Suite à la crise qui frappe le secteur éducation au Gabon marquée par la grève des enseignants, la marche des élèves et la suspension des cours par le Gouvernement, le Premier ministre a pris les choses en mains. Après avoir reçu au cours d’une réunion à la Primature, syndicats du secteur et association des parents d’élèves, sur instruction du Président de la République, le Premier ministre gabonais, Raymond Ndong Sima, a annoncé la reprise des cours pour le lundi 25 novembre 2013. A ce jour, on observe une reprise des cours timide suite à la décision de la CONASYSED (confédération des syndicats de l’éducation nationale) de maintenir son mouvement de grève malgré le dialogue ouvert par le Chef du Gouvernement.
Une situation qui n’a pas laissé certains gabonais insensibles. Les observateurs s’interrogent. La CONASYSED fait-elle du syndicalisme déviant ? La question mérite d’être posée au vu de l’entêtement de cette centrale syndicale à vouloir paralyser le déroulement normal des cours jusqu’à ‘’satisfactions totale des engagements pris par le gouvernement ’’, disent-ils.
La formulation est d’autant plus inquiétante qu’en plus de son absolutisme, elle apparait en outre inconséquente.
A en croire, en effet, Fridolin Mvé Messa le secrétaire général du Sena (Syndicat de l’éducation nationale), le gouvernement aurait pris des engagements avec les centrales syndicales pour fin décembre 2013.
Ce qui voudrait dire qu’en débrayant avant cette date, la Conasysed n’a pas respecté le terme de l’échéance négociée avec le gouvernement.
D’ailleurs, le Sena et l’Useg (union syndicale de enseignant du Gabon), qui sont aussi des centrales syndicales de l’éducation nationale, s’en tiennent à cette échéance convenue avec le gouvernement et ne cachent pas qu’ils ne sont pas en grève, se démarquant de la Conasysed qui a débrayé depuis la rentrée des classes se vautrant dans une grève larvée jusqu’à la récente sortie dans les rues des élèves réclamant le retour dans les salles classe des enseignants, ont amené le gouvernement à décider de l’arrêt momentané des cours.
Un mouvement de solidarité des élèves sensibles à la complainte des enseignants exacerbés par un inhabituel retard de paiement des vacations, une première au cours de ces quatre dernières années.
Aujourd’hui, ces vacations ont été payées et les rappels de soldes sont en cours de traitement pour la fin de l’année, de même que la mensualisation de la PIFE ‘Prime d’Incitation à la Fonction Enseignante.
Au point que pour certains observateurs, la Conasysed verserait dans la ‘’surenchère’’ à défaut de poursuivre des buts inavoués ce d’autant que certains de ses membres sont colistiers sur des listes engagées pour les prochaines élections locales (municipales et départementales).
Ce qui fait craindre une instrumentalisation de cette centrale syndicale par les politiques, ou autrement dit un mobile politique de cette grève lancée avant l’échéance convenue avec le gouvernement. Pour rappel, Fridolin Mvé Messa et d’autres syndicalistes militaient déjà en son temps dans l’ex union nationale (parti de l’opposition dissout par le ministre de l’intérieur). Aujourd’hui, ce syndicaliste est candidat indépendant dans le Haut-Ntem (Woleu-Ntem).
Cette hypothèse du mobile politique ou de la confusion des genres, est du reste confortée par la dernière revendication en date de la Conasysed qui réclame le départ ou le limogeage du ministre de tutelle, une demande éminemment politique relevant du pouvoir discrétionnaire de proposition du Chef du gouvernement et de nomination du Chef de l’Etat.
Outre qu’il apparait comme une contradiction dans le discours des centrales syndicales qui reprochent au ministre de l’éducation nationale son manque d’ouverture au dialogue social avec eux, alors même que ce dialogue social existe avec le Chef du même gouvernement.
Au point qu’on se demande si ce n’est pas plus du lobbying que du syndicalisme auquel se livre la Conasysed et les autres centrales syndicales habituées dans le passé à proposer des personnes aux nominations dans l’administration scolaire et à faire inscrire des élèves dans les écoles et lycées publics, toutes choses qu’ils percevaient peut être comme des conquêtes de leur lobbying sur le gouvernement et l’appareil d’Etat.
Mais voila, il s’agissait bien d’une dérive dont la fin pourrait bien avoir été vécue par ces syndicats comme une perte ou un recul de leur pouvoir où de leur emprise dans le secteur de l’éducation.
Or, chacun a son rôle. Le gouvernement met en œuvre une politique et désigne ceux qui sont censés la conduire et les syndicats assurent la défense des droits de leurs syndiqués, encore que les enseignants ne sont pas tous syndiqués.
Un fait qui a très certainement concouru à ce que depuis 2010, l’année blanche a été évitée malgré les craintes y relative justifiées par de menaçants mouvements syndicaux. Autrement vécues comme des années bouclées par force de Séraphin Moundouga et que ne digèreraient pas bien du tout les leaders syndicaux de l’éducation.
Mais, cette animosité à l’égard du ministre doit-elle coûter à toute la jeunesse gabonaise et nier les avancées et acquis obtenus par les enseignants en termes de meilleurs traitements administratifs et financiers de leurs carrières ?
Outre que le retard accusé dans la construction des infrastructures scolaires programmées ne devrait-il pas s’apprécier en terme pluriannuel qu’annuel, à l’aune de la durée des programmes budgétaires ?
Bref, les enseignants seraient dans une dérive d’ainsi conditionner la reprise des cours à des revendications politiques, ce d’autant qu’en dépit des manquements observés dans la mise en œuvre de la politique gouvernementale en matière d’éducation, le principe reste que c’est l’élection, et non l’année blanche, qui sanctionne une politique.