Interpellé ce mardi par les sénateurs réunis en séance plénière consacrée aux questions orales avec débats sur l’insalubrité de la commune de Libreville et sur la prévention des catastrophes naturelles, le Premier Ministre, Raymond Ndong Sima, a édifié les représentants de la haute chambre du parlement sur la politique gouvernementale en la matière.
Sur l’insalubrité de la commune de Libreville, le Premier Ministre, a précisé que suite aux auditions du Maire de la Commune de Libreville et du Ministre de l’Intérieur de la Sécurité Publique, de l’Immigration et de la Décentralisation, le gouvernement a lancé, en octobre 2012, puis en juin 2013, deux plans d’urgence qui ont connu des fortunes diverses.
L’examen de ce dossier, a conduit le chef du gouvernement à plusieurs observations dont « cette convention de concession qui était particulièrement favorable au concessionnaire », sa « dénonciation qui serait laborieuse », son « champ d’application qui était largement dépassé en raison de l’évolution démographique de la ville de Libreville et de ses prolongements » et les « ressources affectées à la collecte et au traitement des ordures étaient insuffisantes ».
Partant de ce dernier constat, Raymond Ndong Sima, a estimé que l’Etat devait s’impliquer un peu plus dans le capital de SOVOG pour « avoir l’accès à l’entièreté de l’information relative à la gestion de cette société », avoir « la possibilité de peser sur ses décisions de gestion », en vue de mieux « organiser le traitement de ce dossier dans la perspective de son extension à l’ensemble du pays ».
S’appuyant sur les dispositions de la loi n° 15/96 du 6 juin 1996 dans son troisième chapitre relatif au fonds de péréquation des collectivités locales et en particulier ses articles 220 à 222, visant dans un premier temps, à recapitaliser la SOVOG et à étendre ses activités de collecte et de traitement des ordures dans toutes les communes du pays.
D’après Ndong Sima, le Fonds Gabonais d’Investissement Souverain d’abord, la Caisse des Dépôts et Consignation par la suite se sont chargés, à partir d’octobre 2012, de mettre en route les évolutions institutionnelles de SOVOG qui, à cette occasion, a changé de dénomination pour devenir CLEAN AFRICA. Son nouveau conseil d’administration s’est réuni à Libreville, le 30 octobre 2013. Au terme de cette réunion, il a notamment été décidé du lancement d’un nouveau plan d’urgence qui durera 6 mois, en attendant l’arrivée des nouveaux matériels vers le mois de juin 2014. Ce plan s’exécute correctement depuis une dizaine de jours mais ses effets se feront sentir avec le temps, compte tenu des points noirs qu’il faudra d’abord résorber.
Il a expliqué aux vénérables sénateurs que la production des ordures est étroitement corrélée à la croissance exponentielle des centres urbains. Elle se complique avec l’architecture spontanée et finalement anarchique observée dans la plupart des villes du pays qui ne permet pas d’avoir un adressage direct de chaque citoyen.
Ainsi, personne ou presque ne semble intéressé à établir un lien pourtant normal entre la production, le stockage ainsi que le ramassage des ordures et la contribution de chacun à leur élimination.
Pour conclure sur cette préoccupation, le Chef du gouvernement a promis saisir, à nouveau, le Senat afin d’y inclure une disposition visant à instituer une contribution spécifique de tous les citadins du pays au titre de l’effort en vue de l’élimination des déchets produit par tout le monde.
Sur la deuxième question, liée à « prévention des catastrophes naturelles », Raymond Sima, a expliqué que « pour régler définitivement la question des inondations dans notre capitale, le Gouvernement a mis en place depuis 2003 le programme d’Assainissement Prioritaire de Libreville (APRIL) afin d’aménager huit (8) des vingt deux (22) bassins versants de la ville ».
Dans ce sens, un premier programme concernant quatre bassins versants a été adossé à un financement de 20 millions d’euros conformément à la loi n°022/2007 qui a autorisé cet emprunt auprès de l’Agence Française de Développement. Cet emprunt a servi à la réalisation des travaux sur un linéaire de 19 kms de canaux et des travaux divers répartis comme suit :
• Batavéa : réhabilitation de 3,5 kms et construction de 4 kms de canaux en béton armé et la réalisation 7,2 kms de piste latérite ;
• Sainte Anne Arombo : aménagement des berges sur 1,7km et construction de 1,7 km de canaux bétonnés et la réalisation 3,5 kms de piste latéritée ;
• Sainte Marie Awondo : aménagement des berges sur 1,2 km et construction de 1,4 km de canaux bétonnés et la réalisation de 2,6 kms de piste latéritée ;
• Zone Industrielle d’Oloumi : aménagement des berges sur 2,6 kms et construction de 2,4 kms de canaux et drains secondaires, curage et réhabilitation de 3,5 kms, réhabilitation de 4,3 kms de voirie et la construction du pont Boulingui.
La deuxième phase du programme APRIL concerne quatre autres bassins versants dont NzengAyong (23kms de canaux bétonnés à construire), Gué-Gué (11 kms de canaux bétonnés à construire), Lowé-IAI (7,5 kms de canaux bétonnés à construire) et Terre Nouvelle (7,1kms de canaux bétonnés à construire), soit un total de 48,6kms. Dans ce sens, l’Union Européenne a décidé d’accompagner notre pays à hauteur de 12 milliards de FCFA sous forme de don pour servir à l’aménagement des 23kms du bassin versant de NzengAyong.
De même, les études des bassins versants de Gué-Gué, Lowé-IAI et Terre Nouvelle se sont achevées le 30 Avril 2012 par l’organisation d’une table ronde des bailleurs de fonds pour mobiliser les fonds nécessaires à la réalisation des travaux d’aménagement desdits bassins. Au terme de cette table ronde, certains partenaires techniques et financiers ont manifesté leur intérêt à accompagner notre pays dans ce vaste programme, à savoir : La Banque de Développement des Etats d’Afrique Centrale (BDEAC) ; La Banque Islamique de Développement (BID) et l’Agence Française de Développement (AFD).
Conformément au calendrier d’exécution de cette seconde partie du programme, le démarrage des travaux est prévu pour le premier trimestre 2014.
Par ailleurs, avec l’aide de la Facilité Africaine de l’Eau (FAE), organisme de la Banque Africaine de Développement (BAD), le Gouvernement envisage de réaliser des études sur les quatorze (14) autres bassins versants restants sur un programme qui s’étalera sur 10 ans.
Les fonds liés au financement de la contrepartie gabonaise ont été mobilisés et sécurisés au titre de l’année budgétaire 2013.
Pour être complet, une étude complémentaire sur la problématique de la gestion des ordures ménagères et des déchets solides dans les bassins versants a été lancée en Janvier 2013 et devrait être achevée en février 2014.