spot_imgspot_img

La Centrafrique ou la Françafrique ?

CRISE-CENTRAFRIQUEC’est en effet tout à la fois la manchette et l’éditorial de Une du journal Le Figaro. Faut-il y voir la volonté du quotidien de ne pas consacrer ses gros titres à la révélation, par le magazine people Closer, hier, de la liaison amoureuse du président Hollande avec l’actrice Julie Gayet, et dont nous vous parlions ici-même dès l’ouverture de la revue de presse d’hier ? Toujours est-il que l’éviction, à Ndjamena, capitale du Tchad, du désormais ex-président centrafricain par intérim Michel Djotodia et de son Premier ministre Nicolas Tiangaye occupe ce matin l’essentiel de la première page du Figaro.

Avec, d’abord, une photo de manifestants « anti-Séléka » prise hier près de l’aéroport de Bangui, et qui défilent en liesse avec, en guise de banderole, le drapeau français. Liesse, donc, mais aussi « peur » à Bangui, souligne le journal. « Au cours de la journée, les rues étaient tantôt pleines d’une foule en délire conspuant le président démissionnaire, tantôt soudainement désertes dès que retentissaient des tirs », a constaté le confrère. Lequel adresse un coup de chapeau aux forces africaines et françaises. « Réagissant selon un plan bien préparé aux incidents sporadiques qui ont éclaté ici et là, les forces françaises et panafricaines sont parvenues pratiquement partout à empêcher des violences », apprécie Le Figaro. Dans l’ensemble, donc, à la lecture du journal, ce que l’on retient de la journée à haut risque d’hier dans la capitale centrafricaine, est qu’elle s’est globalement achevée sans casse.

Quand à Michel Djododia, il a, lui, subi hier un « licenciement à la hussarde », formule le quotidien. Quand à l’ex-Premier ministre Nicolas Tiangaye, il a « tenté toute la nuit de résister aux pressions ». En vain. Résumé du Figaro : « Le premier acte est clos (…) Le second acte s’ouvre » aujourd’hui à Bangui. Qui pour succéder à Michel Djotodia ? Le quotidien français avance les noms de « Josué Binoua, Jean-Jacques Demafouth ou Désiré Kolingba ».

La Centrafrique, donc, en Une du Figaro, mais aussi, vous le disiez, « la Françafrique », dont le « fantôme » plane sur le titre de son éditorial. Qui énonce textuellement ceci : « Si la France, le Tchad et les autres membres de la Communauté des Etats d’Afrique centrale se contentent d’installer un nouveau maître à Bangui, pas plus légitime que les précédents, on pourra ironiser sur le retour de la « Françafrique » (…) Ce qui serait une ironie amère pour François Hollande ». Et le quotidien de conclure : si la France peut espérer obtenir un soutien plus important de l’Europe, elle n’en restera pas moins « le gendarme de la Centrafrique ». Si c’est Le Figaro qui l’écrit…

Centrafrique : le dernier empereur

Mais Le Figaro n’est pas le seul à en convenir. En ce samedi 11 janvier, anniversaire du top départ de l’opération militaire Serval au Mali, le journal Libération a interrogé un historien, chercheur à l’Institut d’études des mondes africains. Jean-Pierre Bat, c’est son nom, retrace le parcours de la France en Afrique depuis les indépendances et souligne que, « après le 11-Septembre et la doctrine Obama en 2010, l’Afrique devient le front sécuritaire privilégié attribué à la France dans une répartition des charges entre grandes puissances ». Certes, admet Monsieur Bat, « les temps ont changé et la France ne gagne plus à être un gendarme de l’Afrique au titre des accords secrets de défense. En 2002, Chirac avait refusé la demande d’intervention de Laurent Gbagbo malgré l’accord secret entre la France et la Côte-d’Ivoire, remarque-t-il. Reste qu’aujourd’hui encore, la France n’est pas une ancienne puissance coloniale comme une autre. L’Afrique est la seule zone pour laquelle l’état-major militaire est aussi influent à l’Elysée ». Seulement voilà, remarque le chercheur, « l’impératif de sécurité ne peut, seul, tenir lieu de politique africaine. Comme le prouvent aujourd’hui les difficultés de l’opération Sangaris en Centrafrique ».

Hollande : vie publique-vie privée

Mais le principal titre de la presse française ce matin, concerne la vie privée de François Hollande. Depuis le scoop de Closer, elle est sur la place publique, cette vie privée du président de la République.

Tout en admettant qu’il s’agissait d’une « déflagration », le journal Le Parisien, tel le Tartuffe de Molière, commence par qualifier l’information de Closer de « scoop de caniveau ». Ce qui ne l’a pas empêché de lui consacrer la quasi-totalité de sa Une, plus une double-page intérieure, dans laquelle, au détour d’un article consacré à Closer, Le Parisien avise ses lecteurs qu’une autre série de clichés « pourrait même être publiée prochainement » par l’hebdomadaire.

Après la publication par le magazine people, de photos relatives à sa présumée liaison avec l’actrice Julie Gayet, le quotidien, décidément très inspiré par cette affaire, a même trouvé une formule : « le Gayetgate », référence toute anglo-saxonne à celle du Watergate. Laquelle, il y a quarante ans, avait coûté sa présidence à l’Américain Richard Nixon. Faisant ce matin son miel avec ce « scoop de caniveau » d’un confrère qui « s’attend à augmenter ses ventes de 20 à 30 % », prédit-il, Le Parisien a même poussé la curiosité au-delà des frontières françaises. Pour constater que, pour beaucoup de journaux étrangers, « l’éventuelle ‘love affair’ du chef de l’Etat n’est cependant qu’un épisode de plus dans la longue saga des présidents français coureurs de jupons ».

Mais, dans l’ensemble, la presse française regrette ce qui s’est passé hier. Le Figaro déplore ainsi qu’un « nouveau pas » ait été franchi dans le domaine de la vie privée. « Il ne faut pas se faire d’illusion : la dictature de la ‘transparence’ (…) rendra chaque jour plus floue la frontière entre la vie publique et la vie privée. Aucune douane de la pensée ou de la parole ne garantira le caractère infranchissable de cette frontière », soupire Le Figaro.

Dans un long éditorial signé du directeur de sa rédaction, Libération regrette qu’un média « dépêche » des photographes pour aller « espionner » un homme d’Etat. « Le public français n’a pas à connaître la vie personnelle de ses élus, tant que celle-ci n’a pas une conséquence directe et établie sur leur exercice du pouvoir », estime Libé.

Quand à Closer lui-même, le magazine people « aggrave son cas » ce matin, pourrait-on dire, puisqu’il en rajoute à qui mieux-mieux. Contrairement à ce qui avait été dit hier soir, non seulement la couverture de son édition papier figurait toujours ce matin sur son site Internet, mais le magazine a ajouté dans son édition en ligne un portfolio consacré à l’acrice Julie Gayet, un autre consacré à Valérie Trierweiler, une vidéo en libre accès montée avec des photos de François Hollande et Julie Gayet, agrémentée d’un commentaire pour le moins agressif sur cette la carrière de l’actrice comme sur le président de la République que le journal appelle « pauvre François ». Comme disait le Sapeur Camembert, « quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites »…

Exprimez-vous!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

spot_imgspot_img

Articles apparentés

spot_imgspot_img

Suivez-nous!

1,877FansJ'aime
133SuiveursSuivre
558AbonnésS'abonner

RÉCENTS ARTICLES