,Les Escales Documentaires de Libreville étaient à leur 8ième édition la semaine écoulée, avec 19 films traitant du thème du portrait et de nombreuses innovations. Quelques jours après la clôture de cette rencontre cinématographique, le délégué général des EDL et Directeur général de l’IGIS, Imunga Ivanga, revient sur cet événement qui ferme une année intense en émotion pour le cinéma gabonaise.
Gabonews: La 8ième édition des EDL s’est achevée le 1er décembre dernier. Quel bilan faîtes-vous de cette rencontre en tant que délégué général du festival ?
Imunga Ivanga: Je dirai que la programmation des films était de qualité à la fois pour son contenu et sa diversité. C’était un bon cru. En effet, de nombreux films projetés ont reçu des récompenses dans la plupart des festivals où ils ont été présentés. Les Escales ont été identifiées comme étant un festival qui consacre la production documentaire africaine, internationale. De nombreux réalisateurs ont ainsi répondu à notre invitation, parmi lesquels des cinéastes de renoms tels : Jean-Marie Téno, William Mbaye et Thierry Michel.
Gabonews: Il y a eu beaucoup d’innovations de nature à attirer un maximum de cinéphiles dans les salles. Mais l’engouement n’y était pas vraiment. Avez-vous un regret particulier ?
Imunga Ivanga: En effet côté public, cela reste mitigé. Nous pensions augmenter le taux de fréquentation en ouvrant un deuxième site de projection, réclamé par ailleurs par le public, mais celui-ci n’a pas vraiment suivi. Et pourtant nous avons largement communiqué dans ce sens à travers des flyers, de spots télévisuels, sur écran géant, les journaux, internet, etc. Nous sommes donc restés dans les proportions habituelles et même un peu en deçà. Le public scolaire et universitaire qui nous accompagne chaleureusement s’est fait discret. Les raisons vous les connaissez. L’université a fait sa rentrée administrative lundi 02, et les scolaires avaient des cours de rattrapage… Mais cela, nous ne pouvions au moment où les dates sont arrêtées deviner ce que l’avenir nous réserverait. Il reste que le documentaire semble être encore perçu comme quelque chose de très intellectuel, voire élitiste. Il faut travailler à modifier cette perception.
Gabonews: Nous vous savons très innovateur, nous pensons donc que vous avez déjà une idée pour donner plus de succès populaire dans l’avenir à ce festival. Vous miseriez sur quoi pour atteindre ce succès nécessaire à la survie d’un tel rendez-vous cinématographique ?
Imunga Ivanga: Nous allons renforcer notre travail de sensibilisation notamment avec les scolaires et l’université. En ce sens qu’en collaboration qu’avec l’Association des documentaristes nous allons introduire un cours ou des séances sur l’éducation à l’image et créer des clubs de cinéphiles. L’éducation à l’image est importante dans la mesure où le flux des images que nous recevons est tel que nous devons apprendre à les décrypter. Après d’autres actions spécifiques auprès de certaines sociétés, ambassades, associations seront rajoutées. Dans l’immédiat c’est ce à quoi nous avons réfléchi. Mais ce n’est pas exhaustif.
Gabonews: Le Gabon était présent à travers les documentaires de Pauline Mvélé et de Joël Moundounga. Mais certains estiment que ce n’était pas suffisant, qu’il fallait sélectionner plus de films gabonais. Qu’en dites-vous ?
Imunga Ivanga: Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’un festival international. L’idée est de faire de Libreville une place de référence en matière du documentaire et cela doit apparaître dans sa programmation et le choix de ses invités. Si nous procédons autrement, il n’y aura plus d’intérêt pour ce que à quoi nous voulons prétendre.
Par conséquent, nous sommes dans une dynamique de rencontres, d’échanges. Les films gabonais qui y sont, voyageront eux aussi vers d’autres territoires. Ils vont être confrontés à l’expérience d’autres publics. Et il est bien que cela commence ici.
Gabonews: L’un des thèmes qui est le plus revenu est celui des destins personnels qui ont influencé les destins de leurs pays. A quand un film de ce genre au Gabon ?
Imunga Ivanga: S’il est vrai que nous pouvons susciter des productions analogues, il faut tout de même relever que ces films-là ne sont pas issus d’une commande mais de préoccupations d’auteurs, qui se sont sentis interpelés par l’histoire individuelle et l’histoire nationale de leurs personnages. Nous sommes prêts à accompagner ceux qui seront dans la même dynamique. Le point de vue, l’engagement de l’auteur étant primordial.
Gabonews: Les EDL 2014, vous y pensez déjà ?
Imunga Ivanga: Oui bien sûr nous y pensons. Nous allons nous retrouver avec nos partenaires, et l’équipe du festival pour mieux examiner le déroulement de cette édition en vue d’améliorer la prochaine. Le chiffre 9, c’est celui d’un nouveau départ… La recherche des nouveaux films est déjà en cours. Mais la réflexion sur l’organisation et le renforcement du caractère international et populaire est largement entamée. Et dans cette réflexion, l’avis des documentaristes est pris en compte.