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L’Épiphanie des Afro-brésiliens du Gabon

la-cummunate-Aguda-du-Gabon1En prélude à la célébration de la fête de Nosso Senhor do Bonfim, Saint patron de la ville de Salvador da Bahia du Brésil, et qui se déroule tous les 3e dimanches du mois de janvier, la communauté afro-brésilienne du Gabon, s’est retrouvée avant-hier pour préfigurer ce que sera cet évènement international, mais également pour reconstituer leur histoire au profit des générations présentes et futures.

À l’image de la population Bahianaise et des communautés «Aguda» du Golfe du Bénin, (Lomé, Ouidah, Porto-Novo, Cotonou et ultérieurement Lagos), la communauté afro-brésilienne du Gabon s’apprête à célébrer, pour la première fois dans ce pays d’Afrique centrale, la fête de l’Épiphanie qui commémore Nosso Senhor do Bonfim, son saint patron.

Se définissant comme des descendants des Afro-brésiliens ayant connu l’Esclavage, les Aguda du Gabon, réunis en communauté, estiment désormais nécessaire de se réapproprier leur héritage culturel. «Nous nous retrouvons aujourd’hui parce qu’un évènement important qu’on ne célèbre pas souvent au Gabon, mais qui a une portée historique réelle, va avoir lieu dans une semaine. Cet évènement c’est l’Épiphanie. Beaucoup de personnes connaissent effectivement la fête chrétienne, mais l’Épiphanie est un prétexte pour nous, pour parler d’un évènement de portée mondiale qui est l’Esclavage», a expliqué Patrick Daouda Mouguiama, membre de cette société, poursuivant : «Entre 1835 et 1850 un évènement exceptionnel s’est produit, à savoir le retour en Afrique des esclaves partis du Brésil précisément de la ville de Bahia pour retrouver la terre de leurs ancêtres. Ce mouvement s’est produit avant l’abolition de la traite des Noirs ».

A en croire l’orateur, le mouvement de retour en Afrique fut consécutif à une insurrection menée par des esclaves du côté de San Salvador de Bahia au Brésil. Et au terme de laquelle les insurgés eurent le droit de travailler, gagner de l’argent qu’ils reversaient à leurs maîtres afin de s’acheter une liberté nouvelle, généralement acquise au bout de 9 ans. «A compter de 1807-1808, le nombre d’esclaves affranchis cohabitant avec ceux qui étaient encore sous le joug de leur maître commença à croître du côté de Bahia » a-t-il ajouté, précisant : «Le retour en Afrique s’est fait soit de leur propre gré et à leurs propres frais, soit à la suite d’une déportation de personnes jugées récalcitrantes et indésirables, mais jamais avec la bénédiction et l’aide financière du maître». Et de trancher : «Les Aguda n’avaient aucune dette de reconnaissance envers leurs maîtres, anciens (Portugais, Brésiliens) comme nouveaux (Anglais, Français)».

Les Aguda du Gabon entendent effectuer un travail de mémoire visant à reconstituer leur histoire pour mieux cerner les circonstances de l’arrivée des Afro-brésiliens dans certaines villes du pays. «Il est souvent mal venu pour un être humain d’ignorer ses origines et il n’y a pas pire forme d’esclavage que l’ignorance de ses origines» a, pour sa part, déclaré Éric Dodo Bounguendza. Selon lui, «c’est une très bonne chose que, parallèlement à cette fête de l’Épiphanie qui sera célébrée dans quelques jours, des familles (Aguda du Gabon), puissent se réunir». D’autant que, comme l’a regretté le Dr Hervé Koumakpayi, «Les Aguda du Gabon ont été déconnectés de leur histoire, et ont vécu (…) sans réel repère». «On se suffit à clamer que nous sommes Gabonais, nous sommes Afro-brésiliens», a-t-il lancé.

Arrivées au Gabon au début du siècle dernier, les familles Aguda se reconnaissent par l’architecture de leur maison, une certaine gastronomie et la célébration de certains évènements comme l’Épiphanie. Des noms tels que De Souza, Olympio, Paraiso, Daouda…. Représentent cette communauté.

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