
L’autre réclamation de ce syndicat concerne la prime d’expatriation énoncée dans l’article 154 alinéa 4 de la loi O1/2005 portant statut général de la Fonction publique, mais dont il n’existe aucune trace dans leurs bulletins de solde.
Mais en outre, les enseignants expatriés se plaignent de ne pas pouvoir profiter du programme départ volontaire à la retraite instauré dans la Fonction publique gabonaise. D’où que la démotivation aura gagné plusieurs parmi eux.
Cependant, malgré que ces revendications semblent à priori avoir des bases légales, pour certains observateurs néanmoins, il y aurait comme une odeur de surenchère.
Il en serait ainsi s’agissant de la fameuse prime d’expatriation qui se heurterait à sa connotation péjorative historique par rapprochement au traitement privilégié des expatriés français tant décrié par les peuples autochtones. Pour certains en effet, cette prime d’expatriation pourrait privilégier les enseignants étrangers par rapport aux gabonais.
Mais pour d’autres, les enseignants gabonais ayant leurs avantages spécifiques de fonctionnaires, les enseignants expatriés pourraient quant à eux se voir reconnaitre leurs statuts d’enseignants expatriés en percevant la prime y relative qui s’apparenterait à une sorte de prime l’éloignement avec leurs terres natales, ou alors bénéficier d’une prise en charge de leur voyage pour les congés ou vacances annuelles dans leurs pays respectifs.
Quant à la question de la prime de logement, elle tiendrait sa solution au cas par cas, si tant est que certains enseignants expatriés en bénéficieraient moins que d’autres.
Reste que le bénéfice de la Prime d’Incitation à la Fonction Enseignante (PIFE) , pour des enseignants qui enseignent effectivement et tiennent la craie, furent-ils des expatriés, ne serait pas du tout complètement infondé.
De même, pour le plan de départ volontaire à la retraite, il existe des enseignants expatriés totalisant plus de 15 ans de service et qui répondent au critère d’âges, sur la base desquels l’Etat pourrait discuter leur régime de retraite.
Au cas où aucune satisfaction ne sera donnée à leurs revendications, les enseignants expatriés menacent d’abandonner la craie dès le 27 janvier 2014.
Toutes choses qui passeraient par une modification du statut d’enseignants expatriés, jugé trop précaire au vu des dispositions concernant la durée des contrats qui est de deux ans renouvelables et de la clause de dénonciation à l‘initiative de l’agent contractuel qui pourrait être remplacé par un plan de départ à la retraite.
Reste que l’enseignant contractuel expatrié devrait pouvoir bénéficier des avantages légaux spécifiques aux agents contractuels de l’Etat gabonais, dont les traitements sont par endroit avantageux comparés à ceux des fonctionnaires. Les contractuels expatriés ne disent pas clairement en jouir effectivement.
Outre que du point de vu du corps enseignant, toute discrimination enseignants nationaux-enseignants expatriés inciterait à la démotivation et au départ des enseignants expatriés qui, pour la plupart tiennent les enseignements des matières scientifiques tant recherchés pour les besoins en main d’œuvre technicienne et scientifique pour les métiers des mines, du pétrole, de l’industrie et des infrastructure BTP, actuellement indispensables pour le développement du Gabon.
Bref, il semble que les revendications des enseignants expatriés ont leurs raisons d’être dans un contexte d’Etat de droit, ce d’autant plus qu’elles concernent avant tout un corps, le corps enseignant dont les avantages et acquis concédés par le gouvernement seraient applicables à toute la profession pour ainsi éviter des discriminations du seul fait de la nationalité, alors même que les enseignants expatriés sont très largement moins nombreux que les nationaux, donc moins couteux pour le budget de l’Etat gabonais.
« Nous posons le problèmes aujourd’hui parce que nous avons l’impression qu’on nous écoute pas. Et pourtant, le Président de la République, lors de son discours à la Nation le 16 août 2011, avait demandé au Gouvernement, conformément à la loi 001/ 2005 en son article 154, la régularisation de la prime d’expatriation. Le 31 décembre de la même, il a instruit le gouvernement d’harmonise l’indemnité de logement », a expliqué Clément KINZO H.
Et de conclure : « nous ne demandons rien que ce qu’on donne à nos collègues nationaux ».