Il était temps. Après plusieurs semaines de contestation, les élèves des établissements secondaires publics qui ont massivement manifesté dans les rues de Libreville ce 4 décembre, ont eu raison des réformes entreprises depuis 2012 par le ministère de l’Education nationale. Le Président de la République a décidé, dans la nuit du 4 au 5 décembre, d’ajourner les réformes contestées. La rue a donc triomphé.
Après une journée pour le moins tumultueuse, dont l’issue s’est soldée par de nombreuses arrestations d’élèves, des blessures dans les rangs des forces de l’ordre et un blocage quasi-total du trafic routier dans la capitale, il était nécessaire que les plus hautes autorités réagissent. Ce qu’a, semble-t-il, compris le Président de la République qui, une fois de plus a dû intervenir pour apaiser définitivement les tensions. En effet, devant les manifestations de colère des élèves de classes de Troisième et de Terminale sur toute l’étendue du territoire national, Ali Bongo, a sonné l’arrêt des mouvements d’humeur, en décidant de surseoir «pour le moment» les différentes réformes responsables des tensions dans le secteur de l’éducation. Il s’agit notamment du retour du second tour au baccalauréat et de la reconsidération de la moyenne de classe dans le passage en classe de Seconde.
Ainsi, dans un communiqué rendu public par le Porte-parole de la Présidence de la République, Alain Claude Billie By Nzé, dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 décembre 2013, le chef de l’Etat a décidé d’ajourner les réformes de Séraphin Moundounga, ministre de l’Education nationale qui, pourtant y croyait dur comme fer, fort de ce qu’elles étaient les conclusions des Etats généraux de l’Education de mai 2010. La présidence de la République a promis de poursuivre le travail sur l’adaptation du système éducatif national au programme de développement du pays, en passant par l’amélioration des conditions d’apprentissage pour les apprenants et un meilleur traitement pour les enseignants.
En effet, s’il n’a pas désavoué la politique de réformes engagée depuis 2009 par le gouvernement, Ali Bongo a tenu à rappeler que «l’émergence ne pourra se faire sans une jeunesse bien formée». De même, il a donné son sentiment sur le déroulement de ces manifestations d’élèves à travers Libreville et Owendo, en marquant «sa très forte indignation devant ce qui apparaît comme l’instrumentalisation de la jeunesse gabonaise à des fins politiciennes.» Le Président de la République a donc condamné les actes de violence et de destruction des biens publics, tout en promettant à leurs auteurs de «répondre devant les juridictions compétentes».
Voilà une affaire qui semble bien finir, bien que les revendications des enseignants restent encore sans solution effective. Les jours qui viennent promettent certainement de nouvelles interventions du chef de l’Etat. Mais l’annonce du Porte-parole de la Présidence de la République, Alain Claude Billie By Nzé, vient de donner un signal à tous les mouvements de revendication actuellement en embuscade au Gabon : la descente tonitruante dans la rue peut faire plier l’exécutif.