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Cafouillage, blues et tribulations des DRH de la fonction publique gabonaise

gestion-ressources-humainesAnnoncé par le président de la République lors du Conseil des ministres délocalisé du 6 octobre 2011 à Mouila, la mise en place des Directions centrales des ressources humaines (DCRH) de la Fonction publique gabonaise semble être tombée dans les méandres des promesses dites non-tenues. Sinon, qu’est donc devenu ce projet annoncé avec tambours et trompettes ? Vers un autre mouvement d’humeur ?

L’annonce, en octobre 2011 à Mouila, de la création des Directions centrales des ressources humaines (DCRH) de la Fonction publique gabonaise avait amené à la sélection de diplômés en gestion des ressources humaines, avec publication dans les journaux en juin 2012. Par voie de conséquence, elle avait provoqué la démission des entreprises privées de plusieurs de ces jeunes gabonais sélectionnés qui pensaient apporter leur modeste contribution à l’instauration d’une Fonction publique efficace. Depuis plus d’an, ils sont malheureusement à la maison.

Or, l’Etat avait pourtant mis en place des moyens pour une formation supplémentaire en gestion des ressources humaines (GRH), assurée par le cabinet d’expertise Sarthe Innocenti, qui a fait venir des experts tel que Jean-Marie Perreti (Référence mondiale en GRH) et mobilisé les enseignants de l’Ecole nationale d’administration (Ena) du Gabon pour la maîtrise du droit de la Fonction publique et ce, pendant plus de six mois. La formation entamée en juin 2012 avait été clôturée à la Chambre de commerce de Libreville par le ministre délégué au Budget, Raphaël Ngazouzet, en décembre 2012.

Après quelques mois d’immersion dans les locaux de la Fonction publique, ces personnes «chargées de donner un souffle nouveau à la gestion du personnel de l’Etat» ont tout simplement été reléguées aux placards du ministère du Budget.

La grogne sourde que ces futurs Directeurs centraux des ressources humaines ont observée, il y a plusieurs mois, a fait que le ministère décide de remettre à chacun d’eux une prime de rendement trimestrielle correspondant à ce que chacun de ces cadres avait en termes de salaire mensuel lorsqu’il était en exercice dans le secteur privé. Au-delà, le chef de l’Etat a demandé la mise en place des systèmes d’évaluation des agents ; une des missions prévues dans le cadre des activités des DCRH. Jusqu’ici rien du tout.

Selon les investigations menées au sein même du ministère du Budget, les futurs DCRH seraient actuellement sacrifiés sur l’autel d’un conflit de compétences entre le Secrétariat général et la Direction générale de l’administration et de la Fonction publique (DGAFP). Chacun voulant, à ce qu’il se dit, s’approprier la gestion des directions centrales des ressources humaines. La conséquence de cette guéguerre est que les choses tirent en longueur et Dieu seul sait ce qui se raconte au ministre du Budget qui, par ailleurs, ne semble pas maitriser ce qui se passe. D’où son refrain, depuis maintenant plusieurs mois «bientôt les DCRH vont être mises en place». Mais, à l’horizon il n’y a pas le moindre nuage qui bouge.

Selon des sources concordantes, les affectations par ministère, en termes de réservations des postes budgétaires, seraient effectives depuis près de 8 mois. Mais les numéros matricule, qui avaient commencé à être générés, ont été bloqués, arguant qu’il faut d’abord créer le corps des gestionnaires des ressources humaines. Un décret que le président de la République aurait donc du mal à prendre depuis près de 2 ans.

Le danger de cette lenteur, à laquelle les plus hautes autorités jurent pourtant vouloir asséner un coup fatal, est que parmi les 77 futurs DCRH certains commencent à faire défection en allant notamment se revendre dans les entreprises pétrolières. Les autres qui ont décidé de rester fidèles à l’Etat, qui les a visiblement oubliés, croupissent dans la misère, non sans regretter d’avoir démissionné pour rejoindre cette «communauté de pratique». Enfin, les rares cadres qui s’étaient déjà vus attribuer des numéros matricules ont tout simplement fait pression pour établissement d’attestation de recrutement qui, après codification à la solde, leur permet d’avoir un salaire de fonctionnaire mais, dans le corps de la communication sociale.

Tout cela semble démentiel, mais c’est la triste réalité d’une administration qui, en voulant avancer à grands pas, semble plutôt reculer de plusieurs pas à cause des hommes qui la dirigent et qui eux, sont visiblement incapables de changer de paradigme.

Il est à rappeler qu’au départ de cette sélection, un petit groupe avait refusé de prendre part à cette formation de l’Etat, précisant que l’Administration n’était plus digne de confiance et que démissionner parce qu’ils avaient été sélectionnés ne donnait aucune garantie. Dans la tête de ceux qui se sont laissés convaincre, ces paroles doivent encore résonner car les quelques cas rares qui ont refusé d’entrer dans ce projet gagnent encore bien leur vie de salariés. Les autres qui ont pensé que l’administration était encore digne de confiance sont tout simplement assis chez eux à se tourner les pouces, en attendant la pitance trimestrielle.

Il faut peut-être que le ministre du Budget prenne la chose en main, avant que le président de la République n’entende encore parler de grève de la faim ou de manifestation, comme les administrations ont désormais la manie de les «commanditer» par leur négligence.

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