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EDL : « Histoires individuelles et histoires nationales »

evt_Escales-Libreville_2013-7baabd73Le festival international des Escales Documentaires de Libreville se poursuit à Libreville avec une série de rencontres et de débats animés par les réalisateurs invités par l’organisation. Mercredi après-midi à l’IFG, ils se sont retrouvés autour du thème « Histoires individuelles et histoires nationales ».

Plusieurs films présentés à cette 8ième édition des EDL font les portraits d’hommes et de femmes dont les destins personnels se confondent avec l’histoire et le destin de leurs pays. C’est le cas de « Président Dia » d’Ousmane William Mbaye qui retrace la crise de 1962 et la déchirure entre L.S. Senghor et M. Dia sur la base d’un coup d’Etat « imaginaire » ; c’est le cas aussi d’ « une feuille dans le vent » de Jean-Marie Teno qui revient sur la répression qui a emporté outre-tombe de nombreux leaders indépendantistes camerounais dont Ernest Ouandié dont la vie est présentée dans le documentaire coproduit par l’IGIS; c’est le cas de « L’affaire Chebeya, un crime d’Etat » de Thierry Michel. ; c’est le cas du film de Pascale Obolo, « Calypso Rose » qui n’est pas une personnalité politique mais culturelle et dont le destin se confond tout autant avec l’histoire de son pays.

Pour le cinéma africain, dire l’histoire est un défi en ce sens qu’il s’agit d’une histoire faite de drame, de tragédies et de trahisons qui ont eu à diviser des familles, des régions, des groupes ethnolinguistiques et à briser des amitiés politiques souvent au détriment de l’avenir politique et démocratique des jeunes nations africaines.

« Moi je souhaite que l’on fasse des films sur toutes ces personnes qui ont influencé le destin de l’Afrique parce que ce n’est pas possible de le faire dans un seul film et un seul film ne suffit pas pour expliquer une situation ou un destin national » a lancé Ousmane William Mbaye.

Comme au Sénégal, le Cameroun a connu ses drames. Des leaders tels Ossendé Afana, Ruben Um Nyobet et Felix Moumié, avant Ernest Ouandié, ont été éliminés physiquement soit dans le maquis, soit dans la rue. Jean-Marie Teno, très marqué par ces « ratés » de l’histoire nationale du Cameroun reste convaincu qu’il faut en parler, pour guérir et réunifier.

Dans cette rencontre qui a réuni quelques uns des réalisateurs arrivés à Libreville ainsi que les Gabonais Joël Moundounga, Pauline Mvélé et Imunga Ivanga, l’intérêt de raconter, avec les outils que donne le cinéma, le vécu des nations s’est révélé nécessaire. Le cinéma peut contribuer à la conservation de la mémoire nationale d’un pays en questionnant des personnalités au devant de la scène historique, en ressortant des images d’archives et en exploitant les écrits et autres recherches historiques.

Les EDL, c’est aussi cela. Amener les documentaristes, engagés dans la société par leur art, à répondre aux inquiétudes et à réfléchir sur les pistes d’évolution de l’art cinématographique comme instrument de dénonciation, de restitution des faits et de réhabilitation d’images d’hommes et de femmes déchus par une histoire tronquée. « Aujourd’hui Mamadou Dia est oublié par le Sénégal. Il n’y a aucune reconnaissance. Aucune rue, impasse, avenue ne porte son nom. Aucun stade ni bâtiment public ne fait mention de lui. Ses enfants aussi en ont souffert. C’est pour que le Sénégal le restaure que j’ai aussi fait ce film », a indiqué Ousmane Mbaye. Le documentariste est aussi, au fond, un justicier.

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