La Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) prend officiellement le relais de la Force d’Afrique centrale (la Fomac). Le transfert d’autorité entre la Communauté économique des États d’Afrique centrale (Ceeac) et l’Union africaine (UA) a lieu ce jeudi, à Bangui.
L’accouchement a été long, mais le passage de témoin entre la Fomac et la Misca a bien lieu, jeudi 19 décembre, à Bangui. Pour l’occasion, une cérémonie présidée par le secrétaire général de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (Ceeac), Ahmat All-Amy, et la représentante de l’Union africaine en RCA, Awa Amehd Yousouf, devait être organisée dans la matinée au camp Mpoko. L’ensemble des états-majors de la Ceeac et le l’UA doivent y assister.
Les effectifs de la Misca, qui sera appuyée par les soldats français de l’opération Sangaris, sont aujourd’hui de plus de 4 500 hommes. L’ambition de l’Union africaine est d’atteindre les 6 000 soldats en février. L’équipe dirigeante est exclusivement composée de personnalités issues des pays de la sous-région. Le général congolais Jean-Marie Michel Mokoko en sera le chef. Il assurera le rôle de représentant spécial de l’UA en RCA. Chef d’état-major des armées congolaises à la fin des années 1980, conseiller spécial auprès du chef de l’État Denis Sassou Nguesso, Mokoko est un bon connaisseur des opérations de paix.
Intenses négociations
Le général camerounais Martin Tumenta Chomu, diplômé de l’école militaire interarmées (Emia), assure quant à lui le commandement militaire. Natif du nord-ouest anglophone, il a été l’un des acteurs de la libération, en avril, de la famille française Moulin-Fournier, enlevée sur une route de l’extrême-nord du Cameroun par un groupe se revendiquant de Boko Haram. Enfin, pour diriger la composante police de la Misca, un Gabonais a été nommé : le colonel Patrice Ostangue Bengone.
Décidée en août, le transfert d’autorité entre les deux forces a été plusieurs fois retardé. La faute aux intenses négociations sur les postes principaux et la composition des effectifs de la nouvelle mission. Selon les textes de l’UA, le chef de la Misca n’aurait pas dû être un ressortissant de la Ceeac. Mais, frustrés de perdre le contrôle d’une entité qu’ils ont financé pendant plusieurs années, les chefs d’État d’Afrique centrale ont protesté avant d’obtenir gain de cause.
En tant que médiateur de la crise et principal financier de la Centrafrique, Sassou Nguesso a une voix prépondérante au sein de la région.
Restait à choisir entre les pays de la sous-région. Le Tchad s’est immédiatement positionné, mais s’est vite vu adresser une fin de non-recevoir. Pendant un temps, l’ancien président burundais Pierre Buyoya a tenu la corde. Représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, il avait l’avantage de bien connaître le pays. L’accord de l’intéressé n’a pas suffi à convaincre le président Sassou Nguesso, qui, en tant que médiateur de la crise (il est en outre pratiquement le seul à maintenir sous perfusion ce qui reste de l’administration centrafricaine et à financer le renforcement des troupes sur place), a voix prépondérante sur le sujet au sein de la région. D’où le choix du général Mokoko.
Les effectifs, question épineuse
La question des effectifs fut également épineuse. Au départ, l’UA voulait élargir les contingents aux pays de l’ensemble du continent, mais elle a finalement revu sa copie devant le manque d’intérêt que suscitait la crise centrafricaine. Les chefs d’État de la Ceeac ont accepté de renforcer leurs troupes sur place, une manière pour eux de garder le contrôle malgré le transfert d’autorité.
La surprise est venue du Burundi qui, pour sa première participation à une opération de maintien de la paix de la paix, a décidé d’envoyer près de 850 soldats. Leur présence a été rendu possible par l’aide logistique des États-Unis qui ont assuré le transport du contingent, mais aussi du lobbying du médiateur de la crise Denis Sassou Nguesso qui s’est déplacé deux fois à Bujumbura pour convaincre le président Pierre Nkurunziza.