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Infécondité au Gabon : l’autre cauchemar-calvaire des femmes

steriliteL’infécondité est devenue le calvaire, notamment des femmes dans leur foyer, même si parfois c’est l’homme qui en est le problème. Dans l’euphorie de vœux de début d’année, une situation vécue dans un quartier de Libreville interpelle sur un phénomène qui met régulièrement à mal l’unité, la tranquillité et la cohésion de certains couples. Petit clin d’œil à ceux qui sont dans cette situation.

Mariée depuis trois ans, Madeleine P., 28 ans, n’a toujours pas eu de grossesse. Pourtant chouchoutée par toute la famille de son mari au moment des épousailles, petit à petit, elle subit désormais le calvaire que lui infligent, en douce, certains membres de sa belle-famille qui commencent à trouver qu’elle n’est «pas digne» de leur frère.

En matière de conception d’enfant, il y a donc «vouloir» et «pouvoir». Et entre les deux, il existe une énorme différence dont sont particulièrement conscients les couples qui tentent désespérément d’avoir un bébé sans y parvenir. Même si les statistiques en la matière sont peu connues au Gabon, on sait néanmoins qu’il s’agit d’un sujet qui brise généralement les cœurs et qui, par ailleurs, a conduit à bien de dérives dans la société en créant notamment la normalisation du phénomène des fille-mères. Car, il n’y a pas pire injure, au Gabon, infligée à une femme que celle de «stérile». Si bien que, dès qu’elles sont en âge d’enfanter, les filles gabonaises ne privent pas de procréer pour prouver qu’elles sont fécondes et éviter d’être taxées de «stérile». Mais, là est un autre sujet.

Le 3 janvier dernier en effet, alors que l’on sortait encore de l’euphorie des fêtes de nouvel an, pendant une «discussion de femmes», une belle-sœur remontée pour «une simple incompréhension» avec la femme de son frère aîné, lui a asséné avec fracas et sans réfléchir aux conséquences : «espèce de stérile. Depuis que tu es là, tu manges l’argent de mon frère pour rien». C’était le mot de trop. Madeleine P., malgré la volonté de faire face à cette phrase assassine, a fondu en larmes, surtout qu’une petite foule de badauds désœuvrés s’était amassée au fur de la dispute pour s’enquérir de ce qui se passait. Cet acte ignominieux, à s’y méprendre, est régulièrement vécu au Gabon comme dans de nombreux pays africains, par de nombreuses femmes qui n’arrivent pas à procréer.

Pourtant, à l’origine des troubles de la fertilité, on trouve quelques causes, pas si nombreuses que ça : une infection. Il peut s’agir d’une maladie sexuellement transmissible passée inaperçue, telles que les infections à Chlamydiae, les infections liées aux avortements clandestins, l’incompatibilité entre les partenaires. L’âge de plus en plus avancé pendant lequel les couples décident d’avoir leur premier bébé peut aussi expliquer le phénomène. Les causes peuvent également être féminines, masculines ou mixtes. Troubles d’ovulation, infections des voies génitales, endométriose chez la femme, sperme non fécondant chez l’homme, entre autres.

«Nous avons tout essayé: la médecine, les guérisseurs traditionnels et même des choses inavouables. Rien», a expliqué un homme qui cherche lui aussi un enfant avec sa femme légitime depuis plusieurs années et qui avoue par ailleurs avoir fait de multiples tests pour trouver des solutions à leur problème, en vain. Lui, dit être devenu «par procuration un spécialiste de l’infertilité». Il s’est en effet tellement documenté sur la question qu’il connait désormais les moindres notions y relatives.

Lorsqu’aucune anomalie n’est constatée chez l’homme et la femme, une attention peut être portée sur le mode de vie et les conditions psychologiques avant d’envisager un parcours médical, explique un spécialiste de ces cas qui reconnait que très souvent, les familles et amis n’attendent guère jusque-là, mettant le couple sous une pression psychologique sans nom.

«La question revient toujours sur le tapis et l’on a même demandé déjà à mon mari de chercher une deuxième femme», a dit Madeleine P. Or, pour elle, rien ne prouve encore que ce soit est elle qui soit la cause de ce malaise. Il faut reconnaitre que l’infécondité d’une couple est bien souvent, au Gabon notamment, toujours attribué à la femme alors que la stérilité masculine existe bel et bien. On n’a pourtant presque jamais entendu la famille de l’épouse, de la concubine ou de la conjointe s’en prendre à l’époux, au fiancé, au concubin ou à l’amant de leur fille ; même dans les cas où la famille de la fille ou de la femme est d’un niveau moyen d’instruction au dessus de la mêlée et qu’elle affiche une certaine modernité.

On peut donc comprendre l’affliction des concernés qui ne réussissent pas à concevoir un enfant. Toute chose qui trop souvent est synonyme de honte et de malédiction dans nos sociétés traditionnelles. N’arrivant pas à surmonter cette épreuve, beaucoup de couples finissent par se séparer.

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